la nuit est froide, elle te glace les sens et te givre le sang. ça fait boum boum dans ton crâne, comme si mille étincelles explosaient et rebondissaient dans tous les sens. mais tu pétilles. tu t'es jamais aussi sentie vivante. t'entends mado crier ton nom et un truc du genre "lou on rentre", ouais, ouais. mais c'te con elle sait même pas où t'habites, alors c'est pas ton adresse que t'indiques au taxi, c'est pas dans ton pieu que t'as envie de finir la nuit, c'est pas dans le vide que t'as envie de te cacher, c'est dans des bras, les siens. alban, boum boum. tu l'as dans la peau, c'est genre écrit, tu peux pas le retirer, tu peux pas l'oublier, il revient toujours à la charge, quand tu dors, quand t'es bourrée. ton inconscient l'a imprimé, c'est trop tard. tu la ressens, l'euphorie de la nuit, qui cédera bientôt sa place à l'ennui. ça tourne. la suite est vague, elle tombe dans les oublis, noyée dans l'alcool, étouffée par des substances inconnues. comment t'es arrivée là, combien de temps t'es restée plantée là, comment t'en es arrivée là. la faute à mado, ça. t'es devant chez lui, t'as monté les escaliers, ça t'a peut-être bien pris trente ans, ptetre même que t'as fait une petite sieste entre temps ou rencontré des gens. tu tambourines à la porte, rien à foutre des autres, rien à battre des voisins, des colocs, il y a plus que lui qui compte. albaaaaan c'te voix débile qui sort des tréfonds de tes cordes vocales, tu te foutrais des claques pour cette crédibilité envolée, toi qui voulait te la jouer sérieuse, lui dire ses quatre vérités et te barrer sans même attendre qu'il réplique et en espérant qu'après il rapplique. c'est le jeu. mais l'éthanol aidant, c'est comme une entité à part qui prend possession de ton corps. tu lui laisses le contrôle, de tout, de tes bras, de tes jambes, de tes yeux, de tes lèvres, il n'y a que ton coeur que tu gardes en otage. et il s'emballe. tu me manquais voilà c'est dit. c'est la vérité, mais pas la bonne, pas celle qui réparera vos maux, c'est celle qui condamne. tu fais un pas vers lui. les bras tendus, pitié, fous moi pas un vent, tu te dis. et puis, c'est des petits mots, incertains, hésitants, parce qu'ils n'ont encore jamais été exprimés à voix haute, désespérément bancals, comme toi, qui prennent le relais. je veux.. je veux, toi, et moi tu fonces vers sa chambre et peut-être bien que tu te perds un peu en chemin, tu te tapes contre un mur ou deux mais tu parviens à destination et là, tu poses ton cul sur son lit, bien décidée à ne plus bouger, plus jamais, déjà parce que t'en es pas capable et puis parce que c'est ta place. stp me repousse pas ça y est, tu fais pitié. note à toi-même, plus jamais de soirées avec mado. plus jamais d'alcool. plus jamais d'autres trucs chelous. voeu de chasteté, voeu d'abstinence, désormais tu seras sage. si tu t'en souviens.

