Sharp edges have consequences
Il y avait de l’électricité dans l’air. Comme si tout était prêt à exploser. Tu détestais cette sensation. Tu avais envie de fuir. Envie de t’enfuir, le temps que la colère passe. Le temps que les choses se tassent.
Un hurlement t’avait fait sursauter. Tu t’étais précipité, encore en pyjama. Tu t’étais précipité, sans comprendre ce qu’il se passait, en direction de la salle de bain. Tes doigts s’étaient déposés sur la poigné et tu étais entré, plus par inquiétude que dans l’idée de jouer au voyeur. « Ça va ? » as-tu demandé, d’une manière un peu précipitée. Tu l’as fixée, deux secondes, arrêté. Tu l’as fixée, avant de réaliser qu’elle était enroulée dans sa serviette, juste sous tes yeux. Tu as baissé le regard, avant de reculer d’un pas. Gêné. « Je … Hum, pardon. » as-tu soufflé, embêté. Qu’est-ce qu’il t’avait pris, d’entrer ainsi ? Qu’est-ce qu’il t’avait pris, de regarder ainsi la blonde frigorifiée ? Frigorifiée. Encore ? Tu n’es pas parvenu à retenir un soupir. Comme si tu étais blasé. Comme si tu étais lassé par cette situation qui s’était déjà trop de fois répétée. Parce que tu allais devoir prendre une douche froide, toi aussi. Parce que ça voulait dire que vous alliez encore galérer pour laver la petite vaisselle de ce midi. Tu as grincé des dents, rien qu’à cette pensée. Tu étais fatigué. Fatigué de te retrouver face à la même situation, encore une fois. « Je suis désolée de vous avoir alarmés pour rien. » entends-tu alors. Tu as relevé la tête en direction de la voix fluette. Vous … ? Deux secondes de réflexion. Deux secondes pour remarquer que Ali avait fait irruption dans la pièce, elle aussi. Ali. Ali, Ali, Ali. « Et si on discutait calmement dans le salon ? » La voix fluette résonne, à nouveau. Tu sentais que la situation était en train de vous échapper. Pourtant, tu suis. Pourtant, tu te retrouves dans le salon, accompagné des filles. Tu te retrouves à entendre une Rachelle qui s’excuse de ronfler. Tu réponds par un haussement d’épaules. Parce que ta chambre est assez isolée. Parce que tu n’entends pas vraiment ce qu’il se passe, une fois la porte fermée. Quand bien même son lit grince. Quand bien même elle fait du bruit dès qu’elle tente de se retourner.
« J’suis désolée pour l’eau chaude les gars. » Nouvelle excuse qui fuse. Nouvelle excuse, quelques secondes après que Rachelle ait proposée quelque chose à boire. Comme Ali, tu as poliment refusé. Parce que tu n’étais pas vraiment d’humeur à te détendre devant une tasse de thé. « Bon, on fait tous des conneries de temps à autre non ? Dramatisons pas les choses » Tu as passé une main dans tes cheveux. Tu as passé une main dans tes cheveux, en prenant une profonde inspiration. « C’est pas comme si c’était la première fois non plus … » Les mots t’ont échappé. Voilà que toi, Tom, tu jetais de l’huile sur le feu. Créateur de l’arc électrique que tu détestais tant. Qu’est-ce qui te prenait ? « ‘fin, tu vois, quoi. » lances-tu, un peu plus doucement. Tu t’emmêlais les pieds. Tu t’emmêlais les pinceaux. « ‘fin, si on fait attention, après … » souffles-tu, en te tortillant soudainement. Parce que ça risquait bien de te retomber dessus, n’est-ce pas ? Parce que tu oubliais probablement trois tonnes de choses, avec ton esprit insouciant. Parce qu’il était étonnant que personne ne t’ait encore reproché des trucs. Comme tes vêtements qui trainaient sur le canapé. Tes chaussures dans l’entrée. Toutes ces choses qui te menaçaient, qui menaçaient de te tomber sur le coin du nez. Tu voulais fuir. T’échapper, pour ne pas avoir à te faire disputer. Tu as jeté un regard soudainement nerveux vers la porte d’entrée. Porte que tu n’avais pas toujours songé à fermer en partant le matin, pas vrai ? Surtout lorsque tu étais le dernier. Tu grimaces. Tu grimaces et, pris d’une soudaine impulsion, tu vas replacer correctement tes Converses qui traînaient. Tu vas les ranger. Comme si ça allait arranger les choses. Comme si ça allait empêcher ton petit monde de s’écrouler.