"salut les copains." tu lances avec un grand sourire vers les gamins devant toi, putain t'es encore le plus vieux. le raté. t'es le papi de la colocation. si t'es le papi t'as le droit à la meilleure chambre. ouais tu te dis que ça alors que tu t'es même pas encore présenté, du coup tu fais le tour de l'appartement en observant tranquillement la pièce à vivre genre, ah ouais c'est beau, mais genre en skred tu regardes où est la meilleure des chambres. genre celle avec le balcon ou la terrasse.
"j'm'appelle wade, je bosse dans un kebab, genre, j'peux vous nourrir tous les soirs si vous voulez." tu continues de te présenter, il paraît que plus tu parles, plus tu garde leur attention, plus tu gagnes du temps et plus tu peux jeter ton sac dans la meilleure des chambres. que tu contiune de chercher du coin de l'oeil d'un coup. grand sourire vers les autres, signe de la main, genre on est des copains maintenant. "j'fume des joints, beaucoup, c'est ce qui me rend sympa en vrai, mais j'suis le coloc d'amour par excellence. par contre j'ai des problèmes de dos alors euh, il me faut genre... beaucoup d'air... frais. c'est grave conseillé." tu lances en haussant des épaules et tu remarques la chambre numéro 4 que t'appelles la wadecave en deux secondes et tu souris un peu en montrant la porte du pouce. "bon, au pif hein, j'prends celle la les copains." tu lances, sourire colgate, ouvre la porte d'une main et y jette ton sac sur le lit une place.
merde.
mais la terrasse te fais un peu sourire et tu refermes la porte avec une grimace genre ta chambre elle craint grave quoi. "bon et sinon, y a quelqu'un qui a un lit double à échanger contre un lit simple, uhm? c'est... pour mon dos." tu marmonnes en haussant des épaules.

faut croire que c'était pas une bonne idée de se cuiter pour célébrer la signature du bail, parce que le réveil n'a pas été des plus faciles, et le voilà qu'il se retrouve à la bourre. il arrive en courant, un peu dégueulasse, parce que y'a encore des tâches d'alcool sur son t-shirt, en espérant que ce soit uniquement des tâches de ça d'ailleurs. y'a de l'enjeux aujourd'hui, premier jour, faut prendre ses marques. faut marquer son territoire askip, quelque chose comme ça. "kebab?" la bête réveillée, il lève les yeux, son ventre qui parle, là, forcément. "tu paies ton kebab genre là tout de suite?" c'est lui qui parle de coloc d'amour, voyez, qu'il tienne un peu la route et se montre généreux. et aussi rapidement que ça, l'type chope une chambre. y'a une terrasse. l'enfoiré. alban fronce les sourcils, regarde rapidement les trois autres chambres. lit double, balcon. jackpot. "jme réserve elle" il lance, en montrant la chambre trois. et il rigole, quand wade vient de capter qu'il avait qu'un lit simple. "bah merde pour ton dos alors! et j'imagine que ce sera galère si t'as de la compagnie et tout aussi"

14:03 + clefs en main, tu quittes l'agence pour te diriger vers le plus ou moins centre de la ville. armée de ton imposant sac de randonnée, plaqué contre ta colonne vertébrale tu arrives au pied de la tour de l'immeuble 2, surplombé de 7 étages. tu sonnes aux noms affichés au niveau de l'interphone de l'appartement 16 : « alban, wade, louise ». tu sonnes une deuxième, puis une troisième fois avec persévérance et conviction. sans réponse. tu appelles à d'autres appartements jusqu'à temps que l'on daigne t'ouvrir. tu montes les étages, en passant devant chacune des portes, scrutant les petits numéros incrustés dans la peinture des portes en bois. l'odeur de bière et de clope surplombe l'atmosphère écœurante de la cage d'escaliers et le sol collant te ralentissaient de plus en plus, *ça doit y aller les soirées ici...* jusqu'à arriver devant la fameuse porte 16. l'odeur de graillon se mélangeait au reste de l'air pesant, rendant le cocktail plutôt insoutenable, explosif. tu toques et entre dans l'appartement, sans attendre que l'on vienne t'ouvrir. « bonjour? » tu vois deux têtes se décalquer des canapés à l'autre bout de la pièce, quelque peu chaotique. tu échappes à travers les cadavres d'emballages de fast food, un petit « je suis la nouvelle locataire, jackie. ravie » mais ta voix se mêlait à celle de la présentatrice tv. tu n'avais qu'une envie, faire demi-tour, reprendre l'avion duquel tu venais de descendre et retourner vivre au fin fond de ta retraite. trop stone ou pas remis de la veille, les deux jeunes hommes avachis dans les canapés te tendent leur main, attendant un retour pour les saluer. check it, check ça. slalomant à travers le mobilier, la pagaille excessive se localisait surtout dans la zone de la cuisine. le reste de l'appartement restait raisonnablement clair, sain et rangé. « dites les gars, où je m'installe? » vu le chaos régnant dans les deux premières chambres à gauche, j'en conclus sans grande difficulté qu'elles étaient occupées. celle en face de l'entrée était fermée, elle devait être à la locataire, manifestement absente, Louise. tu rentres dans l'unique et dernière chambre, signalée d'un 2 et installe ton débarras. de la place. c'est ce qu'il te fallait. « merci, non merci » : imperceptible

Stu le commence ça roule