putain, qu'est-ce qui cloche chez lui, là? il est claqué, Alban, mais, encore une fois, quand il ferme les yeux, là, y'a toutes ces pensées qui restent dans son crâne, y'a d'autres choses qu'il a envie d'foutre, et il est bloqué pendant des heures, là, donc, comme les mauvais insomniaques, il s'plante sur le canapé, là, allume la télé, c'est pas la bonne solution, mais, il se fait chier. il s'marre en tombant sur un film érotique à deux-balles, du genre trop mal doublé, avec un scénario bidon, de la musique louche, l'écran avec du sois-disant flou artistique qui rend l'tout encore plus dégueu, genre, ça existe encore, ça ?  Et il sursaute, là, quand y'a quelqu'un qui frappe à la porte, tout de suite, il pense à une louise bourrée qui a perdu ses clés, il s'lève, tranquille, et, quand il ouvre la porte, putain, c'est quoi ça? Il comprend pas, Alban, y'avait le pacte, là, pas des plus officiels, mais, quand même, il pensait qu'ils étaient tombés d'accord pour arrêter tout ça? Mais, il la voit, Lou, et, elle a bu quoi? combien? elle a pris d'autres trucs? c'est rare qu'il la voit dans un état comme ça, surtout quand, lui, il est sobre, alors, ça fait bizarre, là, il comprend pas forcément, c'est pas lui, l'déchet qui se ramène saoul, d'habitude? Il sait pas quoi dire, Alban, il est là, comme un con, la porte ouverte, à la regarder essayer de parler, à dire des choses qu'il veut pas entendre, Alban, pas quand elle est saoule, c'est facile, ça représente rien, là, cette nuit, ça représente rien, mais ça suffit pour lui faire retourner l'cerveau, encore une fois, là, et le faire douter, et, putain, elle fait chier, ouais. "rentre" il lance, au bout d'un moment, doucement, parce qu'il s'dit que c'est la meilleure des solutions, parce qu'il veut pas savoir qu'elle traîne dehors, là, par cette heure, seule, totalement saoule, et s'il s'passait un truc, hein? et si des sales gars s'disaient qu'ils pouvaient profiter du peu de réflexes et de conscience qu'elle a, tout d'suite? putain, plutôt crever, pour l'coup. Et il a clairement la flemme de la raccompagner chez elle, et encore plus de raquer pour un taxi. Il ferme la porte, et, putain, elle répond à sa question d'la dernière fois, là, sans pression, et qu'est-ce qu'il doit faire, lui, avec ses mots? c'est ce qu'elle aurait du dire avant, mais, là, il a juste l'impression qu'elle les balance, comme ça, comme si c'était rien, comme si c'était insignifiant. "ah ouais" il marmonne, là, il tente de mettre un peu de distance entre ce qu'elle dit et lui, il refuse que ça lui fasse un quelconque effet, ce serait injuste, pas maintenant, et elle fonce déjà dans sa chambre, alors, forcément, il la suit. En éteignant la télé, parce que l'début du film érotique y'a mieux comme ambiance, voyez. Putain, même dans un état des plus pathétiques, là, avec les cheveux un peu décoiffés, l'maquillage qui part en couilles, il la trouve belle, y'a pas un problème, là? Il passe sa main dans ses cheveux, là, un peu gêné, quand elle parle, encore, ne pas la repousser, ouais, forcément, il va pas l'faire, mais, merde, il fait quoi avec elle? "t'as l'air d'avoir eu une bonne soirée" il lance, là, détendre l'atmosphère, passer à autre choses, faire une trêve, le temps de la nuit, d'accord mais, parler de choses sérieuses, là, tout de suite? Pas prêt.

ton coeur fond. devant sa sale gueule d'ange, de type réglo qui cache bien son jeu, tu cracherais bien dessus histoire de briser son côté monsieur parfait. t'aurais pensé qu'il serait content, à la limite du ravissement, de te voir débarquer là, mais il a pas l'air de capter ce qu'il lui arrive le pauvre. on dirait que le poids du monde lui est tombé dessus, et qu'il est écrasé sous les décombres de vos incompréhensions, mais t'es là pour régler ça ce soir, pas vrai ? toutes barrières tombées, vos entraves se sont faites la malle. toute inhibition envolée, tu te vois, comme si c'était pas toi, attraper son visage de tes deux mains, te rapprocher très près, et lui dire, yeux dans les yeux, t'es vraiment qu'un con mais je t'aime.. bien votre proximité en devient troublante, et tu peux pas t'empêcher de fixer ses lèvres un infime moment. ça y est c'est parti, à fond dans ta lancée. c'est pas la lou qu'il connait, c'est certain. le pauvre alban, tout chamboulé. tu fermes les yeux, un instant, juste une petite seconde, le temps de te reprendre. eh oh, il t'a posé une question. mais ça tourne un peu trop vite, ça te remue la poitrine, et tu voudrais surtout pas gâcher ce moment en ouvrant la bouche trop tôt. qui sait ce qui pourrait en sortir. quand tu te sens prête, tu prends une grande inspiration, pose ta main sur son épaule, comme pour t'équilibrer, comme pour le préparer à la grosse connerie que tu vas sortir t'as pas.. idée, t'aurais pas aimé être là, crois moi t'aurais préféré garder la seconde partie de ta phrase pour toi, mais elle est sortie toute seule, la vilaine. le pire, c'est que t'as même pas peur de comment il pourrait bien réagir, parce que ce soir, il n'y a plus rien qui t'arrête.

