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Message par Invité Mer 5 Juil - 17:33

Quel plan de merde. Franchement quelle idée t’avais eu. A Paris, c’est facile de trouver des mecs potables par Tinder, mais à Lyon, c’est bien la merde ! T’avais eu un rendez-vous avec un mec carrément beau, mais franchement il avait rien dans la tête. Bon, franchement, tu cherchais pas un intello non plus, au point ou tu en étais, là, t’avais juste un mec assez volontaire et intéressant pour partager ta nuit, juste cette nuit. Oui, t’étais comme ça, là t’avais juste envie de t’envoyer en l’air, mais quand même pas avec n’importe qui. C’est pour ça que tu lui avais proposé de se retrouver dans un bar, et tu avais bien fait parce que putain, jamais t’aurais couché avec un mec comme lui ! T’étais à peu près certaine qu’il n’avait pas retenu ton prénom. Pourtant Marie, c’était quand même pas méga compliqué hein. C’est l’un des prénoms les plus communs du pays. Tu t’étais vachement bien habillée et tout pour lui, t’avais même choisi tes sous-vêtements avec soin pour lui. Et tout ça, ça servirait à rien. T’avais quand même regardé dans le bar où vous étiez, s’il y avait un mec intéressant, mais non, même pas. T’étais dégoûtée. Vraiment. En plus, t’avais voulu réserver un Uber pour rentrer, mais bien sûr, il y en avait pas de disponible avant une demi-heure. Y avait un truc contre toi là, franchement. Ca te soûlait, ton ego, surtout, était grave soûlé. Pourquoi un débile comme ça ? T’aurais pu faire mieux, tu t’en persuadais. Tu soupirais, là, toute seule dans la rue. T’étais un peu loin de chez toi et tes chaussures à talons te tuaient. T’avais pas envie de marcher, mais t’avais pas envie d’attendre là, une demi heure dehors, avec ta robe assez courte. T’avais pas envie qu’on te prenne pour une pupute non plus. T’étais dans le centre, à deux pas de la supérette où tu avais l’habitude d’aller au milieu de la nuit. Tu te disais que t’allais y faire un tour, rapidement, voir si tu pouvais y trouver ton caissier préféré, Cesario. Il travaillait de nuit, et t’aimais bien rester discuter avec lui. Quitte à être là et à attendre, tu te disais que tu allais l’embêter un peu. De toute façon, il n’avait rien d’autre à foutre, il n’y avait pas tant que ça de monde à faire les courses à cette heure là. Tu débarquais dans la supérette en bombe, ta tenue, tes talons et ton maquillage jurant un peu avec l’ambiance générale de la bâtisse mais peu importe. Tu t’en fous, t’avais juste pas envie d’être toute seule. Est-ce qu’il allait te servir de bouche trou ? Clairement. Mais ça ne t’empêchait pas d’avoir un grand sourire en le voyant derrière sa caisse. Tu t’approchais de lui. « Je suis bloquée dans le quartier pour au moins une demi heure, je peux rester t’embêter ? » demandes-tu avec un regard suppliant. T’en oublies les bonnes manières tout ça. Pas de bonjour, comment ça va. A tous les coups il allait te dire oui, à condition que t’achètes un truc, mais bon, ça serait à voir plus tard.

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Message par Invité Jeu 6 Juil - 1:24

Encore quelques secondes. Tu ne voulais pas les quitter. Ils te caressaient la peau, glissaient sur tes bras, remontaient jusqu’à ton cou et chatouillaient ton visage. C’était doux. C’était agréable. Ca faisait longtemps. Oiseau errant dans les rues de Lyon, tu t’étais posé là, porté par le vent et le hasard. T’y avais fait ton nid pour quelques heures à peine. Ephémère. Temporaire. La vie allait te rappeler à elle, tu le savais, tu le sentais. T’essayais d’ignorer ses avances, tes obligations, ton existence. T’étais bien. Trop bien. L’herbe accueillait ton corps lourd et endormi, tandis que le soleil, lui, te réchauffait de ses longs bras. T’avais oublié la sensation de n’être rien. Rien qu’une carcasse étalée sur le sol et bercée par les éléments l’entourant. Lâcher prise. Disparaître. C’était agréable de ne pas exister. De passer inaperçu aux yeux du monde. On ne te regardait pas, on ne te jugeait pas, on ne te voyait pas. Mais ça ne durerait pas. Tu l’savais. Tu jouais avec le temps. Tu le repoussais. Tu l’observais. Tu calculais. Il gagnerait, c’était certain, il gagnait toujours. Alors t’as bougé ton p’tit corps. Tu t’es mis en mouvement. Gestes mécaniques. Marche lente. Tes pieds qui traînaient. Tu te rendais au purgatoire. La gueule décomposée, l’air froid, l’air grave, c’était toujours la même chose. Un perpétuel recommencement. Râler. Y aller. Bosser. Rentrer. C’était ton quotidien. Il t’arrivait de croiser des âmes qui brisaient ton chemin. De petits grains de sables insignifiants dans ce désert auquel tu appartenais. Et pourtant. Ils sortaient de l’ordinaire. Des habitués, des p’tits nouveaux, des gueules que tu connaissais, des étrangers. Ils passaient les portes de ton enfer et traînaient avec eux de nombreuses vies brisées, pleines d’espoirs et de déboires. Beaucoup laissaient des mots échapper, des lambeaux d’existence qui se perdaient à tes oreilles et alimentaient ta soirée. C’était ta série quotidienne. Ton netflix improvisé. D’autres ne laissaient rien paraître. Un regard haineux. Un regard vide. Ils glissaient entre les rayons, achetaient, se barraient. Pas de paroles échangées ou de petits sourires. T’as pris place sur ton trône, ton p’tit nom accroché à ta poitrine, maître de ces lieux pour quelques heures seulement, ta nuit débutait. Il t’arrivait de te lancer des paris. D’écrire sur un morceau de papier le nombre de clients qui rentreraient. Les âmes à la descente facile, celles qui ne sont que de passage, les oiseaux de nuits qui venaient se perdre chez toi, rongés par les insomnies, et, finalement, les nuits de folie. Elle semblait en faire partie, elle. Petite brune aux traits fins, son visage t’était bien trop familier. Ses canines qui scintillaient à la vue de ton visage, et, finalement, des éclats de voix qui venaient se perdre à tes oreilles. T’as montré tes crocs, affichant un sourire faux, un sourire narquois. « Ah tu veux parler ? Désolé, j’pensais qu’avec ta tenue t’allais me demander de garer ta voiture ou d’te servir de moi comme esclave. » Rictus balayé. Visage froid. « C’est pas un hôtel ici, t’achètes, tu dégages, c’est tout. Limite si t’as peur tu restes devant, mais si on t’prend pour une prostituée, ça s’ra pas d’ma faute. » Tu t’es levé, rapidement, frôlant son p’tit corps de ta carcasse solide, imposante, avant de te perdre dans l’arrière-boutique.

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Message par Invité Ven 7 Juil - 0:22

T’avais eu l’idée de rentrer dans la supérette, parce que t’avais vu que Cesario y était. Sans ça, tu y serais peut être allée quand même, juste histoire d’être en intérieur en attendant ton Uber. Il faisait froid dehors, t’étais en robe, et ta robe était bien trop courte pour attendre comme ça, sur un trottoir. N’importe qui pourrait t’aborder, avec pas forcément de bonnes intentions, alors tu préférais éviter. T’entrais, pour aller discuter avec Cesario, qui était selon toi le meilleur caissier de la ville, et un des seules que tu connaissais un minimum à vrai dire. Mais malgré son sourire, son faux sourire, il t’accueillais de manière assez glaciale. « J’ai le droit ? De te demander d’être mon esclave ? » Tu dirais pas non. En vérité, sans parler d’esclavagisme, le personnel de maison, style cuisinier ou femme de ménage, ça te manquait un peu à l’appart’. Mais t’étais assez indépendante pour prouver que tu n’en avais pas besoin. Par contre, ce qu’il te disait en suite, ça te vexait, clairement. Tu croisais tes bras sur ta poitrine, arquant un sourcil. « Non mais vas-y, traites moi de pute carrément, te dérange pas. » Il te passait devant, l’air de rien, pour partir vers son arrière-boutique. Tu restais là, bête. Il venait de te vexer, vraiment. Blesser dans ton amour propre. Enfin merde, t’étais quand même plus classe qu’une prostituée, non ? Il t’avait énervé là, t’étais encore moins décidée à le laisser tranquille. Il ne fallait pas te chercher, encore moins ce soir, après ce rendez-vous Tinder tout pourri.

