Le Deal du moment :
Cartes Pokémon EV6.5 : où trouver le ...
Voir le deal

gypsy heart (léonie) Empty gypsy heart (léonie)

Message par Invité Mar 25 Juil - 21:51

L’éternelle clope au bec, mais surtout les cernes sous les yeux qui formaient des poches de plus en plus grandes et sombres, Jazz rentrait tranquillement chez lui. Il n’était jamais pressé, Jazz. Il avait toujours pris comme les choses venaient, comme la vie venait, et il ne comprenait pas les personnes qui semblaient toujours courir, comme si elles pourchassaient leurs propres ondes. D’une manière presqu’ironique, il se disait que, ces cons, ils avançaient encore plus vite jusqu’au seuil fatal de la mort, à tout le temps vouloir aller plus vite que la lumière. Fallait prendre son temps, et c’était ce que Jazz faisait. Parfois un peu trop, et on avait envie de le secouer, mais en général c’était quand même une bonne qualité de sa part. Ou en tout cas, il l’espérait.
Du coup, ouais, il rentrait chez lui d’un pas lent et tranquille, presque nonchalant, alors qu’il laissait pendre, presque pathétiquement, sa clope à sa lèvre qui l’empêchait de tomber à terre, la tête bien haute et les yeux alertes pour observer tout ce qu’il se passait dans les rues de Londres qu’il connaissait à présent par cœur. Jazz, il avait toujours vécu dans la rue. Il était né et avait grandi dans la rue, même si c’était dans les rues londoniennes et non lyonnaises. Alors, même après avoir été recueilli et avoir trouvé une famille, un toit, il avait gardé cette habitude de se laisser imprégner de l’ambiance si unique de chaque rue, ruelle, impasse et il en passait. Jazz, il aimait un peu trop le côté vivant qui animé chaque coin d’une ville, et qui les rendait toutes si singulière. Jazz, il s’en foutait complètement d’être habillé en costume – il avait quand même laissé tomber la cravate, fallait pas abuser non plus –, parce que l’université exigeait qu’il fasse propre sur lui lorsqu’il devait donner ses cours et ses lectures. En blouse de laboratoire un jour, en costume un autre. Jazz, il avait parfois un peu l’impression de revêtir les vêtements d’une toute autre personne que lui lorsqu’il allait bosser. Bref. Il avait beau être en costume, et ainsi on pouvait presque le méprendre pour modeste bourgeois, s’il n’avait pas eu cette habitude de flâner dans les rues, parfois presque au hasard, s’il n’avait pas eu cette attitude avenante et chaleureuse. Parfois il rentrait vite chez lui pour se changer, balancer le costume dans un coin de sa chambre, abandonné salement sur le parquet jusqu’à ce qu’il y repense un jour pour le mettre dans la machine à laver, et s’extasier du confort qu’était que de ne porter qu’un vieux jogging délavé. Mais parfois, il faisait fi de son malaise diffus lorsqu’il s’accoutrait de ce genre de tenues, pour traîner un peu plus longtemps, sans but ni maître. Parce que, même s’il avait évidemment heureux d’enfin trouver une famille, Jazz il aimait la rue et il continuait à s’épanouir au contact de celle-ci.
Et clairement, surtout ces derniers temps, Jazz avait besoin de retrouver du réconfort dans le moindre petit bonheur qui se trouvait à sa portée. Jazz, il avait toujours haï les personnes qui balayaient les occasions d’un revers de main – et souvent en plus elles s’en plaignaient après –. Jazz, il s’était mis un point d’honneur à apprécier les petits riens que la vie pouvait offrir. Et jusqu’à présent, cela lui avait servi à s’épanouir, à être heureux. Mais Roméo l’avait chassé de chez eux, l’avait chassé de sa vie, et Jazz essayait tant bien que mal de se raccrocher à ces petits bonheurs qu’il avait auparavant si bien connus, mais qui semblait le fuir depuis que Roméo avait également disparu.