y'a ce sentiment contradictoire qui s'empare très vite d'Alban, là, quand elle décide de placer ses mains sur son visage, et de s'approcher, proche, très, très proche. un mélange de peur, là, qu'est-ce qu'elle prévoie? et aussi d'excitation, forcément, ça reste lou, et, putain, il a déjà ses yeux, là, qui tombent nez-à-nez avec ses lèvres, ça fait combien de temps que les siennes n'y sont pas posées dessus? Ça lui manque, franchement, il en rêve même, pour vous dire, l'obsession, à force, il en perd la tête, l'pauvre gamin, ça faisait longtemps qu'il avait pas eu c'genre de sentiments, là, il avait oublié, et puis, est-ce que c'était aussi intense, la dernière fois? sans doute pas. Il a l'impression que son souffle se coupe, légèrement, quand elle prononce encore des foutus mots qu'elle lance, là, comme si c'était rien, comme on commande du pain, comprenez, comme si ça n'allait pas l'foutre à l'envers, Alban, à l'envers, ou en l'air, faut voir. Et elle ajoute un petit "bien" à la fin, là, ah, ouais? Non, non. Il bloque un peu, il fait carrément abstraction de son haleine merdique, là (pardon), et il sourit, comme ça, tranquillement, c'est la paix c'soir, et puis, à quoi bon s'fâcher, là, encore, alors qu'elle est saoule? "ah, ouais, tu m'aimes bien, comme un pote quoi ?" il lance, là, mais, non, pas comme  un pote, elle lui f'ra pas avaler ça, plus maintenant, il le sait, elle le sait, tous les deux connaissent très bien la situation. Et pourquoi elle le fixe comme ça, est-ce qu'elle a une idée de la sensation que ça peut lui faire, à Alban, ce regard-là, cette proximité, l'mélange de tout ça? putain, il a qu'une envie, c'est de l'allonger sur le lit, là, de retrouver enfin ses lèvres, sa peau, toutes ces choses. Et la distance se remet, là, peu à peu, et vas-y qu'elle se sert d'alban comme d'une béquille, là, pour pas sombrer, trop d'alcool, apparemment, et alban espère qu'elle va pas gerber dans son lit, ou sur lui, ou même sur elle. Y'a ses lèvres qui s'ressent, là, quand elle termine sa phrase, sur sa fameuse soirée, il s'dit qu'elle le fait exprès, elle veut l'provoquer? mais, ça va, il soupire, un peu, il s'interdit d'penser à tout ce qu'elle a pu faire, ou ne pas faire, avec des types, peut-être, aucune putain d'idée, il espère pas, mais, putain, on a dit que c'était pas ses affaires, ouais. "ah ouais" il lâche, simplement, genre, j'veux pas en savoir plus? mais en fait si? c'est sûr qu'il serait foutrement soulagé, là, d'savoir qu'elle a picolé, qu'elle s'est éclaté avec ses potes, et rien d'plus, mais, une fille comme ça, qui sort, là, y'a forcément eu des avances, et il est pas sûr d'comment Lou a gérer ces avances-là. Et il finit par s'allonger, là, sur son lit. "au fait, tu peux dormir dans la chambre de louise, elle est pas là" il lance, comme ça, en la regardant, pour rire, franchement, pour voir sa réaction, là, p'tite vengeance perso.