Tu bougeais. T’allais le rejoindre dans l’arrière-boutique de la supérette. Tu n’avais rien à faire là, mais tu t’en fichais, royalement. C’était pas comme s’il y avait une foule monstre pour te voir de toute façon. Tu viens te poster au niveau de la porte, les bras toujours croisés. « Et puis, je suis sûre qu’en vrai, t’es bien trop content que je sois là. Parce que t’es seul. M’enfin d’un côté, vu comment t’accueille les gens qui viennent gentiment te voir, c’est pas étonnant. » Marie 1, le caissier 0. Enfin 0,5, parce qu’il t’avait quand même bien eu avec le coup de te comparer à une prostituée. Ce n’était pas un jeu, tu n’étais pas méchante, mais là, il t’avait cherché, il t’avait trouvé. Il avait ouvert la porte de l’enfer sur lequel tu régnais. « Et puis, t’as pas le droit de me dire de dégager, parce que si j’en ai envie, je peux passer autant de temps que je veux dans tes rayons, ou là, juste en face de ta caisse. » Tu ne savais pas trop s’il t’écoutait ou pas. Alors tu faisais demi-tour, et tu retournais te poster devant sa caisse, t’asseyant carrément sur le comptoir. Tu n’avais pas été élevée comme ça, mais quand tu te lâchais, tu étais différente. Et après tout, tout était bon pour brouiller les pistes qui disaient que chez toi, si tu t’asseyais sur une table en marbre, tu y dépliais un napperon d’abord. « Je bougerai pas d’ici tant que mon Uber ne sera pas arrivée, alors tu fais avec, c’est tout. » Tu parlais assez fort, parce qu’il n’y avait personne d’autre que toi dans la supérette, et pour être sûre qu’il t’entende bien. Ce n’était pas une question, ce n’était même pas un choix. Si tu avais décidé de rester ici, il ne pourrait rien faire contre ça. A part éventuellement te porter et te mettre dehors, parce qu’il était quand même plus fort que toi alors tu ne pourrais rien faire contre ça. Tu croisais tes jambes, en posant tes mains sur le comptoir, en attendant qu’il revienne pour lui demander. « Au fait, ça fait vraiment prostituée ou tu dis ça juste pour m’embêter ? » En vrai, tu avais beau faire la maligne, ce qu’il t’avait dit t’atteignait vraiment, parce que non, t’étais pas une prostituée, et c’était terriblement vexant. Il avait plutôt intérêt à se rattraper s’il voulait éviter que tu ne sois encore plus insupportable que ça.

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Message par Invité Ven 7 Juil - 17:42

T’étais un peu le psy du monde. On poussait la porte de ton enfer pour fuir l’univers, les rues inoccupées, les vies fatiguées. On errait entre les rayons, on se perdait, on échouait jusqu’à tes pieds. Parfois, les âmes enragées, étouffées, laissent échapper quelques mots. Des lambeaux de leurs existences souvent brisées, piétinées par le temps, les tracas du quotidien. Ils venaient, parlaient, partaient. Il t’arrivait de les croiser au détour d’une avenue, sous un pont, dans les cages d’escalier. Un regard. Rien de plus. Tu ne prenais pas de nouvelle, tu n’enlaçais pas les corps dans une étreinte pleine d’empathie, non. T’étais là, t’écoutais. Tout simplement. Tu ne rentrais pas en contact avec eux, tu ne donnais pas de conseil, d’amour, d’espoir. Presque comme un objet de décoration, tu t’adonnais à ton boulot, une oreille attentive tendue. Et il y avait ceux qui s’égaraient ici sans raison apparente. Le sourire aux lèvres. La gueule déformée par la colère ou les larmes, la frustration, la lassitude. Corbeaux, ils venaient se poser non loin de toi pour vomir quelques insultes, tacler leurs belles familles, leurs amis, se plaindre de la pluie ou du soleil, des tornades et des tempêtes. Affreuse mélodie rythmée par les déboires qui forment une vie. Un lacet mal fermé, une lettre égarée, une porte claquée. Ils avaient tendance à te demander ton avis, à te poser mille et une questions, à t’approcher un peu trop près. T’étais leur vide merde. Leur poubelle personnelle. Position ingrate. Les nuits s’enchainaient, les visages défilaient et avec eux, les histoires, les complaintes, les espoirs. Une âme s’était glissée entre les portes de ton enfer. Un visage que tu connaissais bien. Une voix qui résonnait comme familière.  Elle avait débarqué avec ses grands airs et quelques mots lancés contre le vent. Marie. Marie c’était l’oiseau fragile qui venait, se posait, et te piquait du bec. T’laimais bien, t’laimais pas, c’était un peu confus. Elle s’approchait de toi, se brûlait les ailes quelques fois, mais jamais ne disparaissait. Elle allait, partait, revenait. Grain de sable baladé par la vie, le hasard, le vent. Sa p’tite voix qui résonnait, qui se cognait à tes propos un peu crus, un peu rudes. Elle t’avait bloqué le passage de son corps frêle. Rempart qui ne te garderait pas vraiment enfermé. Elle devait s’en douter. Mais elle était là, devant toi. Coups de bec, piques lancés, ça t’arrachait un léger rictus. Tu t’moquais un peu d’elle, de ses mots, de son ton. Pas de réponse. Juste ton sourire collé au visage. Sourire narquois. Sourire agaçant. Tu l’as vu s’éloigner, déambuler non loin de la sortie avant qu’elle n’escalade la caisse pour y poser son cul. T’as levé les yeux au ciel. Exaspéré. Un peu amusé sûrement. Ton épaule contre l’encadrement de la porte, tes bras croisés, tu ne l’avais pas lâché du regard, te mordant la lèvre inférieur, les yeux plissés en attendant une nouvelle pique. Et sa voix qui résonnait. Et ton visage étonné. T’as pouffé de rire. « Alors maintenant tu veux mon avis, tu m’as pris pour qui ? Cristina Cordula ? » Tu t’es approché d’elle, lentement. « Tu veux vraiment mon avis ? » Ta poitrine qui frôlait presque ses genoux. Pas de contact. Quelques centimètre qui vous séparait.  Ton corps comme rempart. Tes canines scintillantes. Et finalement, ta voix. « T’es très jolie. »  Nouveau rire. C’était gentil. C’était soudain. On n’avait pas l’habitude d’entendre des compliments s’échapper d’entre tes lèvres. Pas gratuitement. Pas sans arrière-pensée et pourtant, t’étais sincère. Ta carcasse qui s’éloignait, tes yeux qui se perdaient au milieu des rayons. « Et tu t’habilles comme tu veux, t’as pas b’soin de l’approbation de quelqu’un, t’es assez grande. » T’aimais pas les chuchotements qui pouvaient se perdre au passage d’une femme à la robe échancrée, les insultes, les putes, les salopes, le manque de respect, ça t’énervait, ça t’agaçait. T’as attrapé une bouteille avant de revenir à ton point de départ. « Tu peux rester là parce que j’suis gentil et qu’il est tard, mais tu dis plus rien, tu fais la plante. » Tes yeux dans les siens. Le sourire en coin. « Et bouge ton cul de mon comptoir, de dehors on pourrait croire qu’il s’passe un truc. » 

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Message par Invité Ven 7 Juil - 23:54

Tu redescendais un peu de tes grands chevaux. Tu l’avais remis à sa place, il avait sans doute pas l’habitude qu’on le remette à sa place. Cesario, tu ne le voyais jamais en dehors de cette supérette, mais du peu que tu le connaissais, tu te disais qu’il devait être du genre assez autoritaire. Enfin bon, il devait sans doute te voir comme une stupide gamine, il n’avait pas de temps à perdre avec toi, et c’était sans doute pour ça qu’il t’avait demandé de dégager. Mais t’étais pas du genre à te laisser faire et à écouter ce qu’on te disait ou à obéir. Non, tu faisais ce que tu voulais. Et là, tu avais envie de t’asseoir sur le comptoir de sa caisse, rien à faire du reste. Il n’y avait personne d’autre que lui pour te voir de toute façon. Tu rigolais en l’entendant mentionner Cristina Cordula. « Ah ah, tu sais je suis certaine que les créoles et les chaussures à talons, ça t’irait vraiment très bien. » dis-tu en le regardant d’un air presque défiant, taquin. Tu te moquais un peu de lui, mais il te tendait une énorme perche pour le coup. Tu ne le quittais pas des yeux, le laissant s’approcher alors que tu ne bougeais pas. Tu avais un problème avec la proximité, ça te rendait muette, et un peu fébrile. Mais tu ne montrais rien du tout. Les quelques mots qu’il prononçait te laissait un peu… Tu ne savais pas, tu ne savais pas quoi en penser. C’était le même mec qui t’avait dit qu’il te voulait en dehors de son magasin qui là, te disait qu’il te trouvait très joli. Tu arquais un sourcil, ne sachant pas trop s’il se moquait de toi ou s’il le pensait vraiment. « Hum… Merci ? » Tu sais vraiment pas quoi penser de ça. Cesario, c’est pas le genre à te faire des compliments comme ça, surtout que là, tu lui avais pas demandé s’il te trouvait jolie ou non, juste si tu ressemblais à une prostituée.

