" soirée de merde "

la soirée avait bien commencé. tu ne travaillais pas. le ciel était beau. les nuages de la journée avaient disparu pour laisser place aux petites étoiles qui éclairaient la nuit sombre. l'alcool coulait à flotte et dieu seul sait à quel point tu ne tiens pas l'alcool. pourtant, des verres t'ont été offerts et tu n'as pas su dire non. encore moins à la tequila. encore moins le whisky. et la bière oh, la bière ça te fait gerber. pourtant, t'as tout mélangé. comme si ce soir, tu avais décidé d'oublier quelque chose. quoi ? cela reste un mystère bien que tu aies ta petite idée derrière la tête.

tes pieds t'ont conduit au skatepark. t'as volé le skate d'un gamin qui devait rentrer parce que sinon, sa mère allait l'engueuler. c'est ce qu'il a dit. parce qu'il y a toujours un couvre feu chez les enfants. t'es un peu dégoûtée parce que tu t'entendais bien avec. tu lui as promis de lui rendre demain. t'es pas certaine de t'en souvenir. en tout cas, une chose est sûre, c'est pas vêtue d'une robe, d'une paire de chaussettes et de claquettes que tu vas réussir un exploit. d'ailleurs sur le coup, tu te demandes comment tu t'es retrouvée dans cette tenue. t'étais partie de l'appartement avec une jolie paire de talons aiguilles tout juste achetée. sans doute que t'as volé ça à quelqu'un (pour pas changer). t'es montée sur la planche et t'as tenté un tout petit truc (un petit truc comme réussir à avancer sans perdre tes claquettes). échec total. tu t'es retrouvée les fesses par terre, en train de taper le béton. " j'suis pas venue pour souffrir, ok ? " à qui tu parles ? à la planche. au bitume. un peu au monde tout entier pour le coup. heureusement, t'es toute seule. du moins, tu pensais être seule.

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" soirée de merde "

t'es un peu conne quand tu t'y mets. c'est juste que tu tiens pas l'alcool. c'est surement pour ça que tes amis aiment pas quand tu bois. dorian, il aime encore moins ça parce qu'il sait que t'es capable de faire tout et n'importe quoi. déjà en étant sobre les conneries ça te connait alors avec un coup dans le nez. tu le prouves ce soir encore en te pointant au skatepark complètement ivre, avec aux pieds une jolies paire de chaussettes (même pas les mêmes c'est pour dire) et tes claquettes (ou plutôt celles que tu as volé).
tu te mets à crier après le bitume une fois tombée sur les fesses et forcément, ça fait rire quelqu'un. une parfaite inconnue que tu n'avais pas remarqué dans le noir. elle se fout de ta gueule et tu croises les bras en réfléchissant. la conclusion tombe. " je me disais bien ! il est bizarre ce sol, il est pas palpable... " tu secoues la tête de gauche à droite avant de reprendre curieusement : " mais, qu'est-ce que tu fais là au milieu d'la nuit ? " tu fronces les sourcils, comme si t'étais sa mère. c'est du grand n'importe quoi. tu bouges pour replier tes jambes sur elles-même. c'est à cet instant que tu remarques la jolie égratignure qui trône sur ton genou. forcément, tu grimaces avant de lui demander : " t'as pas de l'eau ? j'adore l'eau, dans 20/30 ans y'en aura plus, j'espère que non... " tu t'arrêtes en affichant une petite moue toute triste. tu veux de l'eau juste pour nettoyer ta plaie. quant au reste et bien, tu n'as jamais eu ta langue dans sa poche mais mettons cela sur le compte de l'alcool.

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" soirée de merde "

tu lui demandes ce qu'elle fait ici. parce que c'est vraiment la question existentielle. et puis, tu t'aperçois que sa chevelure brille dans la nuit. t'as l'impression de rêver. de nouveau, tu poses une question débile après laquelle la jeune femme pourra rire de plus belle. " ils sont de quelle couleur tes cheveux ? " en réalité, tu t'en fous pas mal. t'en prends une mèche entre les doigts pour l'examiner. elle va surement te prendre pour une folle." c'est pas toi la meuf qui a roulé une pelle à mon frangin à la soirée d'alban ? " de nouveau, une question innocente. c'est un truc qui t'a fait chier mais évidemment, tu ne vas rien dire. comme d'hab.
et puis, tu lui demandes si elle a pas de l'eau. parce que l'eau, c'est la vie. ou plutôt parce que tu t'es fait mal au genou et que t'as envie de nettoyer tout ça. elle te fout de ta gueule en disant qu'elle pourrait la créer. tu hausses les sourcils en mode what the fuck. et puis tu secoues la tête pour arrêter de t'imaginer tout ça. " euh ouais nan... je préfère la vraie eau en fait donc... " elle te propose de t'accompagner à la supérette ou alors chez elle, comme tu préfères. " ouais... ouais, on fait comme tu préfères ! " tu hausses les épaules et attrapes sa main pour qu'elle t'aide à te relever. tu choppes ton skate au passage. et puis, tu te rappelles que ton père t'a dit de ne jamais parler aux inconnus. " je m'appelle baraa au fait. "