ça tambourine toujours, mais t'essaies de mettre en sourdine tes pensées pour te focaliser sur alban. il dit que des conneries, mais c'pas grave, ce soir c'est pas ça qui devrait te déstabiliser. tu devrais sûrement boire plus souvent, et augmenter les dosages parce que, putain que c'est bon, t'es prête à tout, capable de tout, tout affronter, tout réaliser. en fait, tu devrais fréquenter alban que quand t'es bourrée. ouais, comme un frère même ! ça te fait rire, sale gamine, de jouer avec ses émotions, de mettre sans dessus dessous ses sentiments. tu débarques dans sa vie et tu retournes tout, tu fous la pagaille et tu t'en fous. la grosse friendzone, t'en ricanes intérieurement car ça doit lui faire tout drôle à alban, pour une fois que c'est une nana qui le mène par le bout du nez, t'as bien raison d'en profiter. heureusement pour toi, il saisit pas la perche, il cherche pas à creuser les détails de ta soirée, il sait que ça servirait à rien d'autre qu'à le blesser. et là il te fait comprendre que t'es pas la bienvenue dans son pieu et, une minute, rien que soixante putains de seconde, tu marches, puis tu piges, il s'fout de ta gueule le con, il ose, te renvoyer l'ascenseur, te la faire à l'envers. l'exemple même de la maturité, alban. alors tu décides de la jouer franc jeu, et même toi ça te surprend, quand tu te glisses sur ses genoux, assise à califourchon, que t'attrapes sa nuque et que tu l'embrasses, là, comme ça. rien de plus facile, rien de plus naturel. tu poses tes lèvres, à leur juste place. quelques secondes, et le temps s'arrête. ah tu fais moins le malin hein ? et maintenant, tu veux toujours que je dorme dans sa chambre ? t'as des étoiles qui dansent dans les yeux. ça fait longtemps que t'attendais ce moment, ça faisait longtemps que tu rêvais de regoûter à ça, et t'es pas déçue du voyage.

Et il la voit, s'marrer, vraiment, en lui disant qu'il est un frère, carrément, ouais, ouais, c'est ça, à d'autres, hein, Lou? Le pire, le plus perturbant, c'est que c'était peut-être bien le cas, y'a des années d'ça, quand ils étaient encore des gosses, là, qu'ils avaient chacun leurs emmerdes, avec d'autres gens, mais, depuis plus d'un an, ça a changé, ça a foutrement changé, elle lui f'ra pas avalé l'contraire. Sauf si elle est penchée inceste, à la limite, hein. Il secoue la tête, il pourrait tenter d'lui faire avouer, là, avec une Lou alcoolisée, il s'dit que y'a moyen, mais, à quoi bon, encore une fois, ça représente pas autant d'choses, cette nuit. Cette nuit, ça s'représente rien, ouais. La petite trêve, là, une réalité parallèle, un peu, dans la tête d'Alban.
Y'a sa tête, là, les sourcils froncés, un peu, plutôt de la colère que la déception, en fait, c'est vrai qu'elle est capricieuse, mais, il l'aime comme ça, faut croire, parce que ça l'fait sourire, un peu, et elle capte finalement la petite blague, là. Sauf que si la nuit était assez bon enfant, ça devient vite autre chose, quand Lou décide d'faire n'importe quoi, putain, elle fait quoi, elle s'retrouve là, assise sur Alban? Et, pourquoi il peut pas s'empêcher de glisser ses mains sous son t-shirt, là, dans son dos, et pourquoi il ressent ce putain de frisson, là, merde, il s'passe quoi, encore ? Il a beau essayer de l'oublier, Lou, y'aura toujours ce genre de sensations, il y peut rien, putain, ça l'rend dingue, là, de s'dire qu'en un rien, elle peut lui déclencher tout ça. Le temps qu'il comprenne, qu'il s'en remette, elle continue, elle pousse le truc jusqu'au bout, elle s'approche, sauf que y'a l'excitation qui prend l'dessus maintenant, sur l'appréhension, et y'a ses lèvres, aussi, qui se posent sur les siennes, et merde, c'est fini, c'est foutu, est-ce que y'a un peu d'alban qui reste à sauver, là? jcrois pas. Et, aussi vite que ça, elle s'éloigne à nouveau, un peu, pour parler, mais, on s'en fout ? "non" il souffle, là, évidemment que non. "reviens" aussi proche, là, et puis, merde, y'a une de ces mains qui viennent, dans ses cheveux, là, petite pression, légère, pour la pousser à venir, là, et ses lèvres qui retrouvent les siennes, voilà, c'est bien, comme ça, putain, mais qu'est-ce qu'il fait, il en sait rien, il s'en fout, faudrait qu'il arrête, qu'il la repousse, mais, merde, ses lèvres descendent, là, dans son cou, putain, son parfum, sa peau, la totale, il est foutu, foutu, foutu.

