Léa n'a jamais été adepte des soirées en plein air. Elle ne sait jamais comment s'habiller, s'il faut froid, s'il fait chaud, s'il va pleuvoir. Ce sont des choses auquel les jeunes de son âge semble ne pas penser lorsqu'ils se ramènent dans un parc ou un air de jeu pour picoler toute la nuit. Mais, elle, elle y pense. Peut-être un peu trop. Persuadée qu'il faut toujours être maniaque du contrôle pour ne pas se retrouver dans des emmerdes. Pourtant, elle se remet à suivre le mouvement afin de ne pas rester à l'écart. Ce n'est pas réellement de son propre chef, qu'elle reste ici, les bras croisés à attendre comme un enfant devant les portes de l'école. C'est Dorian. C'est toujours Dorian. Il lui dégote des soirées, et elle s'en plaint pas. Il doit faire ça pour l'aider, la pauvre Léa. Elle sait bien qu'elle ne fait pas partie des personnes se faisant remarquer en soirée, mais elle y participait tout de même. Et ce soir. Ce plan sur un terrain de basket, qui finira certainement sur le terrain de foot, dans le boue et la crasse, elle le sent pas tellement. Elle est tout de même venue au rendez-vous, une manière de remercier Dorian de ne pas la laisser dans l'ombre, dans l'oubli.
Elle le voit au loin, lui fait un petit signe voulant dire : tu vois, j'suis venue finalement. Puis elle se met en marche, pour aller le rejoindre. Elle ne sait pas comment se terminera la soirée, mais elle sait comment elle commence. Le ciel est assez nuageux, bien que la nuit commence à tomber. Elle redoute le moment où ils seront plongés dans la pénombre. Elle n'a pas vraiment peur du noir, mais Dieu sait ce qui peut se passer dans l'obscurité. « Salut Dorian. T'es sûr de ton coup ? On risque de se prendre la pluie sur la gueule. » Ouais, elle a un peu peur des orages, mais s'il souhaite rester là, elle restera aussi. La fête s'annonçait pas mal, les gens commençant à arriver un peu partout, mettant déjà leur bordel dans leur coin. Certains avaient des sacs de couchage, prévoyant certainement de dormir à la belle étoile. Elle lève la main pour montrer la bouteille qu'elle a ramené. « J'ai ramené de quoi picoler un peu. » Elle n'est pas vraiment fan d'alcool, refusant que son corps ne lui appartienne plus. Elle préfère garder le contrôle, quoi qu'il arrive. Mais pour ce soir, elle relâche un peu la pression. Elle a alors amené une bouteille dans laquelle elle a mélangé du whisky avec du coca. Très mal dosé, ça devait arracher. Mais la petite n'avait pas tellement l'habitude, faut pas lui en vouloir.

Dorian il sait pas grand-chose de Léa, elle est mignonne, vierge, mais il lui a jamais posé de question sur avant. Il s’y intéresse pas plus que ça, ce qu’il veut lui, c’est que Léa sorte, Léa s’amuse, Léa rit et aussi que Léa fasse sa première fois avec quelqu’un de spécial, quelqu’un comme lui. Ce soir il l’a pas invité pour ça. Ce soir il emmène Léa à un truc spécial, elle est là avant lui d’ailleurs. Il l’a invité à un tournois, du foot du basket, du tennis, on s’en fiche un peu, puisque de toute façon Dorian va pas jouer, il est là uniquement pour la bouffe gratuite et pour la fille. Il a prit de l’alcool aussi, du rosé et du schweppes, un truc doux, qui te tape sur le crâne après deux verres sans que tu t’en rende vraiment compte. Léa lui fait un signe, elle est toute seule la gamine, y a juste deux trois pélos en train d’installer la buvette. « J’t’ai pris un gilet au cas ou, il est dans mon sac, avec l’alcool d’ailleurs. Pas question que tu te barre avant la fin ! » Et puis il aimerait bien la voir dans son gilet aussi, il se dit qu’elle serrait terriblement sexy dedans. Elle aussi elle a pris de l’alcool, pendant que le terrain se remplit doucement, Dorian emmène la fille sur un banc. Il goûte son mélange. « Putain Léa mais tu sais pas doser ou quoi ? » Qu’il dit en grimaçant. Mélange acide, piquant et brûlant, whisky coca. « Goute ça plutôt. » Il rigole, parce que son mélange à lui est bien plus doux, et puis qu’il plait toujours aux filles. Douceur et petites bulles, rosé schweppes. « Quoi de beau ma Léa ? T’es dans le mood pour t’amuser ce soir j’espère ? » bah ouais, il aimerait bien qu’elle se bourre la gueule pour la ramener dans son lit hein dorian ? Il aurait certainement le maximum de point possible au test de pureté.