Bref, t’essayais de pas trop y penser. Tu le laissais s’éloigner, toi tu étais bien décidée à rester assise là où tu étais, surplombant de ta toute petite taille le reste du magasin. « Je te demande pas ton approbation hein, juste un avis, comme ça. » En toute honnêteté, s’il t’avait dit que oui, tu ressemblais à une prostituée, tu l’aurais sans doute très mal pris et tu serais partie, donc oui, peut être que tu cherchais un peu son approbation. Mais il avait raison, tu étais assez grande tu n’avais pas à demander l’avis des autres, tu t’habillais comme tu le voulais. Tu le voyais revenir au comptoir avec sa bouteille de vodka. Ca te faisait sourire, chez toi, la vodka, c’était plutôt réservé aux gamins qui n’avaient pas encore dix-huit ans et qui n’avaient rien d’autre à boire. « Ok, mais tu vas voir, je suis sûre que tu résisteras pas à me parler, je pourrais pas faire la plante longtemps. » lui dis-tu en souriant, en balançant tes jambes dans le vide. Tu explosais de rire en entendant ce qu’il avait à dire sur le fait que tu étais assise sur son comptoir. Il ne risquait pas de se passer quoi que ce soit, ce n’était vraiment pas dans tes plans. Et puis tu étais juste assise, c’était rien. Tu reportais ton attention sur lui, en prenant faussement une tête de chien battu. « Mais j’ai des talons, j’ai mal aux pieds, j’ai besoin d’être assise. Et puis t’as qu’à rester loin de moi, personne ne pensera quoi que ce soit. » Tu le regardais avec un regard presque suppliant, tu étais bien sur ce comptoir. Tu n’avais pas envie de bouger. Ton regard descendait sur la bouteille de vodka qu’il tenait dans sa main. « Ou non, attends, j’ai une idée. » dis-tu en descendant du comptoir. « Si j’achète une bouteille de vin, pour t’accompagner, tu me laisses rester sur le comptoir ? » C’était un bon deal, tu avais ta place, et tu lui évitais de boire tout seul, c’était adorable de ta part, non ? « D’ailleurs, t’as vraiment le droit d’boire ça alors que t’es censé travailler ? »

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Message par Invité Lun 10 Juil - 2:31

Il existait. Tu pouvais entendre le bruit, sentir sa présence. Il vivait en toi, quelque part au milieu de ta haine et de ta rage. Il restait caché, dissimulé aux yeux de tous. Des mauvais comme des bons. Des gentils comme des méchants. De Marie comme du monde. Et, sans crier gare, ce fourbe s’est montré au grand jour. Ton p’tit cœur qui battait discrètement s’est finalement exprimé. Ta voix qui résonnait, quelques mots lancés avec sincérité, et ton p’tit sourire en coin. T’savais pas comment elle allait réagir, tu t’en fichais pas mal. T’encaisserais les insultes, les remarques désobligeantes, les rictus de satisfaction, les haussements de sourcils interrogateurs. Sa voix qui résonnait, un peu perdue, sûrement surprise. T’aurais pu lui cracher à la gueule toute la laideur du monde, la faire fuir, la faire dégager de ton p’tit enfer. Le respect comme seul barrière. T’as laissé la vérité s’échapper d’entre tes lèvres. Des mots doux. Des mots qui apaisent les maux. Elle avait pas b’soin de ton approbation, de tes propos, de ta présence. P’tètre qu’au fond, ton avis, il comptait pas réellement. T’étais que le caissier, après tout. Ton corps qui déambulait, qui errait au milieu des rayons, tes yeux sur le Graal qui n’attendait que tes bras. Tu l’as attrapé avant de revenir sur tes pas. Et elle parlait. Et elle s’exprimait. C’était vivant. C’était animé. C’était agréable la chaleur des corps qui s’entremêlaient, les sourires échangés, les propos qui piquaient. Pas de méchanceté. Pas de vérité. Ou très peu. Est-ce que t’avais réellement envie de t’en passer, te rester à te décomposer derrière ta maudite caisse en attendant une nouvelle vague d’âmes échouées. Est-ce que tu voulais réellement troquer cette compagnie contre celle d’ivrognes et de charognes. Probablement qu’non. Mais jamais tu ne l’avoueras. Alors tu t’es contenté de sourire à ses propos. P’tètre bien que tu résisteras pas. P’tètre bien que comme la p’tite plante verte que tu laisses dans un coin sombre d’une pièce, elle crèvera d’un manque d’inattention. T’en savais trop rien. Et ses éclats de rire qui te surprenaient, qui t’ont fait hausser un sourcil. Tu devais rester loin d’elle. T’étais l’mec, alors la bête sauvage. T’étais l’mec alors le prédateur. Ta tête qui se secouait de gauche à droite dans une grimace de dégoût, et elle enchaînait, et elle se plaignait. Alors tu l’as simplement laissé déblatérer ses conneries. Tu l’as laissé se noyer dans sa bêtise. Marie, c’était la p’tite fougère inutile qu’on jette dans les chiottes et qui, même privée de lumière, continue de pousser et d’faire chier. Alors, quand t’as su pour l’éclair soudain qui lui a traversé le corps et l’esprit, t’as eu peur. T’as roulé tes yeux avant que ton regard ne se repose sur elle. Son p’tit corps qui s’est jeté du comptoir, sa voix qui se perdait à tes oreilles et ton rire. « Attends, j’y gagne quoi moi ? » T’as Ouvert ton précieux trésor, quelques gorgées, une grimace. « Sérieusement j’y gagne quoi ? Tu restes, tu picoles, et en plus, c’est l’magasin qui récolte ton blé ? » T’as secoué la tête. « Non non, j’veux pas être le perdant dans l’histoire. » Avec une agilité féline, tu t’es jeté sur le comptoir, y posant fièrement ton cul avant de balancer tes jambes d’avant en arrière. « Et non, j’ai pas l’droit de descendre une bouteille d’alcool comme ça, mais j’en ai rien à foutre. » C’était cru. Les lois ne t’atteignaient que très rarement. T’aimas les contourner, les effacer, les ignorer. Sale gosse. Et tu buvais. Et tu regrettais. Amertume écœurante, chaleur étouffante. « Alors tu peux t’prendre une bouteille et la boire dans ton uber. » Nouvelle gorgée « Il met du temps d’ailleurs, c’est quoi que t’as appelé, une limousine ? C’est vrai qu’un taxi ça doit pas être assez bien pour toi. » Et trop petit pour ton cul. Mots bloqués aux portes de tes lèvres. Trop rude. Alors tu t’es contenté d’un sourire en coin. « Joues la plante, vas t’aérer, t’arroser, je sais pas mais lâche moi. » Il disparaissait. Se dissimulait à nouveau derrière ta haine qui grondait un peu plus chaque jour. C’était pas elle en particulier, c’était le monde, le monde t’enrageait. T’as attrapé ton téléphone d’une main, faisant glisser tes doigts sur l’écran, tenant ton précieux Graal de l’autre, décidé embrasser l’ivresse qui te tendait dangereusement les bras.

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Message par Invité Lun 10 Juil - 14:28