ok. respire lou. t'as envie de tout envoyer valdinguer, à commencer par vos vêtements, et puis les draps, les meubles, tant que t'y es, tout, pour matérialiser physiquement ce que ça déclenche en toi, ses lèvres sur les tiennes, tes sens en plein éveil. t'as voulu lui donner un avant goût de ce que ça pourrait être, toi + lui mais il aimerait bien et vite transformer ça en lui en toi. il prend le contrôle ce con, il t'attrape par la taille et te rapproche, te laisse pas fuir, te laisse pas t'enfuir. pendant un moment, tu t'abandonnes, t'agrippes son t-shirt comme une bouée de sauvetage, et tu te noies dans ses lèvres (et dieu merci pas dans sa salive parce qu'il embrasse putain de bien). tu fais durer le moment, jusqu'à ce que la raison te rattrape sauf que tu veux pas, même bourrée, même complètement pétée, au fond de toi tu le sais bien qu'il le mérite pas. c'est un lourd combat qui se déroule en toi, t'es tiraillée, parce que putain, qu'est-ce que t'as envie, de te donner, de tout donner, d'ouvrir les bras, les jambes, et ton petit coeur. et puis merde t'envoies valser tes principes, ta morale, ton sens de la jugeote, et tu laisses courir tes mains également, un peu partout. tu te félicites aussi d'avoir suivi les conseils de mado qui te demandait de venir habillée sexy. sans hésitation, (merci l'alcool), tu fais passer le t-shirt d'alban par dessus sa tête, voilà, c'est mieux. puis soudain, ça remonte, dans ta gorge, et tu cours jusqu'aux wc pour te vider ce que t'as ingurgité, pour apaiser ton ventre qui a du mal à digérer tout l'alcool que t'as ingurgité.

Il a l'impression d'abandonner, Alban, et qu'elle abandonne aussi, Lou, ils s'abandonnent, là, ensemble, putain, pour une fois, ils sont ensemble, vraiment, l'un avec l'autre, mais, forcément, ça va pas durer, ça peut pas durer, et, putain, pas cette nuit, mais, il est incapable de penser à tout ça, là, tout de suite, comment vous voulez qu'il pense, de toute manière, quand il entend le souffle de Lou, là, et son parfum, et ses cheveux qui l'chatouille, c'est mort. C'est d'autant plus mort quand il sent ses mains venir sur son corps à lui, est-ce qu'ils sont vraiment en train d'en finir, là, avec toute cette merde? y'a déjà son souffle qui s'accélère, à Alban, et il s'retrouve sans t-shirt, rapidement, et ses doigts qui découvrent son dos, là, qui montent pour découvrir les agrafes de son soutien-gorge, et Lou qui part. Et c'est l'néant, le vide, d'un coup, d'un seul, l'changement d'ambiance soudain, il comprend pas tout, à part qu'il se retrouve comme un con, là, il s'allonge à nouveau, sur le lit, mais ça a plus la même saveur, maintenant qu'il y est seul. Il comprend la situation, là, en entendant les bruits qui viennent des toilettes. Il reste un peu dans le lit, c'est pas franchement courageux, mais il a pas envie d'la voir vomir ses tripes, là, tout d'suite, il réfléchit, genre, à ce qu'il allait faire, ce qu'il voulait faire, ce qu'ils allaient peut-être faire, et, putain, non, pas cette nuit, ce serait pas bien, c'est pas ce qu'il veut, Alban, pas comme ça, pas n'importe comment, pas si c'est pour qu'elle le regrette, demain, est-ce qu'elle le voulait, seulement? Il se lève, finalement, file dans la cuisine, chope une bouteille d'eau. "ça va mieux?" il demande, là, en revenant vers elle, presque heureux de ça, finalement, parce que, ouais, il fallait vraiment pas continuer, là. "tu veux de l'eau?" et, putain, ils font quoi maintenant?

