tu commences à te réveiller, et comme chaque matin tu penses au café que tu dois aller te préparer. oh, ce que t'as la flemme d'aller faire ce pauvre café... mais de toute façon t'es résignée, si tu veux pas partir à la fac le ventre vide et l'esprit endormi, tu vas devoir te lever. t'as l'impression que tes cheveux bougent seuls, mais ça c'est peut être à cause du nombre de joints que tu t'enfiles à longueur de temps. tu bouges un peu, mais t'es pas vraiment du genre à être énergique le matin. tu finis par t'étirer, et respires un grand coup. mais là tu t'arrêtes, ça sent pas comme dans ton appart. en plus du mélange d'alcool et de sueur qui couvre la pièce, tu remarques que tu n'es pas en présence de l'odeur avec laquelle tu te réveilles d'habitude. tu ouvres enfin les yeux difficilement, et regardes autour de toi, l'esprit encore un peu embué et ton cerveau qui essayes de minimiser ton débit de concentration. mais t'es où, au juste? bon, tu ne paniques pas tellement, une situation comme ça ce n'est pas la première fois... tu te souviens plus de ce que t'as fais hier soir, c'est pas vraiment dramatique. tu relativises et t'apprêtes à te retourner, quand t'entends une voix prononcer une phrase comportant les mots tchikita et ovni. tu te retournes et ouvres grand tes yeux, c'est dur ces mots dès le matin. tu marmonnes d'une voix mi-endormie mi-amusée "si je savais que j'allais me réveiller face à jul..." tu dévisages celui qui se trouve en face de toi, comme pour essayer de repêcher quelques souvenirs. il a pas l'air de savoir qui t'es, et sa tête ne te dis plus rien. tu décides quand même de sourire, et de demander où tu te trouves. parce que bon, c'est pas mal de savoir, non? "est-ce que tu pourrais me dire où est-ce qu'on est? il se peut que je ne me souvienne plus de ce que j'ai fais hier soir", tu lances d'une voix moqueuse.

cocaine kate, une petite référence bien placée. en effet, là c'est pas lourd, c'est même la classe, il faut se l'avouer. "je comprends mieux ton choix alors, même si je suis plus discrète que kate, et que j'arrive pas encore à vider une bouteille de vodka cul sec, enfin je crois" bon, tu charries un peu, tu touches pas aux drogues dures. tu te cantonnes à des joints bien dosés, ça te suffit amplement. t'aimes ça pour l'effet que ça te procure, mais c'est tout. tu t'en vantes pas, c'est pas un exploit. tu finis par apprendre que le brun se prénomme basile, d'ailleurs il joue le jeu et répond théâtralement à la poignée de main. puis vient l'évocation d'un petit déjeuner. tu l'aimes bien, ce basile. il a de bonnes idées, d'autant plus que le petit dej' c'est sacré. ton culte du matin à toi, l'athée pure et dure. un café, un jus d'orange, puis tout ce qui se présente à toi, et t'es lancée pour ta journée. ça purgera peut être tout ce qui est en train de faire la guerre à ton estomac en ce moment même. tu acquiesces d'un signe de tête "bonne idée, le p'tit dej' c'est sacré" tu te lèves assez tranquillement quand même, histoire de maîtriser la coordination entre ton corps et ta tête. tu suis le grand basile jusqu'à la cuisine de son appart. "ça va pas déranger tes colocs d'avoir cocaine mia dans leur cuisine?" tu demandes, amusée. t'avais pas pensé à ça, à vrai dire. toujours est-il que tu n'entends pas un bruit dans l'appartement pour le moment.

tu laisses traîner un rire, faudrait quand même éviter ça dès le matin, surtout quand tu sens que ton estomac te dis télépathiquement de pas faire de conneries pendant au moins une journée. "ça va aller, faut pas cumuler trop de records en si peu de temps", tu répliques, histoire de te faire une petite excuse qui tient pas la route une seconde. t'étouffes un bâillement, t'es un peu crevée pour le coup. ça t'rassures pas mal que les colocs' soient pas là, parce qu'en soit c'est pas gênant, mais bon. on sait jamais. et puis ouais, c'est vrai qu'à cette heure en général, on est occupé à faire autre chose qu'un petit dej' de lendemain de soirée. tu fais une petite révérence -qui tangue un peu, faut se l'avouer- quand retentissent honneur et cocaïne mia dans la même phrase. ce surnom risque de rester, est-ce une bonne chose ou pas? t'en jugeras à un autre moment. en attendant, encore dans ta petite bulle, ça t'amuses bien.

là, vient la question fatidique. ce que tu manges le matin. niveau petit dej', t'es plutôt instable, tu t'adaptes. en fait, tu manges ce que le frigo de la coloc' t'offre. vous vous organisez pas vraiment, aussi chacun fait les courses comme il le veut, et c'est pas toujours très logique ce qu'il y a dans le frigo. bref, t'as déjà du manger de la purée un matin, alors t'es pas trop exigeante. tu hausses les épaules et réponds "j'aime à peu près tout, mais on va éviter la bière dès le matin, enfin dès le réveil", tu réponds tranquillement. puisque théoriquement, c'est plus vraiment le matin. "du coup, un jus d'orange ou quelque chose du genre ce sera parfait". tu regardes ton portable très rapidement, t'as pas de messages en provenance de ton patron. c'est plutôt bon signe, t'as du aller bosser hier soir. voilà que tu dis, pensive "je me demande quand même où est-ce qu'on était hier". c'est pas vraiment une question, t'as pensé tout haut. mais tu restes ouverte à toute supposition pour soigner ton amnésie passagère. même si à ton avis, le brun n'aura pas vraiment de réponse. tu te fous de ce que t'as fait, en fait. mais tu connais pas vraiment lyon encore, toi, la gosse parisienne. et faut avouer que les endroits où l'on peut faire la fête, tu les connais pas encore bien.

tu remercies le brun d'un grand sourire pour le jus d'orange. ses mains tremblent, la fatigue sans aucun doute. tu entreprends de couper deux parts de brioche, histoire d'éviter au brun de se couper. eh oui, t'es prévoyante. tu tends une part à basile, et t'attrapes un petit bout de brioche à ton tour. tu te dis que ça sera niquel pour un petit dej' de lendemain de soirée. il est même très bien, ce petit déjeuner, quand on compare à ce que tu manges parfois le matin. basile répond à ta pensée, et sur le moment t'as un peu honte de même pas savoir où t'as été hier. après ton service, t'as du fumer plus qu'un joint en contemplant les étoiles. puis t'as du bien planer et décider de sortir ensuite, tu sais pas. bref, t'hausses les épaules et lances "oui, c'est sûrement ça", d'un air peu convaincu accompagné d'un petit sourire un peu gêné. définitivement, tu éjectes cette soirée de ta tête et t'intéresses plutôt à celui qui est actuellement en train de manger sa part de brioche en face de toi.

t'aimes les gens, t'aimes connaître un peu ceux à qui tu parles, là en l'occurrence celui avec qui t'as passé toute la nuit, apparemment. "alors, t'aimes faire quoi dans la vie toi?" tu lâches ça tout simplement, avec ta bouille de gamine intriguée. t'as pas envie de demander quel boulot il fait, ou alors ses études. parce que toi ça t'embêterais qu'on te le demande. non, tu préfères savoir ce qui le motive dans la vie. tu sirotes ton jus d'orange. dans pas longtemps, tu rentreras chez toi tranquillement, et tu sécheras sans doute tous tes cours de la journée, en dormant à la place. puis tu retourneras bosser, en espérant que la fatigue soit dissipée.