Ca t’avait touché de l’entendre te dire juste ces quelques mots, qu’il te dise qu’il te trouvait jolie. Tu avais eu l’impression une millième de seconde qu’il était peut être un peu sincère dans ce qu’il disait. Et puis, tu avais réussi à percevoir un sourire un peu honnête sur son visage, ce qui n’était pas quelque chose qui arrivait très souvent. Il t’avait fait sourire. Il t’avait touché. De toute façon, ça faisait toujours plaisir à entendre, ce genre de compliment. Tu avais l’impression qu’il se faisait à l’idée que tu puisses rester un peu avec lui. Toi ça t’allait. Tu pensais pas grand-chose de lui, il était assez mignon, mais rien de plus. Faut dire que tu ne le connaissais pas vraiment non plus. Mais bon, tu te plaisais à venir l’embêter gentiment au milieu de la nuit de temps en temps, quand il n’y avait plus personne et que tu pouvais lui tenir compagnie sans peur d’être interrompue régulièrement par d’autres clients. Même s’il se la jouait mec mystérieux et tout ça, t’étais sûre qu’au fond, c’était vraiment un mec bien, Cesario. Il te faisait sourire en grimaçant quand tu lui disais qu’il devrait se tenir plus loin de toi s’il ne voulait pas que les gens pensent qu’il puisse se passer quelque chose entre vous. C’était pas vraiment ce à quoi tu pensais, mais au fond, tu savais que s’il faisait un pas vers toi, tu ne le repousserais pas. Tu savais pas trop si c’était à cause du rendez-vous catastrophique duquel tu sortais, ou bien d’autres choses, mais tu ne le repousserais pas. Mais bon,  tu pouvais rester là, et s’il y avait bien une chose que tu savais, c’était que boire seul, c’était triste et désespérant. Tu te levais du comptoir en te proposant de l’accompagner. Mais tu n’eus pas du tout la réponse escomptée, ni même quelque chose de proche. « Quoi ? Comment ça ? » lui demandes-tu quand il te demande ce que lui gagne à ça. Tu arques un sourcil, tu ne voyais pas trop où est-ce qu’il voulait en venir. « T’es sérieux ? » Le perdant. Carrément. En fait tu te rendais compte que tout ce qu’il avait pu te dire avant, ça ne comptait pas, ce n’était sans doute pas honnête, il t’avait sans doute sortie ça juste pour que tu la fermes, rien d’autre. Tu croisais les bras sur ta poitrine, tu ne le regardais même plus. En deux secondes, il venait de te rabaisser, de t’énerver. Même si tu avais assez de prétention, tu ne disais pas que c’était un honneur de passer du temps avec toi, pas du tout. Mais de là à en devenir le perdant, tu trouvais ce mot vraiment dur. Touchée dans ton ego, encore une fois. « Wow… T’es vraiment trop un rebelle. » dis-tu avec toute l’ironie du monde. Tu trouvais ça pitoyable, qu’il veuille se descendre une bouteille de vodka comme ça, tout seul. Mais c’était son problème pas le tien. Et puis ces mots. Ceux qui finissaient par te détruire à l’intérieur. Alors c’était ça, c’était comme ça qu’il te voyait ? Une gamine qui avait besoin de limousine, de strass et de paillettes pour être heureuse ? Tu luttais tellement pour ne pas donner cette image de toi ici, à Lyon, qu’il te tuait à te dire ça. « Pff… Tu ferais mieux de te taire. » Il ne savait pas de quoi il parlait, il n’en avait aucune idée, comme il n’avait aucune idée d’à quel point il venait de te faire mal, de t’atteindre au plus profond de toi. A moins que ce ne soit voulu, ce qui finalement, ne t’étonnerait pas tant que ça. Tu restais debout, face à lui. Tes pieds te tuaient, mais t’en avais marre, t’en avais assez entendu. « C’est quoi ton problème ? Un coup tu me dis que tu me trouves jolie, que ça te dérange pas que je reste là. Et là, ça. T’as vraiment un soucis. » C’était une question rhétorique, t’attendais aucune réponse de sa part de toute manière. « Et puis, on dirait un gamin de seize ans, en pleine crise d’adolescence. Style j’en ai marre du monde alors je reste tout seul avec mon téléphone et ma vodka. » Il avait l’air d’un gamin. Pourtant, même si tu ne savais pas quel âge est-ce qu’il avait, tu savais qu’il était plus vieux que toi. Hors là, il n’avait rien d’un adulte. Tu te fichais un peu de sa tronche. T’étais pas comme ça, t’étais pas méchante, mais là il t’avait blessé, alors tes lèvres n’avaient plus ni barrière, ni limite. « Je sais même pas pourquoi je suis venue là, en sachant que très bien que t’es pas capable d’apprécier juste que quelqu’un vienne gentiment et sans aucune arrière pensée te tenir compagnie. » Tu le regardais plus, tu te décalais sur le côté, tu ne lui faisais plus face. Tu venais t’adosser à un espèce de présentoir, en faisant attention de ne rien faire tomber, même si là, la seule envie que t’avais, c’était de péter un truc. « Je sais que je suis pas une bombe blonde d’un mètre quatre-vingt avec des seins aussi gros que ma tête et un cul super rebondi que tu pourrais matter autant que tu veux, mais ça va, c’est pas si atroce que ça de passer du temps avec moi j’crois. » Tu savais même pas s’il t’écoutait encore, tu t’en foutais complètement. C’était qu’un con, un pauvre mec qui t’avait fait un compliment et qui était pas capable d’assumer par la suite. T’avais envie de lui balancer des dizaines d’insultes dans la gueule, mais non, tu n’allais pas te rabaisser à ça. Tu lui disais ce que tu pensais, c’est tout. T’assumerais les conséquences, quoi qu’il arrive. « Mais non, toi faut que tu y gagnes quelque chose. C’est absolument ridicule. T’es absolument ridicule. » Tu t’arrêtais. Valait mieux que tu te taises, avant de regretter quelque chose que tu pourrais dire. Non, là t’avais exprimé le fond de ta pensée, comme lui l’avait fait pour toi. Ca te soulait, ces mots qu’il t’avait dit, ils résonnaient en boucle dans ton cerveau. Il t’avait vexé, il t’avait détruite. T’avais plus rien à lui dire. Tu sortais ton téléphone de ton sac, pour regarder si le Uber allait bientôt arriver. Mais il n’avait pas bouger, toujours une demi heure. T’allais pas sortir, pas tout de suite, même si t’attendais pas de réponse de sa part. T’allais attendre un peu, et partir après, peut être. Le laisser seul, puisqu’apparemment, c’était tout ce qu’il voulait.

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Message par Invité Lun 10 Juil - 23:56

T’étais un peu bancal, un peu instable, parfois t’aimais, souvent tu détestais. On te voyait simple. On te découvrait incompréhensible. On s’y brûlait les ailes. Espoirs brisés. Comme un mauvais cancer, tu laissais des plaies béantes. Marie n’était pas une exception. Marie n’y échapperait pas. T’as ouvert ta bouche, tu t’es montré sous tes beaux jours, une fois, une unique fois. Et, sournois, tu t’es jeté sur elle, crocs saillants et griffes acérés. Tu t’es acharné. Tu t’es défoulé. Elle ne le méritait pas plus qu’une autre âme errante rôdant des heures non loin de ta petite personne. Elle ne faisait qu’être là. Elle ne faisait qu’exister. C’était déjà trop. T’as grondé, plusieurs fois, t’as soulevé tes babines, avertissements. T’as dissimulé l’orage sous de beaux mots, sincère malgré les apparences. Et, finalement, la foudre. Violente. Soudaine. Touché. Coulé. T’as vu ses traits se tordre, se transformer sous l’impact de tes mots. Des balles qui fusent et arrachent les corps. Ta voix qui continuait de résonner, et la sienne qui venait s’y mêler, mélodie sauvage, mauvais présage. Elle ne comprenait pas, elle te comprenait pas, comme le monde, l’univers entier. Quand on croyait te cerner, quand enfin on pensait te connaître, t’exposais ton obscur plumage aux yeux des malheureux. Oiseau de mauvais augure. Nouvelle victime à ton compteur. Tu ferais mieux de te taire. T’as levé les yeux de ton écran, posant ton regard sur celle que tu venais de blesser, mortellement. Tu ne t’en voulais pas. Tu ne t’en voulais jamais. C’était pas méchant, au fond, c’était toi. Tu baissais ta garde une fraction de seconde, rien qu’un instant, et, très vite, ton instinct de survie reprenait le dessus, violemment. Alors tu te défendais. Un automatisme, rien de plus, rien de moins. On ne pouvait pas s’immiscer dans ta p’tite vie, partager un morceau de ton existence, y laisser son emprunte éternellement. Tu n’appréciais pas. Tu tolérais seulement. Rempart infranchissable, mur inébranlable, elle était restée devant ta carcasse, forte, brave. Sa voix se perdait à tes oreilles alors que tu continuais de la fixer, le visage grave, sans expression, presque lassé. Tu t’attendais à tes représailles, à des reproches, des insultes. Tu pouvais la sentir, se réveiller, bouillir en toi, cette rage, cette haine trop souvent refoulée, trop longtemps ignorée. C’était pas ton soir. L’alcool n’arrangeant rien. Une question lancée contre le vent. Le ton n’était qu’une simple formalité. Tu n’avais pas pris la peine de lui répondre, de rétorquer quoique ce soit, tu l’avais laissé continuer sur sa lancée, avalant une, deux, trois gorgées. T’as haussé un sourcil. Réaction à ses propos. T’étais p’tètre un gamin au fond. Ton âme d’enfant enterrée il y a bien longtemps entre deux tombes au milieu du désert Mexicain. Alors tu te rattrapais aujourd’hui, ce soir, cette nuit. C’était ton droit. On ne pouvait te le reprocher, te blâmer pour avoir perdu une partie de ton âme là-bas, sur le continent Américain. On pouvait te cracher à la gueule, mais jamais, jamais on ne pouvait te sermonner pour tenter de rattraper ce qui était déjà perdu. Tu ne répondais pas. Tu ne réagissais pas. T’attendais, le calme avant la tempête. Et elle continuait. Qu’est-ce qu’elle foutait là. Pourquoi elle se donnait la peine de te parler. Pourquoi elle ne fuyait pas. Le silence c’était mauvais. Le silence précédait les catastrophes. C’était imminent. Marie devait fuir. Marie restait. Elle bougeait son p’tit corps, s’adossant à un rayon et continuait de vomir ses reproches tandis que toi, tu descendais la bouteille de vodka, rapidement. La liqueur baissait à vue d’œil. Elle courait dans tes veines, s’accrochait à ton esprit, ton estomac, tes organes. Bouclier amer. T’as essuyé ta bouche d’un revers de la main, descendant soudainement de ton territoire. « C’est bon t’as terminé ? » Tu te rapprochais lentement. De petits pas menaçants. « Non parce que si j’me souviens bien, c’est toi qui est entré en m’prenant pour un bouche trou à la base. » Rire qui transpirait l’ironie, le dégoût. « Alors ouais, j’suis perdant, parce que j’suis bloqué là, avec toi, à devoir écouter toute la misère qui règne sur ta vie sans pouvoir broncher parce que t’es la cliente et que j’suis le larbin. » Ton regard qui se perdait, qui fuyait son visage. « t’attends tranquillement ton uber avec un peu d’compagnie en affichant ta petite vie avant de te casser pendant que moi j’vais continuer à glandouiller jusqu’au prochain connard qui fera la même chose, tu m’as pris pour qui hein ? ton psy ? ta copine ? » T’as pointé du doigt la petite bouteille posée sur le comptoir, triste témoin de votre prise de bec. « Alors si j’dois supporter ta présence et les détails de ta p’tite soirée, tu fermes ta gueule, et tu m’laisses faire ce que je veux, t’en as quoi à foutre de ce que je peux faire pendant mes heures ? de ce que je peux boire ? désolé, mais où j’vivais, j’avais pas de champagne, de vin, de verres en cristal. J’crois qu’en rentrant tu m’as pas demandé comment ça allait, t’as imposé ton p’tit cul, alors pourquoi t’es soudainement intéressé à ma vie ? » T’savais pas si ce que tu disais avait réellement du sens. Tu t’en fichais au fond. Tu lui crachais ton venin à la gueule. Un mélange de haine, de frustration. T’étais le vide merde de Lyon, tu connaissais le monde, le monde n’en avait rien à faire de toi. C’était triste. C’était vrai. « Vu que t’as pas l’air de vraiment connaître mes goûts en matière de nana, j’vais t’éclairer un peu. » Tu te mordais la lèvre inférieure. Les p’tites brunes. Les p’tites Marie avec du caractère, avec du répondant, avec du cœur.  « En vrai, j’vois même pas pourquoi j’devrais me justifier devant toi. » T’as reculé de quelques pas, ton visage transpirant le dégoût, la rage au ventre. « t’attends ton uber en sécurité, tu te casses, point. Mais ne viens pas m’voir, on est pas potes à ce que je sache. » T’avais insulté une cliente. Tu l’avais traînée dans la boue. Humiliée. T’en avais fait assez pour te faire jeter. Ça ne t’aurait pas étonné. Tu pouvais déjà sentir, autour de ta nuque, la corde que tu avais toi-même noué et serré au fil de votre discussion. Tu serais pendu par ton patron.

