profond soupir. y'a comme un trou noir, y'a comme une sensation de l'acte manqué qui lui traverse le corps. ça le réveille, ça le surprend et ça le fait lentement, une vieille mélodie à la guitare qui reprend doucement sa place. et sans doute qu'il sourit dani, il sait pas trop, il a pas vraiment conscience de son propre visage quand ça se passe comme. trop rapidement, sans y aller bêtement. naïvement. pas du tout des enfants. seulement deux grands qu'ont trop peur de se jeter dans le maintenant. pincement de lèvre inférieure, y'a l'autre à côté qui se fond sur sa peau - un lit trop simple pour accueillir le chiffre deux. et ça le fait rire un peu, ça le fait papillonner des cils, balayer la salle d'un regard hagard. il s'étire tout juste, reste calé contre cette chaleur, affalé sur le ventre, les pieds dans les draps. chad il entame les hostilités, ça donne presque une légitimité à tout ça. pour un bonjour, pour un salut qui se perdra dans les confins de la journée. pour un moment où ça se dit puis fuck la réalité. inspiration profonde, il revient nicher son nez sur son épaule.
- salut. éclat d'un petit rire qui ronronne dans le creux de sa gorge. il referme les paupières, laisse le soleil s'éparpiller sur son dos dévoilé, ses bras, un mollet. il est pas complet dani, comme une peinture qu'on aurait laissé en plan des années auparavant. il songe un instant aux colocs, se demande s'ils ont pu entendre quelque chose. ça s'est sans doute activé y'a peu, ou y'a plus. il saurait pas dire. il s'excusera au moment venu si y'a eu trop de grabuge, il s'excusera pour le cyclone chad quand il se décidera. je crois que, si j'bouge maintenant, je meurs. inspiration de son parfum. ils auraient pu former quelque chose de bien. quelque chose de pas si mal si y'avait pas ce petit truc. truc qui démange. truc qui dérange. l'impossibilité de se dire oui. l'incapacité de se percevoir plus d'un soir. pas pour eux. pas pour lui. donc je crois que je vais pas bouger. haussement d'épaules mollasson, il remet quelques mèches de cheveux en place, dégageant son front pour pas lui obscurcir son horizon. il pianote du bout des doigts sur le torse de chad, tapote un rythme silencieux. arrêt sur image.

peut-être qu'il faudrait y couler de la cire, y figer quelque chose, un instant, un geste, un baiser dont il cherche encore à comprendre le sens. peut-être qu'il faudrait y couler de la cire et s'enfermer dans une cage bonne à pleurer, à se faire enflammer. et dani, dani il peine à faire plus que ce qu'il fait déjà, la flemme y est pas pour rien. les muscles qui récupèrent, qui reprennent leurs droits, la bouche encore rouge des ébats passés, la langue qui réclame, la peau qui veut son attention à outrance. soupir. soupir d'aise parce que c'est tout ce qu'il est bon à offrir, à donner sans faire de papier cadeau, sans boîte à enjoliver. il se laisse porter, prendre, toucher, appartenir l'espace de quelques heures pour les pulsions électriques de nerfs en pelotes. y'a pas de c'était écrit, y'a pas de c'était marqué dans les étoiles. c'est arrivé. un coup vite fait dans les chiottes, un moment où ça s'est arrêté net, où c'était bon de tabler sur le silence pour pas se faire choper, l'excitation d'un acte bafoué.
la honte.
- pareil, pareil... il baille à s'en briser la mâchoire, fait perler quelques gouttes à la limite de ses yeux. frisson qui secoue ses pores, il continue de jouer, de faire bouger ses ongles, remonte jusqu'à la clavicule, la dessine. hm bah dans le pire des cas, on leur aura donné mieux qu'une soirée à s'toucher sur pornhub. il se marre un peu, puis beaucoup, reste lové, réclame la chaleur pour pas qu'elle s'éteigne. bougie qui s’essouffle, bougie qui éclaire plus assez. il se redresse un peu, se pose mieux, s'affale de tout son long sur la carcasse maquillée, grimée, tatouée de chad. y'a un baiser qui se cale sur son menton, qui remonte jusqu'à sa bouche. qui se vole, vole comme on piquerait une ombre à un enfant.
- t'es vraiment une loque. qu'il lance à volo. amusé, malicieux, même si son accent continue de lui courir sur le palais, laissant glisser parfois une parfaite diction comme un manque d'apprentissage. il y reste, zieute les rayons qui viennent parcourir les formes de chad, creusent les ombres, les traits. et un tableau en même temps. contemplation éphémère. j'devrais te tatouer toi, comme ça, à capturer la lumière. un véritable trou noir dont cherche encore réponses aux mystères. ça ferait un superbe dos. à la muse du petit matin.

