" fausse note "

t'as jeté la clé. tu ne diras rien. pourtant lou, elle semble encore septique. elle t'observe en essayant de déceler une faille. tu la questionnes du regard, l'incitant à continuer, à se livrer à toi. parfois, ça fait du bien de discuter. elle t'explique qu'entre alban et elle, c'est compliqué. oui mais, compliqué comment ?? que t'as envie de lui crier, impatiente d'en savoir plus. lou, elle se met à prendre tout et n'importe quoi dans cette boutique dans laquelle vous êtes rentrées. tu ne sais pas si c'est par envie ou si c'est nerveux. tu pencherais plus pour la seconde option mais avant, il te faut connaître la suite. toi, tu fais pas attention aux fringues, t'es concentrée sur les paroles de la jolie blonde. tu hoches la tête lorsqu'elle te dit le kiffer autant qu'elle le déteste. tu peux comprendre ça. c'est exactement ce que tu ressens pour dorian. dorian qui n'est autre que ton frère d'adoption, c'est important de le préciser. ouais parce que si une relation est possible entre alban et lou, elle ne l'est pas de ton côté. " ouais, ça cache quelque chose... quelque chose comme des sentiments par exemple. " tu souris légèrement avant de reprendre. " je pense qu'à ce stade, c'est dommage de se prendre la tête. vous avez surement peur de ce que vous ressentez l'un pour l'autre. en tout cas, lui oui s'il fout la merde à chaque fois. peut-être qu'il veut juste pas assumer. " c'est vrai après tout, c'est la soeur de son pote. c'est un peu compliqué comme situation. peut-être qu'il ne veut pas faire souffrir lou. peut-être qu'il a peur se tout gâcher en tentant de s'engager. t'en sais rien toi. tu connais pas grand chose à l'amour. ce sont juste des suppositions. peut-être qu'elles sont complètement fausses.

Code by Sleepy

t'attrapes un haut rouge à plumes en taille XL par mégarde, parce que t'es trop occupée à analyser les conseils de baraa. ça t'aide, un peu, d'en parler, ça te fait du bien, de ne pas tout garder sur le coeur. ça rend aussi la réalité plus difficile à accepter, lorsque l'on met des mots sur des sentiments. comme si, une fois que tu t'étais confiée, t'avais plus de retour en arrière possible. maintenant, tu ne peux plus te cacher, plus de mensonges, impossible de dire "mais non, il n'y a jamais rien eu entre alban et moi", puisque baraa est désormais témoin. du coup tu me conseilles quoi ? je laisse tout tomber et je trouve un autre gars moins compliqué ? tu secoues la tête parce que t'as déjà envisagé cette solution. t'as déjà essayé aussi, mais tu te connais, pour tourner la page t'as besoin d'une coupure nette, directe, complète. et tu n'arrives pas à oublier alban tant que tu vois son nom défiler dans tes contacts de téléphone, tant que tu passes encore devant son immeuble pour voir tes potes, tant que tu vois basile aussi. t'aurais juste à t'asseoir sur un banc pour penser à lui, même consonance, même son qui le ramène immédiatement dans tes pensées. tu l'as dans la peau, merde. tu le connais assez pour savoir qu'il est rarement seul la nuit, pas vrai ? tu te diriges vers les cabines d'essayage et baraa te suit. tu poses une question rhétorique, car tu connais la réponse, mais comme t'es un peu maso t'as besoin de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre, histoire de vérifier, confirmer, que t'es vraiment trop conne d'espérer encore quelque chose d'un gars comme ça.

" fausse note "

tu comprends très vite que la situation est compliquée. d'abord, c'est le fait qu'alban soit l'un des meilleurs potes pour ne pas dire le meilleur pote de son frère. rien que ça, t'es sûre que les gars ont fait une sorte de pacte comme on fait souvent entre mecs. toutes les meufs sauf la famille. ou alors un truc comme, toutes les meufs, sauf les exs et les soeurs. et puis alban, c'est un type sympa mais c'est vrai que parfois, il est un peu à côté de la plaque alors, tu te demandes ce qu'il se passe. comment ils en sont arrivés là. depuis combien de temps leur relation compliquée est engagée. et puis, est-ce qu'ils sont vraiment attachés l'un à l'autre ou est-ce que c'est seulement l'adrénaline ? bref, y a plus de questions qui se bousculent et lou, elle te demande si elle devrait changer de mec. toi, tu secoues instinctivement la tête négativement, tout vite. " non, je pense pas que tu devrais abandonnée. enfin, si t'as vraiment des sentiments pour lui, n'abandonnes pas. accroches-toi et bats-toi pour ce que tu veux vraiment. " autrement dit, pour alban. montres-lui, prouves-lui et fonces. alban, il finira bien par comprendre la chance qu'il a. " ça veut pas dire que ce mode de vie lui convient ! " que t'essaies de la rassurer tout en la suivant dans les cabines. tu t'adosses à la sienne en haussant les épaules. " ouais, peut-être que t'arriveras à le faire changer d'avis. " tu espères en tout cas parce que lou, c'est vraiment une fille bien.