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Message par Invité Mar 11 Juil - 23:20

T’étais peut être allée trop loin dans tes paroles. T’avais peut être abusé. Mais t’étais une nerveuse, si on te cherchait, tu ne réfléchissais pas. Tu n’étais pas sage, tu ne prenais pas le temps de réfléchir à ce qu’il fallait dire. Tu parlais librement, les barrières disparaissaient, tu étais sans filtre. Et il en faisait les frais, comme tu en avais fait les frais quelques minutes avant. Et encore, tu te trouvais beaucoup plus soft que lui. Tu ne savais pas être méchante, être vulgaire. Tu détestais ça, c’était pas ton fort, et pourtant, il méritait tellement. T’avais envie qu’il te laisse tranquille. T’allais entendre, et tu partirais, sans rien ajouter. Mais ce débile revenait à la charge. Comme s’il t’avait pas assez prouvé qu’il était vraiment très con, du moins qu’il pouvait l’être. T’arrivais plus. Tu suivais plus rien. T’arrivais pas à l’interrompre. Tu n’avais pas la force. T’aimais pas ça, les conflits, t’énerver, rager contre quelqu’un. Mais t’aimais pas non plus être passive, te laisser faire sans rien dire. Tu savais pas pourquoi est-ce qu’il te disait tout ça, tu comprenais pas vraiment ce que tu lui avais fait. Tu comprenais rien, tu comprenais pas pourquoi t’avais été heureuse quand il t’avait complimenté plus tôt alors que c’était qu’un gros mytho, évidemment. Il te blessait. Tu avais l’impression que chaque phrase qu’il prononçait était un pieu qui se plantait quelque part dans ton corps. Et sa voix, son regard, c’était encore pire. T’avais mal. T’avais cette boule d’énervement qui se formait dans ton ventre, t’avais envie d’exploser. T’avais envie de lui lancer toutes les horreurs du monde à la tronche. Tu le laissais finir, se reculer. Pendant un instant, tu te disais que tu ne devais rien dire, rien répondre. Il serait content, il arrêterait.Mais ta fierté prenait rapidement le dessus. « Mais tu t’entends sérieusement ? Tu réalises ce que tu dis ? » Question rhétorique, encore une fois. Tu ne criais pas. Ta voix n’était pas non plus posée, mais tu ne criais pas. Tu ne criais jamais. Et ça n’en valait pas la peine, pas pour lui. « Alors si j’étais venue te voir en te disant juste ‘salut ça va ?’ t’aurais rien dit ? Mais c’est n’importe quoi ! » Alors quoi ? Tu étais censée avoir une discussion pas du tout honnête ou naturelle avec lui pour lui faire plaisir ? Non, il n’y avait aucune logique dans ce qu’il te disait, et ce n’était pas parce que tu ne lui avais pas demandé comment il allait que tu en avais rien à faire de lui. « T’es le seul. Le seul à te considérer juste comme un larbin, comme un caissier, comme un bouche-trou ou comme je sais pas quoi d’autre. Tu te ridiculises tout seul à vider désespéramment ta foutue bouteille. Tu t’humilies tout seul à péter ta pile contre moi alors que je t’ai rien demandé. » Parce que non, tu lui avais rien demandé. Oui, tu t’étais peut être un peu imposée à lui, mais tu ne lui avais rien demandé, tu n’attendais rien de lui en retour. Juste du respect, mais même ça, c’était quelque chose qu’il était incapable de te donner apparemment. « Depuis quand c’est un crime de rentrer dans un magasin pour discuter avec quelqu’un ? » Rhétorique, encore une fois. Tu le trouvais bête. Tu avais l’impression de faire face à un enfant, à un adolescent au mieux. Un mec qui avait besoin d’attention sinon de rien d’autre. « Je t’ai jamais pris pour un bouche trou, j’y ai jamais même pensé. Mais t’es trop égoïste et sans doute trop con pour voir que ouais, y a des gens qui en ont quelque chose à faire de toi. Je suis venue parce que j’avais envie de passer du temps avec toi, parce que je pensais que t’étais un type bien avec qui c’était sympa de discuter. Mais je me suis tellement, tellement trompée. » Une nouvelle boule se formait dans ta gorge cette fois-ci. Ca te faisait mal, d’avoir tord au sujet de quelqu’un, de t’être fourvoyée à ce point. Mais tu n’allais pas pleurer, pas là, pas devant lui, hors de question. Tu ne lui ferais pas ce plaisir là. « Et putain arrête de parler de choses dont tu ne sais rien. Tu sais rien de moi, t’as aucune idée de quoi que ce soit, d’où je viens, de qui je suis. Alors sérieusement, ferme-la. » Tu levais tes yeux, la première fois depuis que tu avais retrouvé l’usage de la parole. Pour le regarder, mais rebaisser ton regard presque immédiatement. Tu ne haussais toujours pas le ton, mais plus ça allait, plus tu étais sèche. « Si tu savais à quel point j’en ai rien à foutre de ton genre de nana. Je doute que n’importe quelle femme ne veule d’un type comme toi de toute façon, qui s’énerve pour rien en descendant une bouteille tout seul. T’es pitoyable. » Tu devenais méchante. Tu t’en mordais les joues. Ca ne te ressemblait pas. C’était des mots qui sortaient tout seul. Mais au fond, c’était ce qu’il cherchait. Peut être que c’était ça qu’il voulait, te faire réagir. Et tu réagissais, peut être un peu trop fort, peut être par jalousie, en te disant que si au moins t’avais été son genre de nana, il ne t’aurait pas traité comme ça, comme une sous-merde dont il n’avait rien à faire.
Tu marquais une pause. Un instant pour reprendre tes esprits, et essayer de calmer le jeu, parce que tu allais trop loin, tu t’en rendais compte. « C’est quoi ton but exactement ? Me rabaisser plus bas que terre ? Me dire que je suis vraiment trop conne d’être venue te voir comme ça, spontanément ce soir ? Ou juste m’insulter gratuitement sans aucun but ? Dans tous les cas, c’est réussi. » Il devait jubiler. T’en étais sûre. Il devait être content de t’avoir repoussé dans tes retranchements, de t’avoir mise mal à l’aise face à lui. « Mais t’as raison. On n’est pas pote. On n’est rien. Rien du tout. » Ta voix n’était plus qu’un simple murmure. Tu arrivais à peine à articuler quoi que ce soit tellement la peine et la tristesse se mélangeaient en toi. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu te sentais comme ça à cause d’un mec qui ne valait rien ? Un mec qui se fichait ouvertement de toi. Tu bougeais. T’avais besoin de te tenir loin de lui. Tu allais te promener dans les rayons. L’alcool. Tu attrapais une bouteille de vin, un rosé bas de gamme. Tu ne réfléchissais pas. Tu retournais à la caisse, tu ne lui lançais même pas un regard. Tu posais la bouteille à la caisse. Tu sortais ton porte-feuille de ton sac et sortais un billet de vingt euros, tu n’avais rien d’autre de toute façon. Tu le posais sur le comptoir. « T’étais perdant ? Bah c’est cool. T’as gagné, je me casse. Et t’as qu’à garder la monnaie pour toi. Au moins t’auras gagné un truc. » Amer. T’étais amer. Tu le regardais toujours pas, tu attrapais la bouteille, et tu sortais. Tant pis, t’attendrais dehors. Tu franchisais la porte, dommage que ce soit une porte automatique, t’aurais bien voulu avoir quelque chose à claquer, autre que la joue de Cesario. Tu sortais, t’avais froid. Tu venais t’adosser contre l’un des murs de la supérette. T’allais attendre ton Uber. T’avais envie de te vider la tête, immédiatement. T’aurais aimé pouvoir claquer des doigts et ne plus penser à rien, ne plus penser à lui et à toutes ces choses qu’il venait de te dire. Tu ouvrais la bouteille de rosé et tu en buvais une longue, très longue gorgée. Boire pour oublier. Peut être qu’au fond, t’étais aussi pitoyable que lui. Et tu buvais sur la voie publique. Tu pourrais aussi bien te faire arrêter, si ça se trouve. Tu n’y pensais pas vraiment. Tu refermais la bouteille. Tu la gardais dans la main, puisque ton sac n’était pas assez grand pour la contenir. Tu prenais ton téléphone que tu regardais. Vingt-cinq minutes. Tu levais les yeux pour voir qu’un homme te faisait face de l’autre côté de la rue. Tu ne lui prêtais pas trop d’attention, juste un homme à la sortie d’un bar. Rien de plus. T’avais un peu peur qu’il vienne t’aborder, mais t’avais choisi toute seule de sortir de la supérette. Fortement poussée par Cesario, mais tu étais sortie seule. Vingt-cinq minutes...