affres adolescents qui viennent le rajeunir subitement. il a plus la trentaine, il descend, descend jusqu'à ses seize ans, jusqu'aux premiers émois idiots qui permettent des gloussements animaux. il descend, descend, descend, se sent dans son élément, insouciant, soupirant. presque candide. et il l'écoute, l'écoute parler comme il pourrait tendre sans cesse l'oreille vers une chanson dont il connaît les paroles par coeur. y'a comme ce timbre à mi-caillassé par la clope et les années, y'a comme ce tintement fade, étriqué qui rappelle le bout. la fin de la course. la bagnole qu'en a marre de cracher son essence, qui s'arrête, qu'attend que la mousse et la rouille viennent la ronger de l'intérieur. il laissera pas ça faire. pas avant que chad se tire, pas avant qu'il disparaisse, pas avant qu'il ait claqué la porte en balançant un mouchoir comme unique moyen de chialer. ça le fait sourire un peu, un peu plus à chaque seconde. il penche sa tête sur le côté, s'assoit sur sa taille, fait de l'ombre sur sa face, détaille ses bouclettes foncées d'un oeil intéressé. faudrait qu'il le dessine un jour, faudrait qu'il le croque à sa manière, dans sont univers où les traits sont grossis, où tout est rallié à la fantaisie. il se sent un peu bête, un peu con, un peu faible aussi. soupir.
- moi je suis assis, alors t'as rien à dire. de l'extérieur, ça lui semblerait puéril, futile, même vomitif. c'en est presque à filmer pour les beaux sentiments d'une comédie-romantique signée par un réalisateur à l'humour douteux. il se remet à tracer, laisse son doigt se frayer un chemin jusqu'à son cou, sa mâchoire, sa tempe. il enroule une mèche autour, la fait, la défait. t'as le sens de la mise en scène. réveil à retardement, corps sur fond de soleil bien levé, ambiance tamisée et tu m'dis ça. j'applaudis. il se marre un peu plus, il dévoile sa gorge, la laisse tomber en arrière. la couverture légère s'arrête sur le bas de son dos, il fronce les sourcils dani, soudain fasciné par le plafond.
- c'est quoi le mot déjà... pince sa lèvre inférieure, réflexion intense sur un mot familier entendu en veux-tu en voilà. ah ouais ! glander. cher ami, glander avec toi c'est quand même le pied. souvent rien foutre, souvent la jouer jeune couple qui se découvre encore et encore au fil des années, et ce malgré la vieillesse qui vient tout terrasser. ils sont rien de tout ça. il secoue sa tête, la baisse à nouveau, chope son regard au passage. et merci. enfin heureusement que j'te dégoûte pas. ce serait triste sinon. ça continue de s'étirer, mine solaire à reprendre tout ce que l'astre tapant lui donne. mais j'retiens. vraiment. bien sûr je compte sur ton dos pour accueillir chad le valeureux qui sort de sa pionce. belle... hm mise en abyme ? une chadception. il regarde ses propres tatouages, qui s'étalent sur ses bras, sur ses jambes, ses côtes. dani c'est un patchwork de pièces rapportes à gauche à droite, c'est une histoire qu'a pas de fin, des chapitres où l'encre coule encore.
- moi j'pourrais. mais ce serait bizarre, un peu comme ces types qui demandent le prénom de leur nana sur le pec. il chope sa main, joue avec ses doigts, frôle. illusion qui revient au soir pour s'évanouir au zénith.

l'est pas très causant chad. l'est pas de ceux qui tapent la bonne humeur en soirée, qui promette les monts et merveilles quand ils ont trop bu. l'est pas de ceux qui inventent des histoires en deux-deux. mais plutôt qui cachent, qui dissimulent, qui prennent ce qu'ils veulent, racontent que des vérités qu'ils sont incapables de ternir par le mensonge. il est pas comme lui. ça se complète peut-être, ça se rejoint peut-être. il saurait pas dire dani, de toute façon il croit pas en ces conneries, ces éventualités, ces délires qui parlent sans cesse de cette logique de se retrouver un jour au bon moment. c'était juste de quoi monter, sans vouloir redescendre. c'était juste frôler du bout des doigts la petite mort, l'embrasser, la dévorer. entre ses jambes, ses hanches étroites, sa gueule terminée au burin et à la roche. c'est laisser une marque de dents, y planter les ongles, sentir le dos se cambrer, laisser les yeux partir, partir à l'arrière, le silence comme unique témoin foutu à terre. ce contact qui reprend, ce baiser qui se termine dans le froid. un goût de sucre qui se propage.
fraises, framboises.
plus acide.
de l'orange ou du citron.
il le laisse bouger, il le laisse chercher le repos du guerrier par une unique cigarette qu'il se cale dans la bouche. l'autre il y répond présent, incapable d'y résister, attendant qu'on lui dise un jour qu'il a plus que du pétrole sous les muscles et les os. il joue les majorettes entre ses doigts osseux. il reste assis, sur lui, bien calé, à l'entourer.