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elle a les cheveux de toutes les couleurs. ça te perturbe. alors, tu lui demandes de quelle couleur ils sont. tu les touches, tu les admires comme une gamine de cinq ans et demi. " ok et, tu changes souvent ? " question innocente avant d'en poser une un peu plus poussée. tu parles de ton frère. tu lui demandes si c'est ben elle la meuf qui a embrassé dorian. elle te dit que oui mais qu'il n'y a rien entre vous alors, tu souris faiblement. " ça va t'inquiètes, je suis pas d'la police. c'est juste mon frère. " tu hausses les épaules sans en dire davantage. ouais, t'es sa soeur et tu fais juste attention à ses fréquentations.
tu lui demandes de l'eau. elle te parle de supérette avant de t'aider à te relever. tu te présentes parce que c'est la moindre des choses. " c'est beau charlie. j'aime bien. " la conclusion qui te fait sourire tandis que vous partez en direction de la supérette. t'espères que cesario travaillera ce soir. peut-ête qu'il pourra te ramener à la maison. elle demande si tu connais le coin charlie parce qu'elle est complètement paumée. " c'est moi qui suis déchirée mais, c'est toi qui est perdue en fait ! évidemment que je connais le coin, je suis d'ici. " c'est comme une évidence. en fait, t'es pas vraiment d'ici mais, c'est comme si. alors, tu dis souvent que c'est chez toi. c'est bien comme ça.

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" soirée de merde "

tu hoches la tête pour lui montrer que tu as compris alors que c'est loin d'être le cas parce que t'as même pas vraiment écouté, trop prise dans la tâche qu'est de toucher ses cheveux." on dirait une licorne ! " ok, tu planes encore. c'est bien. ça va surement la faire rire charlie. tant pis, c'est bien de rigoler. c'est bon pour la santé. t'arrives à la remettre. c'est la fille qui a embrassé ton frère à la soirée d'alban. tu la reconnais parce que t'étais pas encore complètement morte à ce moment de la soirée. après, t'as arrêté de compter. elle dit comprendre si t'aimes pas et tu grimaces légèrement. " j'suis assez possessive mais je tente de me soigner ! " tu hausses les épaules. en réalité, c'est beaucoup plus compliqué que ça. tu te présentes, elle en fait de même et puis, vous vous faites des compliments parce que vous êtes de bonne humeur. c'est cool, la vie est belle. tu attrapes ton skate et tu tentes d'avancer. elle te soutient légèrement et elle te dit que t'es pas si déchirée que ça. " c'est qu'à force, je commence à tenir l'alcool... enfin je crois ! " tu vas surtout là où tes pieds t'emmènent. généralement, ils font le chemin tout seul alors, peut-être que ce soir encore tu auras de la chance. " t'es sortie danser aussi ou juste te promener ? t'es ici depuis longtemps ? " trop de questions. comme d'hab.

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" soirée de merde "

tu lui fais un compliment sur ses cheveux et sur le fait qu'elle ressemble à une licorne. enfin pour toi, c'est un compliment pour elle, t'en sais rien et tu t'en fous sur le moment. tu la remets par rapport à la soirée d'alban et tu apprends par la suite son prénom. ça y est, tu peux la considérer comme une amie maintenant. faut dire que dans l'état où tu te trouves, n'importe qui peut devenir un ami, même ton pire ennemi (qui n'existe pas encore). tu lui expliques que t'es un peu possessive mais que tu tentes de te soigner or, ce que tu veux soigner avant tout, c'est ton genou et pour ça, il faut se rendre à la supérette. tu tentes de guider charlie du moins, tu suis tes pieds en croisant les doigts pour que ça soit la bonne direction. " moi non plus je tiens pas l'alcool... " la preuve. c'est moche. tant pis, tu continues malgré tout. tu lui demandes depuis combien de temps elle est là charlie et elle te dit que ça fait six ans mais qu'elle n'a jamais visité la ville. elle t'apprend aussi qu'elle est étudiante et forcément, comme tu as arrêté tes études, t'as envie d'en savoir davantage. " d'accord, je vois. c'est dommage parce que c'est une super ville, t'as plein de trucs à voir ! et tu étudies quoi du coup ? " elle est studieuse, pas comme toi. et tu trouves finalement la supérette que tu pointes du doigt. enfin, c'est surement la maison d'à côté que tu pointes mais bon ! " c'est ça ! j'savais bien que je retrouverai le chemin ! "