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Message par Invité Sam 15 Juil - 2:07

C’était de sa faute, au fond. Elle s’était imposée dans ta p’tite existence. Elle avait débarqué sans prévenir, son sourire fondu entre les traits parfaitement sculptés de son visage. T’étais pas fiable. T’étais instable. Elle évoluait sur une pente glissante, sans filet, sans moyen de se rattraper, elle tomberait, se briserait probablement quelques os, mais elle finirait par se relever, tu le savais. Elle était fragile Marie. Son corps frêle ne supporterait pas les impacts de tes poings. Sa peau marquerait. Son squelette se fissurerait sous tes phalanges. Alors, fourbe, sournois, t’as frappé. T’as frappé fort. Des mots comme des balles. Ils étaient crus, ils étaient rudes, ils sonnaient vrais mais transpiraient le mensonge. T’étais un peu perdu. Elle t’énervait. Elle t’énervait par sa présence, par l’air qu’elle expulsait, sa voix, comme une craie sur un tableau, crissement insoutenable. Elle refusait de se taire. Ses reproches t’atteignaient. C’était rare. Tu te contentais souvent de hausser un sourcil, d’écraser tes mains contre les visages qui osaient proférer des insultes, pure formalité. Mais ici, à cet instant, tu pouvais sentir ses propos te heurter avec puissance. Tu ne pouvais serrer les dents et rester serein, non, cette frustration qui te rongeait les os et grattait ta chaire pour s’exposer au grand jour était bien trop forte. Alors, quand sa voix a résonnée, quand ses mots se sont entremêlés aux tiens pour donner un semblant de discussion, d’arguments qui s’entrechoquent dans une bataille sans merci, t’as pas pu t’empêcher d’en rajouter une couche. Et tu te lâchais. Et ça faisait mal. Pas qu’à elle, pas qu’à son égo, son amour-propre, non. T’étais tiraillé, déchiré entre l’envie de la voir dégager de ton p’tit enfer, et celle de refaire le monde à ses côtés jusqu’à ce que les rayons du soleil ne vous poussent hors de cette supérette. Douleurs insoutenable. T’aimais pas t’ouvrir aux autres. T’aimais pas les sentiments qui pouvaient naître entre deux êtres totalement étrangers. T’aimais pas l’amitié qui pourrait s’immiscer dans vos existences et les rapprocher l’une de l’autre. Marie, elle venait pas de ton monde, ça s’voyait comme le nez au milieu de la figure. Marie, elle se frottait pas aux rats et chiens galeux qui peuplaient les rues sombres à la nuit tombée. Marie elle rentrait en uber et bouffait probablement dans des restos étoilés. Marie, elle était pas pour toi. Alors, au lieu de baisser la garde, t’as continué bêtement à sortir les crocs. Tu passais p’tètre à côté de belles choses. T’évitais probablement le pire. C’est ce que tu t’entêtais à te dire. Qu’à part voir tes joues rougir au passage d’une main, rien ne pourrait te blesser plus profondément. Elle déversait sa haine sur ta gueule. « Mais tu sais quoi, j’en ai rien de me ridiculiser, j’fais encore c’que je veux, t’es personne pour t’imposer et en plus me faire la morale » Tes yeux qui se plissaient, ton visage qui transpirait le dégoût. « Oui c’est ça, évidemment qu’tavais envie d’être avec moi, ça crève les yeux, arrête de m’prendre pour un con, t’as vu de la lumière, t’es entré en t’disant que ça passerait le temps, j’tai dit que j’avais pas envie de te parler, que j’bossais, mais t’as insisté » Nouveau rire. Nouveau pique. « j’men fiche pas mal qu’on veuille pas d’moi, j’ai rien demandé, j’emmerde personne, j’fais ma vie dans mon coin, j’ai pas b’soin qu’on m’tienne la main contrairement à toi » . Tu ponctuais certaines de ses phrases de rires graves, d’éclats qui puaient la colère. Tandis qu’elle s’ouvrait brièvement à toi entre deux mots crus, tu préférais te focaliser sur les reproches, les propos plus durs, tu ne voyais pas la vérité qui apparaissait de temps à autre. T’étais idiot, un peu con peut-être, aveugle sûrement. « Mon but c’est que soit t’achètes un truc, soit tu prends rien, mais tu te casses d’ici, j’bosse, j’ai pas l’temps de m’occuper de toi. » Tu lui avais tourné rapidement le dos, posant ton cul sur ton trône tandis qu’elle déambulait dans les allées. Tu t’attendais à entendre des éclats de verres mourir au sol, des cris, des pleurs, rien. Juste un tintement rapide et le claquement de ses talons contre le carrelage. Tu l’observais, l’air grave, l’air blasé. T’avais gagné. Elle allait partir, poser son cul autre part et diluer son venin dans un peu de liqueur. Tu l’avais pas lâchée du regard. T’avais pu entrevoir son p’tit corps glisser le long du mur extérieur pour terminer sa course sur le sol. Long soupire. T’as levé ton cul de ton poste d’observation, passant rapidement les portes de l’enfer. « Merde t’es sérieuse, tu vas rester là ? » Quelques pas. T’étais à une poignée de centimètres d’elle. « T’es aussi pathétique que moi. » Hochement de tête de gauche à droite. Dégoût. « J’te préviens, tu te fais ramasser par les flics c’est pas mon problème, picoler sur la voie publique c’est interdit. » T’as tourné les talons, t’arrêtant devant les portes de la supérette. « Et lève-toi putain, on dirait qu’tu fais le trottoir, tous les mecs vont v’nir foutre le bordel pour t’avoir. » T’es retourné dans ton p’tit refuge sans l’arracher à ces pavés, sans prendre le temps de te poser à ses côtés, tu l’as lâchement abandonné.

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Message par Invité Sam 15 Juil - 20:17

Tu avais du mal à réaliser la tournure que cette soirée prenait. Déjà que tu avais passé un rendez-vous horrible avec ce type un peu plus tôt, mais alors là, plus ça allait, plus tu te disais que tu aurais mieux fait de passer la soirée seule, dans ton lit. La luxure, la seule raison qui t’avait poussé à sortir, à trouver un type qui passerait sa nuit avec toi, recherche qui n’avait pas abouti. Tu t’étais dit que tu pourrais passer un moment avec Cesario, puisque tu étais dans le quartier, mais quelle grossière erreur. Tu regrettais. Ce n’était pas ton genre d’avoir des regrets, tu étais plus du genre à assumer ce que tu faisais. Mais là, ça t’énervait. Parce que même s’il disait le contraire, toi, tu en étais venue à le considérer comme un ami, mais il n’en était rien. Son humeur massacrant avait fait qu’il avait vomi un flot de critiques et autres insultes sur toi, sans que tu ne lui demandes quoi que ce soit. Tu ne comprenais pas, pourquoi est-ce qu’il te disait ça, pourquoi d’un coup tu devenais rien d’autre qu’une nuisance pour lui alors que jusque là, vous vous étiez si bien entendu. Tu ne comprenais pas, mais tu répondais, sans pouvoir t’en empêcher. C’était débile et puérile de ta part, tu aurais dû te montrer plus forte que ça et ne rien dire. Il voulait t’attaquer ? Tu aurais dû le laisser faire. Mais au lieu de ça, ton caractère de merde avait décidé à reprendre le dessus, et tu l’envoyais bouler, tu en venais même à l’insulter, alors que ce n’était pas ton genre. Et lui te répondait aussi, c’était un cercle sans fin. Tu n’avais pas l’habitude des critiques. Tu ne savais pas les encaisser sans rien dire. Ca te faisait mal de voir qu’il ne te croyait pas quand tu lui disais que t’étais venue parce que tu avais envie de passer un moment avec lui, alors que c’était le cas. D’accord, tu ne serais sans doute pas venue si tu n’avais pas été dans le coin, mais tu avais quand même eu envie de le voir. Ce n’était plus le cas, tu voulais être loin de lui. Tu l’écoutais d’une oreille seulement, tu arrêtais de trop lui prêter attention parce que tu en avais marre de recevoir ces petits piques dans le coeur, sans qu’il n’en ait rien à faire. « J’t’ai jamais demandé de t’occuper de moi, j’ai vraiment pas besoin de ça. » lâches-tu avant de partir chercher une bouteille. Tu reviens, tu lui laisses de l’argent, parce qu’évidemment, ça ça l’intéresse. Et tu t’en vas. Il a gagné. Il t’a eu à l’usure. Tu étais fatiguée, épuisée. Tu voulais rentrer chez toi. Tu venais t’asseoir sur une espèce de marche le long du mur de la supérette. Tu avais mal aux pieds. Tu ouvrais ta bouteille et buvais désespéramment. Tu avais envie de pleurer, mais ce serait ridicule. D’autant plus que tu avais bien remarqué qu’il y avait un homme qui te regardait de l’autre côté de la rue. Tu buvais de nouveau, avant de refermer la bouteille.  Tu regardais ton téléphone, tu aurais tout donné pour que ton Uber arrive à ce moment précis, que tu t’en ailles, que tu rentres. Mais non, il n’arrivait pas.