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tu remarques que t'es la seule à être chargée de vêtements, tous dépareillés, colorés comme jaja, que baraa n'a rien dans les bras. merde. c'est pas drôle le shopping quand t'es toute seule à essayer. mais elle est trop engagée dans votre conversation pour se soucier d'autres choses, sa façon d'être aussi concernée par quelque chose qui ne la touche pas pourtant, te plait. elle te conseille de ne pas abandonner, de continuer à te battre. mais, ça fait un an tu sais ? j'ai plus de forces. t'as envie de baisser les bras parfois, l'impression de combattre du vent et de te prendre un mur, tout le temps. l'amour impossible, t'as déjà vécu ça toi ? parce qu'au fond, il n'y a qu'avec quelqu'un qui l'a déjà vécu que tu pourrais en parler. mais elle a raison, c'est pas parce qu'alban est en chaleur h24 qu'il est heureux de vivre ainsi. ça doit être fatiguant à force en fait. mais si j'comptais vraiment pour lui il aurait même pas envie d'aller choper toutes ces nanas non ? c'est ta logique. et t'as du mal à envisager un autre point de vue. genre comment, si on aime quelqu'un, on peut embrasser une autre personne voire plus ? ça te semble dingue.

t'as même pas regarder ce qu'il y avait dans cette boutique. t'étais trop occupée à écouter lou. et puis, tu voulais la conseiller au mieux pour que ça marche vraiment avec alban. t'arrivais pas encore à assimiler la chose mais, ça n'allait pas tarder. fallait juste que tu te le rentres dans le crâne. en y pensant, ils allaient trop bien ensemble. ouais, t'es certaine qu'ils formeraient un très beau couple. en tout cas, tu allais tout faire pour que ça soit le cas. avec encore plus de conviction que lou en avait pour son frère et toi. " ça fait un an que vous vous courrez après sans qu'il se passe quoique ce soit d'officiel ? " tu écarquilles les yeux. un an que quoi exactement ? qu'elle soit plus explicite lou parce que là, tu tombes de haut. tu comprends plus rien. tout s'embrouille dans ton petit cerveau. et là, elle te demande si t'as déjà vécu un amour impossible. t'aurais un truc en bouche, tu l'aurais recraché à coup sur. " oui. enfin non. en fait, je sais pas si je suis déjà tombée amoureuse donc... " tu hausses les épaules comme si de rien était. autant éviter le sujet un maximum. tu préfères écouter plutôt que de parler de toi. ça a toujours été le cas. " t'es sûre qu'il se tape d'autres nana ? " parce que toi, t'as pas d'infos concrètes. peut-être qu'il fait rien avec les autres filles alban. peut-être qu'il n'y a que lou.

c'est vrai qu'un an, c'est putain de long. toi même t'en reviens pas quand t'y penses, d'avoir eu la patience de survivre à vos embrouilles aussi longtemps. et surtout, de ne t'être toujours pas lassée d'alban. oui.. t'imagines ? non. elle imagine pas. surtout si, comme elle t'explique, elle n'est jamais tombée amoureuse, faut être fou, fou amoureux, pour faire des trucs aussi cons, pas vrai ? l'amour, c'est vraiment une sale maladie. ouais j'suis sûre, la dernière fois je l'ai surpris au lit avec une.. l'enfer, mais quel con quand j'y pense d'ailleurs ! ça y est, t'es remontée comme une pendule, il suffit que tu penses à alban cinq minutes pour être énervée toute la journée.
mais, ton téléphone sonne. c'est diego qui a encore oublié ses clefs, qui attend coincé devant chez vous depuis 1h qu'un des colocs arrive pour lui ouvrir. j'suis désolée baraa j'dois aller sauver mon coloc qui a perdu ses clefs, on remet ça hein ? tu l'embrasses sur les deux joues et file en deux deux, reposant la pile de vêtements que t'avais attrapée sur le comptoir, sans même les avoir essayés.