tu restes là un moment, en train de dégueuler les restes de ta soirée, t'es minable, vraiment misérable. t'es bien contente qu'alban vienne pas te voir dans cet état, même si au fond t'aurais bien aimé qu'il vienne t'aider, qu'il te tienne les cheveux, comme le mec bien qu'il aurait pu être. il arrive après la guerre, quand t'as gagné ta bataille contre les toilettes. t'es assise par terre, la tête entre les genoux, le crâne plombé. tu l'entends même pas arriver, alors il a le temps de te voir dans cette position si peu gracieuse, et t'as trop honte de le voir, de savoir ce que t'as gâché. oui merci t'attrapes la bouteille, boit une lampée, drôle de liquide, ton gosier s'est déjà habitué à mieux. alban, putain j'suis désolée le pire dans tout ça, c'est que tu sais même pas si t'aimerais remonter le temps ou si ce qui t'arrive est un mal pour un bien, genre un signe du destin, comme quoi il fallait que ça s'arrête, fallait pas aller plus loin. tu te lèves pour retourner dans sa chambre, tu te sens tellement fatiguée d'un coup, t'as les paupières qui pèsent dix tonnes. j'peux toujours dormir ici ? ou tu préfères que j'm'en aille..? t'es vraiment trop conne lou, toute adrénaline passée, toute fierté envolée. son torse (nu) te rappelle ce que vous faisiez il y a encore quelques minutes et tu cherches un moyen de faire oublier à alban cette lou vomissant. avec une douche peut-être ? et s'il est galant, il t'accompagnerait peut-être ? au cas où tu te perds, au cas où t'arrives pas à régler l'eau froide et l'eau chaude, au cas où tu glisses et tu tombes. bon ok, le vomi n'a pas éliminé tout l'alcool.

Et il la regarde, là, il s'dit que, ça y est, avec un peu de chance, il l'a vu dans le pire des états, genre, ils ont pas passé une étape, là, un cap, parce que, honnêtement, y'a plus beaucoup de charme, là, tout de suite, en lou, mais, c'est pas grave? il veut quand même d'elle, Alban, il veut quand même rester, c'est pas mal. Et elle s'excuse, Lou, il profite un peu d'entendre ces mots sortirent de sa bouche, parce qu'il a l'impression de les entendre trop peu, pour une fois que sa fierté est écartée, y'a plus cette barrière-là, c'est un plus. "t'inquiètes." il lance, là, en haussant les épaules. "ça arrive à tout l'monde tsais, t'as cru que j'avais réussi à venir chez toi sans vomir sur le trajet la dernière fois?" il la regarde, là, du coin de l’œil, il a l'espoir d'la faire sourire un peu, au moins, avec ses conneries, ou juste relativiser. Bon, sauf que lui, c'est sorti avant de la voir, ça casse moins l'ambiance, c'est certain. Il la suit, quand elle retourne dans sa chambre, il se dit que ça va mieux, là, un peu mieux. "dis pas de connerie, hein?" il murmure, là, parce qu'elle s'imagine qu'il peut la foutre à la porte, comme ça, aussi vite, cette nuit, dans cet état, après tout ça? il faudrait qu'elle comprenne qu'il est pas le connard qu'elle s'imagine, un jour. "allez viens" il dit, et il prend sa main, là, et la tire contre elle, contre son torse, et ses bras qui s'enlace autour de sa taille, il sait pas trop pourquoi, il en avait envie, et avec un peu de chance, elle en avait peut-être besoin. "tu veux dormir? ou te laver, j'sais pas? tu devrais boire plus d'eau aussi j'pense" ouais, il sait bien que quand on est totalement pété, l'eau, ça donne pas envie, mais s'il peut lui éviter la grosse gueule de bois, là, en lui rappelant de temps en temps de boire un peu, il tente, Alban.

en toute honnêteté, il remonte un peu dans ton estime, alban. t'aurais cru qu'il aurait déjà déguerpi, mais il est toujours là, et tu tends le bras pour le toucher, pour avoir la preuve qu'il est bien réel. c'est le cas. il essaie de te faire rire, et ça marche. ça t'étonne de voir les rôles s'inverser, que quelques jours auparavant c'était alban à ta place mais bon, lui au moins a gardé un peu de fierté en ne vomissant pas devant toi. tu te dis, après tout, s'il est toujours là, malgré ça, c'est qu'il partira pas, il partira plus. et puis, quand il se met à te rassurer, il y a ton petit coeur qui se sert là, touché par sa gentillesse. et qui finit par se décomposer, quand il t'attire à lui pour te serrer dans ses bras. meilleur endroit du monde. tu te laisses faire, sans rechigner. une douche ça me ferait pas de mal je pense mais la timidité reprend le dessus, et t'oses pas lui proposer de t'accompagner. après tout, c'est lui le mec, c'est à lui de faire ce genre de choses, les premiers pas, les prises d'initiatives. mais au fond, ce serait méga gênant, de se retrouver là bas tous les deux, parce que malgré vos quelques bisous échangés, y a jamais eu rien de plus.