Le seul qui arrivait c’était Cesario, qui revenait à la charge. « Donc je peux pas être dans ton foutu magasin, ni dehors. Je dois rentrer à Paris pour que tu sois tranquille ? » Il avait raison, tu le savais, tu étais pathétique, sans doute autant si ce n’est encore plus que lui. Mais tu lui avais dit qu’il avait gagné, tu lui avais dit que tu en avais assez, que tu le laissais. Et lui, il revenait à la charge. Si ce n’était pas par pure méchanceté, tu ne voyais pas ce que c’était d’autres. Tu ne le regardais pas, tes yeux étaient rivés vers le sol. Qu’est-ce qu’il te voulait bon sang ? « Pourquoi ce serait ton problème ? Je peux me débrouiller toute seule, merci. Laisse-moi tranquille. » Qu’il parte. Qu’il reste enfermé dans sa supérette, dans sa misère. Il avait fait assez de mal comme ça, il t’avait fait assez de mal à toi. Tu voulais qu’il dégage, qu’il t’oublie. Et tu l’entendais repartir avant de lâcher ses derniers mots qui finissaient par t’achever. Tu ne répondais rien, tu le laissais partir comme un lâche sans rien dire. Il venait une nouvelle fois de te comparer à une prostituée. Tu savais pas trop, tu commençais à te demander s’il savait vraiment ce que c’était, ce que ça voulait dire pour autant te comparer à l’une de ces femmes. Ca te faisait mal, si mal. Les larmes te montaient, et tu en sentais une couler doucement sur ta joue. Tu l’essuyais d’un revers de la main. Quel connard. T’étais là, tu avais froid, tu buvais de nouveau une grosse lampée de vin et tu pleurais. Il avait raison, tu étais pathétique, mais c’était de sa faute, uniquement de sa faute. Tu ne sanglotais pas, juste de petites larmes qui se formaient les unes après les autres et qui tombaient, mais ça t’énervait d’autant plus, de pleurer à cause d’un mec comme lui. Tu aimerais voir ton chauffeur arriver maintenant, mais il n’en était rien. Tu avais encore un moment à attendre. Tu buvais de nouveau une grande gorgée de vin. Puis, tu posais ta bouteille sur le trottoir en te levant. Tes pieds te faisaient souffrir, toujours. Mais tu voyais de l’autre côté de la rue ce type qui semblait s’approcher, maintenant que tu étais seule. Tu attrapais ta bouteille, et tu partais te réfugier dans l’entrée de la supérette. Tu n’avais pas pour autant envie d’aller lui parler, surtout que maintenant, tes yeux devaient être rouges, il se foutrait sans doute de toi. Alors tu restais là, dans l’entrée, sans rien dire, sans même lever les yeux vers lui. Et pourtant, y avait un truc en toi, qui bouillonnait, qui allait finir par péter. Alors conduite par une force qui ne venait d’on ne sait où, tu t’avançais. « T’as que ça à faire, d’insinuer que des filles que tu connais pas se comportent comme des putes ? » Tu lui demandes. Tu détestais les conflits, tu détestais te disputer avec qui que ce soit, tu détestais tout ça. Mais t’avais pas envie qu’il ait de fausses idées sur toi. Enfin, il en avait déjà, sans doute que tout ce que tu pourrais lui dire ne changerait rien de toute façon. « T’es vraiment… Pourquoi tu veux pas me croire quand je te dis que si je suis venue ici, ce soir, c’est pas pour te prendre pour un bouche trou ? Pourquoi tu veux pas me croire quand je te dis que j’en n’ai pas rien à faire de toi ? Alors, oui, d’accord, toi t’en as rien à foutre, merci, j’ai bien compris. Mais c’est pas parce que tu penses ça que ça devrait être la même chose, que ça devrait être réciproque. C’est pas parce que tu te comportes comme un imbécile que je devrais en faire de même. » Tu essayais de te calmer, de ne pas te montrer insultante, de ne pas être comme lui, de ne pas descendre aussi bas. Tu avançais, dans quel but, tu ne savais pas vraiment, mais tu avançais vers lui. Mais finalement, même si tu parvenais à poser tes mots, tes gestes traduisaient à eux seuls ton énervement. Tu bougeais les mains en parlant. « Tu… » Si bien que ta bouteille de rosé t’échapper des mains et venait s’écraser avec fracas sur le carrelage de la supérette. Tu t’arrêtais instantanément, alors que ton regard variait entre Cesario et le sol. « Merde… Je… J’suis désolée. » Ton ton avait changé, l’alcool qui commençait à te monter à la tête s’évaporer en un instant. Mais voilà. Tout ce que tu venais de faire, c’était de lui donner une raison supplémentaire de te descendre, encore une.

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Message par Invité Lun 17 Juil - 2:26

C’était beau, c’était bien, ta nuit s’annonçait sereine, parfaite. L’air était doux, il caressait les visages et apaisaient les esprits consumés par la chaleur. Les rues, elles, ne grouillaient pas de monstres noctambules bercés par l’ivresse et la détresse. Soirée propice aux rêveries, au repos, à l’envie de voir les heures stagner, s’écouler lentement pour profiter un peu plus de cette rare accalmie. Mais tu ne l’avais pas vu arriver, cette ombre au tableau, elle s’est glissée furtivement entre les portes de ton enfer pour y foutre la merde, le retourner, le briser. Elle s’est immiscée dans ta vie sans consentement de ta part. Tu la maudissais, tu la haïssais, mais tu ne pouvais t’empêcher de sentir ton estomac se nouer quand ses propos venaient se heurter à ta pauvre carcasse. Oiseau de mauvais augure, elle s’était posée ici pour quelques minutes à peine, juste le temps d’y répandre haine et colère avant de s’éclipser rapidement. Marie c’était la peste qui vous rongeait la chaire, les os et engloutissait votre âme. Tu l’avais bien compris, tu l’avais retenu, dès ses premiers mots, ses premiers sourires, elle n’était là que par profit, parce qu’elle n’avait rien d’autre à faire, parce que t’étais là, enchaîné à ces quelques mètres carrés, parce qu’elle était la cliente et toi le larbin. T’as tenté de l’éloigner, de la faire fuir, en vain. Elle se dressait comme un rempart entre toi et cette nuit parfaite qui te tendait les bras et s’effaçait doucement derrière la silhouette de ce démon. Vos mots qui s’entremêlaient, bataillaient, brisaient le silence et portaient jusqu’à l’extérieur, vos langues qui claquaient sous vos crocs scintillants, combat de chiens. Et t’as lutté. Et t’as gagné. Tu voyais sa silhouette passer les portes de la supérette pour se coller au mur, bouteille à la main. Aucune satisfaction. T’étais tiraillé entre l’envie de la voir dégager, de voir son p’tit corps se mouvoir loin de toi, loin d’ici, et, un peu plus en profondeur, dissimulée sous cette haine et cette colère qui se dégageait de ta carcasse, tu pouvais sentir une légère amertume, un peu de rancœur peut-être, beaucoup de regrets probablement. Tu te demandais, au fond, si fermer ta gueule aurait pu étouffer ce brasier. T’aurais pu rester le cul sur ta chaise à la fixer de tes deux billes pétillantes. T’aurais pu l’écouter raconter ses histoires sans grande conviction. T’aurais pu. T’as pas pu. T’as préféré faire naître toi-même ces flammes qui vous rongeaient l’un et l’autre. Tu ne supportais pas son comportement, ses intentions, ses mots. Comme des griffes lacérant un tableau, chaque fois que sa voix retentissait, tu serrais les dents, les poings, tu prenais sur toi, t’encaissais.