- tu vois loin. tu crois que quand j'serais aussi vieux on en sera encore là ? bah merde. délivre à nouveau un ricanement guttural, il lui pique son briquet, allume le bâton à son tour. il souffle quelques ronds, certains mieux réussis plus que d'autres vers lui - tant pour l'emmerder que pour tenter une petite performance sans but autre que l'indicible. non parce que c'est vrai que. d'ici là, j'te vois bien avec hm. tu sais une chouette maison, un chien et une petite famille. marié pourquoi pas, après pour les gosses à toi d'voir si adoption ou non. haussement d'épaules. la vision le laisse perplexe. la vision le laisse un peu béat l'espace de quelques secondes. c'est l'idéal qu'on propose dans les magazines, c'est la nana avec le sourire de pub pour dentifrices qui déballe son immense intérieur - cuisine signée au plus bas prix pour faire succomber les autres. sans moi du coup. petit grincement de dents, ses iris se bousculent ailleurs. sans doute que ça pique de se dire ça, sans doute que ça vexe un tantinet, sans doute que ça inquiète aussi. l'est peut-être trop dedans chad, trop inséré dans une habitude traitée d'un oeil mauvais.
- pas plus mal. il se mord la langue. mais remarque, si tu me vois déjà vieux, aigri, crachant sur les jeunes du coin, encore plus tatoué que maint'nant... c'est plutôt bon signe. au pire un petit mensonge, ça fait pas de mal. plus à cet âge, plus aujourd'hui. il se penche vers sa ridicule table de nuit pour y mettre sa cigarette à reposer. et j'te remercie mon seigneur de pas m'éjecter de ta vie. il mime une courbette ridicule, ponctue le pitoyable par une dose de voile sur ses yeux. il se laisse tomber sur le côté, dos contre le mur, une jambe pliée, le coude disposé sur son genou. et moi. hm. j'sais pas. t'as des hypothèses sur mon avenir ? sans ton prénom tatoué sur mon pec, bien sûr. à ce stade, je préfère le dos entier. son pouce termine à la merci de ses dents, il ronge un peu, s'arrête pour pas paraître songeur, un peu ailleurs. y'en a qui hurlent no futur, lui il table sur le no present. à préférer cibler celui des autres plutôt que le sien. même si, celui qu'il dépeint pour chad, il lui plaît carrément pas. pas. pas. pas du tout. et de dani, il en aura plus besoin.

d'un coup ça rattrape, ça tombe sur le coin de la gueule comme une baigne bien méritée après avoir provoqué le loubard du bar du coin. d'un coup ça revient. sans lui, sans eux qui tournent autour. faudrait arrêter de faire comme des jeunots sans lendemains qui croient pas en la liberté, qui croient pas en la possibilité d'une paisible chienne de petite vie bien rangée. faudrait y songer sérieusement. s'y pencher. faire des plans. et dani, dani, il a gribouillé le sien avec un marqueur pour que ça traverse, pour que ça dégueulasse les autres, pour que ça aille à personne - pas même lui. à se laisser porter, se laisser aller, à se dire que ça vaut pas l'utilité de se construire des espoirs sur des fondations bancales. à pas trop espérer. à pas trop faire. à se dire que ça se tassera à un moment ou à un autre. même avec chad. même chad qui finira par s'éclipser par la porte de sortie à l'arrière, celle qui fait pleurer un néon vert. pauvre soupir qui passe la barrière avant qu'il puisse en placer une, qu'il puisse réagir, ça lui arrache la bouche comme un pansement. plus rapidement c'est, moins la douleur sera violente. elle est quand même là. il y répond, il veut, il attrape, il se laisse mordre, malmener - ça deviendra à nouveau rose, ça reprendra sa forme d'origine de toute façon. souffle qui se coupe au couteau. bêtise. gourmandise.
puis. puis il recommence à écouter.