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c'est vrai que tu tiens tout de même un peu mieux. c'est vrai que c'est pas forcément la bière qui va te mettre mal mais plutôt quelques shooters. ouais ça, ça te détruit d'un seul coup au moment où tu t'y attends le moins. alors, tu décides de changer de sujet pour lui parler de ses études. qu'est-ce qu'elle fait dans la vie la jeune femme ? toi, tu la vois bien dans quelque chose d'artistique avec sa coiffure un peu originale. mais non, elle te dit vétérinaire. toi, t'aurais jamais trouvé toute seule. elle te demande ce que tu fais de ton côté et tu hausses légèrement les épaules parce que c'est un peu nul et que tu ne sais toujours pas quel est ton réel but. surement la musique. ouais, la musique c'est cool mais, c'est dur de percer là-dedans. " je suis barmaid. " ça colle bien au personnage de ce soir.
enfin, tu aperçois la supérette et tu la pointes maladroitement du doigt du moins, tu essaies. elle replace ton doigt correctement et tu ne peux t'empêcher de rire malgré tout. vous allez dans le rayon boissons et tu attrapes forcément une bouteille d'eau parce qu'après tout, c'est ça que tu étais venue chercher. tu la suis au rayon gâteaux apéro. elle prend différents paquets de chips et te demande si tu veux quelque chose. " j'avoue que j'ai un peu faim ! " tu chopes un paquet de bonbons au passage avant de reprendre : " mais, je vais payer. après tout, c'est déjà bien gentil de m'accompagner jusqu'ici ! "

c'est pas bien glorieux. c'est sans ambition derrière. c'est triste un peu, du coup. mais c'est pas grave. ce soir en tout cas, ce n'est pas grave. tu souris à cette charlie aux cheveux arc en ciel. tu la conduis jusqu'à la supérette et tu croises les doigts pour y voir ton coloc. seulement, il n'y est pas. un léger mine boudeuse transperce ton doux visage. rapidement, les choses reviennent à la normale. faut dire que ça parle de bouffe. la bouffe, c'est la vie. la bouffe réchauffe les coeurs et fait sourire.
tu proposes de payer parce que c'est toi qui a merdé ce soir. c'est toi qui a trop bu et qui a décidé de faire du skate. c'est un peu con au beau milieu de la nuit mais c'est tout à fait ton genre, irréfléchi. et puis y a charlie qui se met à pleurer alors forcément, tu te dis qu'elle aussi elle doit être atteinte. tu la questionnes du regard et elle te parle d'allergie. à quoi ? à qui ? t'en sais rien. est-ce que tu dois poser la question ? surement. est-ce que tu le fais ? non. ça te regarde pas. tu vas t'immiscer davantage dans la vie de cette pauvre jeune femme qui n'a rien demandé à personne.
tu secoues la tête pour t'effacer cette image tandis qu'elle sèche ses larmes d'un revers de la main. toi, sans réfléchir et en voyant le prix s'afficher sur l'écran de la caisse, tu retires ton t-shirt en faisant du vent avec ta main. " il fait chaud ici, vous trouvez pas ?! " tu questionnes d'abord la jeune femme avant de rapidement tourner la tête vers le caissier tout en te mordant nerveusement la lèvre. tu joues machinalement avec ton t-shirt entre les doigts. évidemment, le type dit que c'est bon et vous partez aussi vite que vous êtes arrivées si ce n'est plus. toi, tu lui souris jusqu'au bout histoire de l'avoir dans la poche et arrivée à l'extérieur, tu tends à charlie ses achats. " tu sais, le coup du t-shirt marche toujours mieux que le coup des larmes de crocodiles. " c'est pas peu méchant de ta part parce que si ça se trouve, elle est vraiment allergique. peut-être qu'elle est triste sinon. tu vas bien finir par le savoir de toute façon.