Tu rentres du boulot plutôt épuisé, franchement la journée a été dure et tu ne t’es pas encore changé de ton uniforme, tu n’as fait qu’enlever le haut pour te retrouver en débardeur blanc avec ton pantalon noir, tes nombreux tatouages ne sont plus dissimulables sous tes vêtements. Tu ouvres la porte de l’appartement... Misère une inondation. Il y a du monde, pourtant la journée touche sûrement à sa fin. C’est avec des cernes jusqu’au menton que tu découvres tes voisins d’immeuble et la flotte dans le couloir, les cartons qui se font monter. Attends ? Quoi ? Les personnes des étages du bas montent en haut ? Tu sais même pas qui sont tes colocs parce que tu viens d’arriver, mais tu vas en avoir d’autre ? Tu observes les personnes et en soupirant, tu prends un carton à la première nana que tu vois... Tu n’es pas une garce, tu te vois donc contrainte d’aider. D’ailleurs, qui va assécher l’immeuble après tout cela ?

Les dégâts semblent nombreux, l’odeur de l’eau qui envahit les pièces n’est pas agréable, ce soir ce ne sera pas simple pour dormir, tu le sens déjà le dégât, tu le sens que tu risques de devoir partager ton appartement avec encore plus de gens. Ta veste de travail que tu avais dans les mains tombe dans l’eau, ton portable qui se trouvait dans la poche fait le grand saut avec. Putain, merveilleux, magnifique. Tu as sûrement un regard de tueuse, avec tes trente ans de vie, tu ne t’es pas adoucie, ni toi, ni ton langage, ni même ton attitude.

- Fait chier.

Pour les agents ce n’est peut-être pas hyper bien vue, mais quand tu travailles, tu es droite, ordonné, sévère et obéissante envers tes supérieurs, alors lorsque tu enlèves le képi et que tu redeviens seulement la femme blasée et caractérielle, toute ta frustration sort de ton corps. Ouais, y en a un sacré tas. Tu récupères ta vestes dans l’eau regarde ton portable, il est mort, comme l’espoir d’être tranquille se soir.

petite feuille de papier volante et imbibée d'eau annonçant l'inondation de l'immeuble -comme si on avait pas remarqué hein ?- demandant poliment mais sans flexion aux étages sains et saufs d'accueillir les mouillés. avec tes colocs vous avez sorti toutes les couvertures pouvant faire office de lits pour loger les malheureux, puis vous êtes parties, bras dessus, bras dessous avec @léonie, aider les habitants du dessous à se sauver. montant cartons après cartons, sans ascenseur, c'est ton booty qui s'est retrouvé ravi avec les quatre étages de quoi faire travailler ton cardio. en chemin tu croises une nana qui rouspette, mais son visage ne te revient pas et puisque t'habites ici depuis un bail maintenant, t'es certaine qu'elle est nouvelle dans le coin. ma pauvre, t'es pas tombé le bon jour pour emménager toi petit regard compatissant vers elle, essayant de dissimuler ta pitié, p'têtre même qu'elle va demander au syndic à changer d'immeuble, enfin toi tu ferais ça a sa place. t'es quel étage ? quel appart ? diego est parti, tu sais donc qu'il y a une place de libre dans votre coloc, alors c'est peut-être elle la nouvelle ? elle est tatouée de partout, ça t'a intimidé au début, tu te demandes comment les gens font pour en arriver là, comment les gens peuvent être si sûrs d'eux pour franchir le pas, pour graver leur peau sans crainte de regrets un jour certain.

Une voix, une inconnue dans la foule « ma pauvre, t'est pas tombé le bon jour pour emménager toi ». Pour le coup elle a raison l’inconnue, franchement tu’aurais pu tomber mieux. Bon tu n’es pas arrivé aujourd’hui, mais c’est tout comme. Avec le taff tu n’as pas eu le temps de faire quoique se soit, tu n’as pas eu le temps de saluer tes colocs, ce qui en soi n'est pas hyper polie, mais bon... Que voulez-vous qu’on y fasse ? « T'es quel étage ? quel appart ? » Tu la regardes et finalement tu prends le temps dans placer une, malgré que ton portable soit mort et que tu es les nerfs à vif, ce qui doit donner l’impression que tu es agressive. C’est peut-être un peu le cas parfois.

- Immeuble 1, porte 42. Et toi ?

C’est ta voisine de palier, tu ne le sais pas encore, c’est une de ces personnes qui le matin te verra dans les couloirs en uniforme. Vous ne vous êtes pas présenté et quant à tes tatouages... Tu ne les vois pas comme ça. Tu les vois comme des cicatrices intérieures qu’il te fallait faire ressortir. Alors quel regret pourrait-il avoir ?