Elle a souvent confondu vivre et survivre, léa. Dans son esprit, tout s'embrouille un peu, parfois. En prison, elle se savait survivre, mais aujourd'hui, est-elle en mesure de vivre ? Elle n'en savait rien, alors que cette question lui trottait toujours en tête. Etrangement, l'idée de "vivre" se rapprochait pas mal de l'existence de Dorian, dans son esprit. Il était libre, faisant absolument ce qui lui chantait. Elle aurait aimé être ainsi, arrêter de toujours se soucier du regard des gens. Elle se savait souvent jugé, étant une personne très calme en apparence qui semble ne pas avoir réellement de personnalité forte. Elle était l'inverse, mais il fallait la connaître pour le découvrir. Aux côtés de Dorian, elle avait l'impression de ne pas être jugée. Le fait qu'elle sorte de prison, qu'elle ait un passé plutôt étrange, il semblait ne pas s'en soucier. Cela plaisait beaucoup à Léa qui voyait en lui l'ami de soirée parfait. Elle sourit à l'évocation du gilet. « Merci, tu penses à tout. Mais en cas de pluie, on aura besoin de plus que ça. » Elle n'était pas vraiment rabat-joie. C'était plutôt, de la prévoyance. Elle connaissait un peu les environs, et connaissait un coin à l'abri, où aller se réfugier en cas de pluie ou d'orage.
Elle le suit sur le banc. S'asseyant confortablement. Elle semble ailleurs lorsqu'il lui dit qu'elle ne sait pas doser. Evidemment. Elle ne boit jamais. La moindre goûte d'alcool peut la coucher pendant des jours. « Désolée, je n'ai pas l'habitude de boire. » Elle attrape la boisson qu'il lui tend, à la couleur très attirante. Bien plus que son whisky coca sans presque de coca. La bouteille se penche alors qu'elle y met les lèvres pour y goûter. Elle aime beaucoup le goût. Les quelques bulles lui picotent la langue, et le rosé donne un goût plus doux. Elle aime beaucoup, se disant que cela doit être bien plus supportable qu'un alcool fort. Elle pourra garder sa dignité, ce soir. « C'est super bon ! » Pas tellement habituée à la douceur, elle apprécie cette tendre boisson.
Gardant la bouteille entre les mains, ne lui rendant même pas pour le moment, elle tente un semblant de sourire à sa demande. De neuf ? Rien. Elle n'arrive pas à conduire sa vie comme elle le voudrait, et s'en retrouve frustrée. Voilà tout. « Rien de bien intéressant, j'ai l'impression d'avoir vécu les années les plus mouvementées de ma vie. Alors, oui, j'espère bien m'amuser, ce soir. » Aujourd'hui, loin de la prison et du deal, elle a l'impression de s'avancer vers une vie de calme, sans la moindre turbulence. Elle reprend une gorgé du breuvage de son compagnon, plus longue que la précédente. Lui tendant ensuite la bouteille pour qu'il la récupère, elle se tient droite en regardant les personnes préparer la buvette. « Et toi, quoi de beau ? Pas trop la gueule de bois de ta dernière cuite ? » Elle le regarde. Elle sait qu'il est très fêtard et a certainement picolé la veille au soir, et peut-être même durant la journée. Elle admire la résistance de son foie, d'ailleurs.