à analyser un peu. l'entendre faire sa divination sur une potentielle existence pas trop ratée. reconnu pourquoi pas dans quelques années, qu'on appellerait d'ailleurs, de l'angleterre, de l'allemagne, pour qu'il fasse morfler d'autres types. pour qu'on veille un peu de lui, un peu de sa trace dans ce qui se terminera. l'arrière de son crâne bute contre le mur, il ricane vaguement, se gratte la nuque du bout des doigts.
- bah c'que je pense... c'est souvent faux. pour ça qu'il dit jamais tout dani, qu'il réagit à retardement, qu'il percute trop tard ce qu'on voulait vraiment de lui. il a été envoyé dans l'espace, il y flotte encore, la matière grise dans le cirage et les yeux capturant chaque image. pour faire un vrai clin d'oeil, une touche unique façon chad, il me faudrait le drapeau du québec. là tu vois, on aurait quelque chose de... ah ouais. puis il se remet à se marrer, plus fort cette fois-ci. un mouflet qui succombe à des chatouilles invisibles. passe à autre chose. y'a bien une chose qu'il aura retenu, c'est qu'il est de là-bas chad, c'est qu'il est de là-bas et.
et.
et ça s'arrête là.
- mais tu sais, ta prédiction, elle est un peu, hm. recherche à nouveau le terme, veut la jouer celui qui comprend les finesses du français, ses digressions, la manière dont il enclenche des mélanges. daubée. c'est ça hein ? papillonnement de cils, froncement de sourcils. il se dit que oui, dani, peu importe s'il s'est loupé. elle est un peu daubée. parce que tout ce que tu dis là, je l'ai. maintenant. donc... remboursé. il tend la patte dans l'air, gage de recevoir l'argent perdu pour une bonne aventure aussi douteuse qu'une ruelle sombre qui sent la vinasse. enfin je crois. il se penche, récupère sa cigarette, tire une latte bien méritée, souffle vers le haut - foutue locomotive en surchauffe. juste. bien. ses paupières qui tombent, l'étirement de lippes qui peut plus se dissiper, la chaleur doucereuse qui vient tirer son coeur de son sommeil.
- bêtement bien.

ça devrait pas se poser. ça devrait pas se faire. ça devrait même pas exister. appartenir, pas appartenir, devenir, pas devenir. ça le torture. ça la fout mal. il évite de trop réfléchir quand il est là, quand l'autre se ramène, quand il le plaque au mur, quand il le dévore entre les cuisses, quand il le fait se cambrer, quand il le fait se taire puis crier, quand il le transcende, quand il le dévore, quand il laisse ses lèvres se disposer ici, là. laissant une rougeur, laissant la marque d'un adieu au petit matin. pas vraiment l'excuse, parce qu'y'a rien à pardonner, ni l'acte, ni les mensonges. ils valent le coup, ils permettent la connerie, ils permettent l'euphorie pendant quelques lourdes secondes. elles s'écrasent, se terminent dans un crac. mais ça vaut le coup. toujours. un peu. chad c'est pas censé rimer avec pas bien. chad c'est pas censé vouloir dire disputes, ni chignons crêpés, ni déchirement à sacs qui se balancent à la gueule, armes explosives dedans. il continue de tirer, continue de vider la cigarette qui arrive au bout de son énergie, au bout de sa chienne de vie. ça le laisse penseur, quelques secondes, minutes. il continue de sourire dani, parce qu'il sait pas faire autrement. il a deux de tension, il a deux au moteur, si bien qu'il comprend pas toujours pourquoi ça tourne aussi vite. prendre son temps, prendre son année, prendre chaque seconde pour admirer la poussière qui s'envole au moindre coup de coussin dans la gueule. il parle de bonheur chad, il parle de bonheur alors que ça se chope au compte-goutte, que ça se garde, que ça se fait comme une boîte de pandore, à pas ouvrir si on veut pas que ça pète. il cale son pouce entre ses quenottes, mordille la peau morte autour qu'il arrache - sale manie d'enfant chieur. il arrête, mate le plafond.
- j'vais pas te sortir les violons en te disant que ma vie serait nulle à chier sans toi. j'aime pas mentir, et j'aime pas les violons non plus. il rit un peu, alimente son propos d'une touche à nouveau pseudo-ridicule pour amortir la chute. il inspire profondément, tourne la tête. y se penche au-dessus de lui pour écraser mollement le mégot dans le cendrier, le laisse fumer, reprend sa place. j'sais pas. haussement d'épaules. ce s'rait différent. clairement différent. plus monotone, plus paisible. toi tu l'ponctue de quelques touches vives ici ou là, comme genre... une toile peinte avec un corps entier tartiné d'peinture à gauche à droite, tu vois ? pas sûr. il s'fiche un peu dani de pouvoir être compréhensible, tant qu'il dit les choses. il a sa propre vision, son propre crédo. l'est pas artiste, l'est seulement admiratif, sans doute un peu passionné, pas assez pour tailler dans le marbre ou se faire afficher dans les musées.