Il reste un peu là, immobile, à la serrer contre elle, à profiter de cet instant, là, parce qu'il se doute bien que ça va pas durer, parce que, c'est cette nuit, là, qui est unique, spéciale, et qu'il rangera dans une petite case dans sa tête, dans les bons souvenirs, ouais. Et, finalement, il la relâche, il sourit, ce con, il trouve l'moyen d'être heureux, là, en ce moment précis, sans doute parce qu'il pense pas au lendemain. Une douche, donc, alors, il s'dirige dans la salle de bain. "attends j'te cherche une serviette propre" il lance, là, sauf qu'il s'rappelle plus vraiment où est-ce qu'ils ont convenu d'ranger le stock, là, avec les colocs, alors, il fouille, premier placard, deuxième placard, il voit un grand espace vide, merde, sérieusement, cette nuit, là? " j'reviens, j'te laisse filer sous l'eau?" il demande, là, mais, en fait, il est déjà parti dans une chambre, celle de Marthe, généralement. C'est vrai que l'idée de venir avec elle, là, ça lui est venu en tête, rapidement, mais, non, non, mauvaise idée. Dans la chambre de Marthe, honnêtement, il fout le bordel, vraiment, parce qu'il commence à perdre patience, parce qu'il s'énerve un peu, là, il lâche quelques injures, il est persuadé d'avoir déjà vu des serviettes et tout l'bordel dans sa chambre, et, finalement, il trouve le saint graal, il s'dépêche, là, à retourner dans la salle de bain. "je t'ai même trouvé des lingettes démaquillantes ou j'sais pas quoi" il lance, genre, il s'y connait pas trop dans ces trucs de meufs, alors qu'en fait, carrément que si, l'avantage (ou désavantage) d'avoir une sœur, aussi.

et puis soudain, c'est plus le même alban que t'as en face de toi, autour de toi, à côté de toi, il est partout, il est sur tous les fronts. attentionné, bienveillant, gentil. c'est magique. il s'en va te chercher une serviette propre, mais il s'perd en chemin parce que, t'imagines qu'avec toutes les nanas de la coloc 16 c'est pas alban qui s'occupe de les ranger et de maintenir l'appart propre et rangé. ça reste un mec après tout. mais l'effort te touche, tu ne peux pas le nier. tu files sous la douche, laisse l'eau couler partout sur ton corps, c'est bon, ça rafraichit, ça remet les idées un peu au clair et t'as du mal à capter que t'es en ce moment-même dans la douche d'alban. après toutes vos emmerdes des derniers jours, comment t'as fait pour arriver là ? cette nuit, c'est comme une pause dans le temps, une trêve dans vos chamailleries, et ça fait du bien putain, autant que l'eau froide qui ruisselle contre ta peau. alban revient avec tout un arsenal de filles pour te démaquiller, ça t'étonne qu'il s'y connaisse dans ces choses là. t'imagines que tu dois avoir le mascara qui a coulé le long de tes joues, te faisant ressembler à un panda, ça + le vomi, bon le côté glamour pour ce soir on s'en passera. t'attrapes la serviette qu'il te tend et tu t'enroules dedans pour sortir de la douche. merci, vraiment et t'entreprends l'étape démaquillage, avec alban à côté qui te regarde, on dirait presque un petit couple avec sa routine du soir avant d'aller se doucher. ça fait peur. j'peux t'emprunter un t-shirt pour dormir ? parce que maintenant que t'es toute propre, tu te vois pas remettre tes anciens vêtements tâchés et embaumés d'alcool, limite ça te redonnerait la gerbe de mettre le nez dedans.