T’as haussé un sourcil en distinguant sa silhouette à l’entrée. T’as soupiré. Longuement. Mais t’es resté silencieux pour ne pas relancer les hostilités, éviter une lutte vaine et inutile. C’est sa voix qui a résonné la première. Ton regard planté sur les traits de son visage, l’air grave, tu ne réagissais pas à ses interrogations, à ses propos, pas de suite. Tu fixais longuement ses deux billes humides et rougis. Tu l’avais laissé recracher l’écume de son flot haineux. Et, alors que tu t’apprêtais enfin à lui répondre, à lancer tes mots, ta colère, le fracas de sa bouteille venue mourir sur le sol étouffait le son de ta voix. « Putain mais t’es sérieuse ? » Ta glissé ton p’tit corps hors de ton trône, posant ton regard sur les morceaux acérés qui jonchaient le sol. « Tu te fous de ma gueule c’est ça ? » Rire nerveux. T’as inspiré profondément, passant tes mains sur ton visage. «  Tu sais pourquoi on est pas potes ? Parce qu’être pote c’est pas venir se voir parce qu’on est dans l’coin, c’est pas venir tuer le temps ici parce que tu me connais, être potes c’est bouger de chez soi jusqu’à l’autre bout de la ville parce qu’on a envie de voir une personne précise à ce moment précis. Est-ce que c’est ton cas ? Est-ce que t’as eu envie de venir me voir parce que t’avais vraiment envie ou juste parce que t’étais là par hasard ? » T’attendais pas la réponse, tu la connaissais. Tu lui as pas laissé le temps de s’expliquer, d’argumenter, t’as endossé le rôle de femme de ménage, passant d’une pièce à l’autre pour balayer les traces de sa maladresse. Tu soupirais. Tu traînais les genoux au sol. T’étais à ses pieds, littéralement. Ta main qui se posait sur le carrelage pour t’aider à soulever ta carcasse, et, finalement, un gémissement. T’as instinctivement posé tes yeux sur ta paume où s’était logé un malheureux éclat de verre. T’as levé les yeux au ciel, ravalant une nouvelle fois ta colère avant de te relever. T’as saisi le corps étranger entre deux doigts l’extirpant rapidement de ta chaire non sans une grimace avant de le laisser rejoindre les ordures où reposaient les autres morceaux. « J’crois que t’en as fait assez pour ce soir, j’crois aussi que t’as trop picolé, poses toi dans un coin, bouges pas, et attends ton uber. » T’étais las, las des guerres et des querelles, las de Marie et de son bordel.

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Message par Invité Lun 17 Juil - 17:47

Tu te sentais bête. Bon sang, tu aurais dû rester dehors. Tu aurais dû rester dans ta merde et laisser ce pauvre type t’aborder plutôt que de rentrer. Ou alors, tu aurais dû rentrer, mais ne pas aller le voir. Ca t’aurait évité cette catastrophe. Ca t’aurait évité de te ridiculiser et d’attirer sa colère. Tu te sentais bête, débile, conne. Tout ça en même temps. Tu n’avais pas fait exprès, bien entendu, mais tu savais qu’il allait t’en vouloir, encore plus maintenant. Tu le vois, se lever pour venir vers toi, te demander si tu te fichais de lui. Tu étais pétrifiée, muette. Tu avais sans doute annihiler toutes tes chances de lui faire comprendre que tu n’étais pas une mauvaise personne après tout. Tu l’écoutais, les yeux baissés, comme une enfant. Tu avais honte. Cependant, tu n’étais pas d’accord avec ce qu’il te disait. Tu avais eu envie de le voir, vraiment envie, même sans être à l’autre bout de la ville, chez toi. « J’en sais rien… Les deux… Je… » Tu articulais tout juste, tu ne savais pas quoi faire, il ne prenait même pas la peine d’attendre ta réponse de toute façon. Tu savais que tu aurais beau lui dire que tu étais là pour lui et pas par hasard, de toute façon, tu savais qu’il ne t’écouterait pas, qu’il ne te croirait pas. C’était peine perdue. Tu restais là, tu restais bête alors qu’il disparaissait. Tu ne te baissais même pas pour ramasser les morceaux de verre, encore moins pour éponger le liquide. Tu étais là, à ne pas bouger. Il revenait, ramassait les morceaux de verre. Tu l’entendis gémir, et baissa les yeux vers lui pour le voir enlever un morceau de verre de la paume de sa main. Il s’était coupé, c’était de ta faute. Tu avais horreur de la vue du sang, encore moins quand c’était toi qui en avait causé les plaies. Quelle conne tu pouvais être. Tu ne bougeais pas, mais ses mots trouvaient leur chemin jusqu’à ton oreille. Tu en avais assez fait, certainement, mais tu n’avais pas trop picolé. Tu n’avais eu le temps de boire qu’environ la moitié de la bouteille de vin, le reste gisait maintenant sur le sol. Et puis, c’était du vin. Tu reprenais tes esprits. « Non. » lâches-tu d’un ton décidé, affirmatif. Tu en avais assez fait, mais tu en avais aussi assez de l’entendre te dire quoi faire. Tu l’avais écouté quand il t’avait dit de partir, tu l’avais écouté quand il t’avait dit de ne pas rester là, sur le trottoir, maintenant c’était assez. « Non, je vais pas aller dans un coin à te regarder nettoyer alors que j’ai foutu ma merde. Je vais pas m’en aller alors que t’es là, en train de te vider de ton sang. Et non, j’ai pas beaucoup trop bu non plus. » Pourtant, tu le laissais seul, t’en allant dans les allées de la supérette.

Tu partais, tu fouillais. Le ménage, ce n’était pas ton truc du tout. Mais soigner des blessures, ça, tu savais faire. Tu avais appris lors d’un séjour en forêt quand tu vivais à Bali. Tu attrapais de quoi le soigner, tu ne lui laisserais pas le choix de toute façon, t’en avais marre de l’entendre décider de tes moindres faits et gestes. Tu attrapais des compresses, un bandage et du désinfectant. Ca ferait largement l’affaire. Tu lui payerais le tout avant de t’en aller. Tu allais prendre les choses en mains, et si au moins t’arrivais à le soigner, peut être qu’il arrêterait de te traiter de tous les noms. Tu revenais vers lui, tu posais tes affaires sur une étagère à proximité. « Donne moi ta main. » Ce n’était pas une question, plutôt un ordre. Mais il n’avait pas vraiment l’air d’humeur à coopérer. « Aller ! » Tu n’attends pas, tu lui prends sa main, en faisant attention de ne pas lui faire mal. Tu levais sa main assez prêt de ton visage, pour regarder la plaie. Il avait saigné pas mal, tu t’en voulais pas mal. Mais tu ne pouvais pas lui laisser voir. T’excuser, c’était quelque chose que tu n’avais pas l’habitude de faire. « Y a des minuscules morceaux de verre... » Tu lâchais sa main pour fouiller dans ton sac. Dans une petite trousse à maquillage, tu y trouvais ta pince à épiler. Tu l’aspergeais rapidement de désinfectant avant de l’essuyer avec une compresse, et de reprendre sa main. « Tu me dis si je te fais mal. » dis-tu en levant les yeux vers lui. Tu t’appliquais à retirer lentement et avec délicatesses les petits éclats de verre qui avaient dû se loger là. Tu les déposais sur une compresse, pour ne pas les laisser par terre. Tu prenais un petit moment, une ou deux minutes peut être, sans parler. Tu essayais vraiment de faire attention, pour une fois dans la soirée. Les effets de l’alcool s’étaient complètement dissipés. Tu regardais attentivement sa blessure. « Je pense que c’est bon. Attention, ça va piquer un peu. » Tu prenais une nouvelle compresse que tu aspergeais de désinfectant, encore une fois, avant de la passer très doucement sur sa plaie et d’essuyer le sang qu’il y avait autour. Tu savais que la sensation du désinfectant sur une plaie fraîche pouvait être désagréable. Alors tu faisais attention. Tu la posais ensuite pour prendre le bandage et envelopper sa main, sans rien dire. Tu l’enveloppais avec attention, deux ou trois fois, afin que si jamais sa blessure se remettait à saigner, le sang n’irait pas partout. « Voilà. » Tu termines finalement. Tu n’étais pas une experte, mais ça ressemblait à un pansement correct. Tu te rendais compte seulement à cet instant de la proximité que tu avais installé, ou plutôt que tu lui avais imposé. Tu te reculais, regardant le sol, et le vin qui y gisait. « T’as une serpillière dans l’arrière boutique ? » Tu n’attendais pas de réponse, t’étais décidée à prendre les choses en mains. Tu ne l’avais pas aidé pour ramasser les morceaux de verre, alors tu allais au moins nettoyer ce que tu allais renverser. Tu n’avais cependant plus tant que ça de temps avant l’arrivée de ton Uber, quelque chose comme un quart d’heure, tu ferais vite. Tu partais dans l’arrière boutique, tu fouillais un peu, sans vraiment trouver ce que tu cherchais…

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