- j'y ai pris goût. assez pour m'dire que tu reviendras encore, et encore, et encore. même si un jour il reviendra pas. même si un jour il se dira et puis pourquoi pas au lieu de pourquoi. même si un jour il en aura sans doute marre. même si un jour faudra se tirer, faudra faire bande à part, choisir des chemins. la jouer pathos dans le plus grand des éclats. ouais. ce s'rait... différent. pas mieux. pas pire. différent. trop vieux pour la grande éloquence sous le balcon, mandoline à la main, rose plantée dans la langue. trop vieux pour le manque de sincérité. trop vieux pour la jouer vierge effarouchée. il laisse tomber sa tempe sur son épaule. moi j'aime bien. il attend pas longtemps, dépose un baiser sur la peau, remonte, s'attarde dans le cou, la mâchoire, mêle la respiration aux battements indistincts des veines qui pulsent paisiblement. paupières closes. travail d'orfèvre pour redessiner du bout des lèvres ses formes singulières.

- me chauffe pas comme ça.
y'a encore le goût lascif qui traîne sur sa bouche, y'a encore cette envie. ce continue qui se glisse lentement sur sa chair. l'envie, la bête d'envie d'y croquer, de s'y fondre, de s'y perdurer. la bête envie de réclamer jusqu'à ce qu'il s'en étouffe, jusqu'à ce qu'il s'en chope un quelconque cancer. et sa respiration à dani qui part un peu en lattes, qui se coince dans sa gorge, fait une vrille dans ses poumons. ça joue. peut-être un peu trop. à pas arrêter d'enflammer la forêt, jouant des cendres pour la refaire éternellement. ça a pas de sens, ni de logique. c'est dans la lignée de tais-toi et consomme, ça va dans la vibe, ça coule tranquillement dans la perspective du monde. pourtant, pourtant dani il a pas envie de jeter, d'envoyer dans la poubelle et de perdre à jamais ce qu'il en est dans des broyeuses. il veut pas ça pour lui, pas pour eux. et eux ça résonne comme une grosse blague, eux c'est un peu bancal, eux c'est comme quelqu'un qui zozote, qui babille. il a les joues rouges dani, les joues qui palpitent et qui gardent encore la trace des mains. inspiration profonde, il pince sa lèvre inférieure, jette une oeillade rapide à la vieille horloge suspendue au-dessus d'un meuble.
- j'ai un gros gros tatouage de shun à faire, tu sais... de saint seiya. dans l'dos d'une nana. il rit, organise un peux mieux son esprit. fait taire ses veines qui se dilatent, l'aimant qui se colle à l'autre tout en se dégageant. alors dani il se redresse sur ses deux jambes, attrape un caleçon qu'il enfile mollement et son jean le suit, épouse ses gambettes, se ferme avec une ceinture. quelques doigts viennent remettre sa tignasse bordélique un tant soit peu en place. il continue de sourire. je suis déjà à la bourre. mot accumulé y'a peu de temps. il le répète parfois trop souvent, n'empêche que ça l'amuse de tester la sensibilité de la langue, que ça l'éclate de la jouer grand connaisseur alors qu'il en découvre un peu plus chaque jour. et si tu veux rester ici, bon pas mourir hein, mais rester. tu peux. haussement d'épaules. chad il stagne pas, chad il bouge, chad il prend la poudre d'escampette. y'a même certains matins où il le croise pas, où il le sait qui bosse à ou errer dans lyon. il se penche sur le tas de hauts contenant tee-shirts et autres, en attrape un au hasard, le fait glisser sur sa peau, et un chocobo jaune apparaît sans crédibilité aucune. ah puis, t'as pas besoin de t'excuser. pas pour ça. si j'avais eu plus de temps... tu t'en serais pas r'mis, vraiment. regard entendu pétillant d'un feu d'artifice aux reflets jaunes et roses, il laisse s'échapper un gloussement bêta à mi-enfantin. puis il se met à fouiller sur son bureau, à la recherche de ses clefs dans ce bordel sans nom.
- on s'revoit quand ?
à l'aube ou au crépuscule, à laisser la tendresse aux plus crédules.