Et il est là, comme un con, là, à se démener pour qu'elle soit bien, ou mieux, qu'elle ait ce qu'il lui faut, tout ça, parce que, c'est différent, cette nuit, sauf qu'il a pas pensé à l'étape d'après, genre, quand elle sort de la douche, et c'est vrai qu'il est un peu soulagé de la voir choper la serviette, là, et s'enrouler dedans avant de sortir, juste comme ça, c'est mieux, sans doute. "j'vais te trouver ça" un peu soulagé aussi qu'elle se soit pas dit que ce soit cool de dormir à poil, pas qu'il aurait pas pu se retenir ou quoi, mais ça évite énormément d'avoir des pensées, parce que, décidément, c'est pas l'bon timing, là, il en veut pas, lui, d'une lou bourrée, d'une lou qui d'un coup l'veut, lui, ça colle pas. Il revient avec un t-shirt, honnêtement, tiré un peu au hasard, mais propre, ça reste l'important, et il lui tend. "on va s'coucher?" Il se sent prêt, là, Alban, à terminer cette nuit, à dire au revoir à ses souvenirs, au plutôt adieu au vue de leur relation, à les ranger précieusement, vraiment précieusement, parce que, ça compte pour lui, même si elle pense l'inverse.
Et c'est déjà l'matin, au vue des rayons de soleil, là, qui l'empêchent de s'rendormir, et, putain, il est sept heures, sérieux? Forcément, elle dort, Lou, qui pourrait la blâmer, avec la cuite d'hier? Il attend un peu, Alban, il espère qu'elle se réveille, là, parce qu'il se sent pas d'attendre six heures qu'elle décuve correctement, qu'elle se réveille, mais, franchement, elle a l'air d'être bien partie pour continuer son sommeil, putain. Il tourne, Alban, il s'emmerde, il s'lève, il boit un peu, elle dort, encore, il fout quoi, maintenant? Il prend sa douche, elle roupille, il s'fait un café, elle roupille. Il s'fait chier, elle roupille. Mais, il s'imagine mal la réveiller, là, alors, il s'casse, Alban, il est motivé, là, il s'dit qu'il a sans doute toute sa matinée, vu la marmotte qu'il a dans l'pieu, il s'casse, et c'est pour une bonne cause, voyez, lui trouver un truc à manger, là, d'assez appétissant pour qu'elle ait pas envie de vomir, ce genre de truc, mais, comment vous voulez qu'elle le sache, lou?

il te tend un vieux t-shirt, et même s'il est moche, même s'il usé par le temps, t'aurais bien envie de le garder, toujours, comme un petit souvenir qu'une fois dans ta vie, qu'une nuit dans ta vie, alban a été à toi et avec toi. comme une relique, comme une fétichiste. et tu le suis jusque dans son lit, te pose à côté, la tête sur un oreiller qui a son odeur, et t'aimerais lui souhaiter bonne nuit, lui dire encore une fois merci, lui souffler des mots magiques pour rabibocher vos souvenirs cassés, mais morphée t'emporte, bien trop vite. et tu te laisses aller, tu sombres, sans aucune résistance.

lorsque tu te réveilles, il y a un tam tam dans ton crâne. ça cogne fort et c'est le vide total. tu balaies la chambre illuminée par les rayons du soleil, et tu reconnais celle d'alban. merde. qu'est-ce que tu fous là ? comment t'es arrivée là ? personne à côté de toi dans le lit, bon, au moins il n'a pas dormi avec toi, c'est déjà ça. tu soulèves les draps, putain, où sont tes fringues ? pourquoi tu portes un t-shirt de mec ? c'est la panique. t'essaies de te remémorer la veille, mais impossible. tu te souviens avoir rejoint mado en boîte de nuit, bu quelques coups, déconné un peu, et c'est le gros black out. n'empêche que, pour être chez alban, dans son lit même, il devait bien être là hier soir. alors où est-il maintenant ? il a eu tellement honte de toi qu'il s'est barré ? le con. tu te lèves et te diriges vers la salle de bain pour te rafraichir un coup, la gueule de bois à son apogée et les yeux qui ont du mal à s'ouvrir pour te diriger. tu chopes tes fringues que tu trouves dans un coin de la pièce, à ce point t'essaies même plus de réfléchir à comment elles sont arrivées là. tu te rhabilles et tu dégages de là fissa. t'as honte. de ne pas te souvenir, d'imaginer le pire.