Alors Jazz, il se rabattait sur ses démons. Ironie puisque c’était pour cela que Roméo l’avait mis à la porte.
Il avait déjà fait quelques courses – il faisait toujours les courses, et pourtant il ne semblait jamais prévoir plus loin que le bout de son nez, juste de quoi faire un repas le soir même et grignoter jusqu’à être dégoûté du sel et du sucre –, n’omettant bien sûr pas l’éternel pack de bières et l’incontournable bouteille de bourbon. Toutefois, cela ne semblait pas suffire, puisque, après avoir arpenté les rues durant près de deux bonnes heures sans cesse jusqu’à en avoir mal aux pieds, il décida de pénétrer dans un bar, qu’il connaissait légèrement suite à quelques déboires occasionnelles en ses lieux. Parfois il s’asseyait directement au comptoir, aimant la dureté du tabouret qui le rappelait à l’ordre pour qu’il rentre chez lui – trop souvent en vain – et la conversation du barman qui avait tout aussi besoin de discuter que lui. Cependant, cette fois-ci il opta pour une table simple, reculée, où il pourrait être tranquille mais aussi observer ce qu’il se passait. D’humeur presque extravagante – quoiqu’il l’était toujours plus ou moins –, il commanda une caïpirinha. Un classique mais un des meilleurs cocktails qui puisse exister.
Ce fut bien en le sirotant agréablement, encore une fois pas pressé pour un sou, et grignotant quelques cacahuètes bien salées, qu’il la vit, qu’il la remarqua. Léonie, la jeune et jolie Léonie, était elle aussi à ce petit bar de quartier. Étrange mais agréable coïncidence. Et elle n’était pas seule. Il fronça les sourcils en découvrant la personne qui lui tenait compagnie. Le jeune homme, il le reconnut instantanément. Il était un de ses étudiants à l’université, et s’il avait plus de cent cinquante élèves et qu’il n’avait pas pour habitude de se souvenir aussi bien des jeunes qu’il éduquait, surtout qu’il était très mauvais quant à la mémoire des visages et des prénoms, malheureusement celui-ci sortait du lot. Il en avait entendu des rumeurs, à son propos. Et même si, pareil, habituellement il ne se préoccupait que peu des bruits de détours de couloirs, les paroles qui se disaient sur sa petite personne revenaient que trop souvent, et Jazz avait pu constater de ses propres yeux qu’elles s’avéraient être vraies. Alors, ne réfléchissant pas à une ni deux, il finit son verre et se leva pour aller les rejoindre. « Salut Léo’. Bonsoir Mr. Lambert. Vous avez rien de mieux à faire que d’embêter mon amie ? » Si son ton était très doux, comme toujours, avec Léonie, il était clairement plus froid avec ce fameux élève qui avait une bien sale réputation. Ce dernier se mit à balbutier en voyant que son professeur était dans ce bar, et qu’il l’avait pris en flagrant délit entrain d’essayer de trouver une nouvelle proie pour se vider les couilles d’une manière assez dégueulasse. Jazz, lui, ne se laissa pas démonter. « Ah. Euh. Bonsoir m’sieur. Je. » « Ouais, oust, du vent. » Sans demander son reste, il prit ses jambes à son cou et s’en alla effectivement très rapidement du bar. Jazz secoua la tête, quelque peu désespéré, tout en ricanant. Le goujat, il était même parti sans payer ses consommations, si ce n’était déjà celles de Léonie. Bon, pas grave. Ce serait pour sa pomme. « Fuck Léo’, t’as l’don pour attirer les mécréants. » Ouais, parce que Jazz avait beau arriver tout droit de Londres avec son putain d’accent, il était encore de ceux qui utilisaient des mots presque désuets. S’il n’avait pas l’habitude de jurer dans sa langue natale, il aurait été très certainement le type de personnes à dire « saperlipopette ». Il aurait presque voté Macron pour sa poudre de perlimpinpin. Presque. « Allez, j’paie tes verres et j’te ramène chez toi. J’voudrais pas que tu t’fasses enlever en cours de route. » Ce n’était pas qu’il prenait Léonie pour une petite fille, il ne l’avait jamais traitée comme une gamine et ce n’était pas demain la veille qu’il allait commencer à le faire, qu’il allait se comporter avec elle parce qu’il la prenait en pitié. Mais Jazz, il aimait beaucoup Léonie. Et d’un naturel altruiste, il sentait le besoin de la protéger. Puis, même s’il n’allait pas forcément le dire à voix haute, cela lui faisait du bien d’être en sa compagnie, sans rien faire elle soulageait les peines de son cœur.

Le trajet se passa comme il l’espérait, comme à chaque fois avec la petite Léo, dans la simplicité et la légèreté. C’était ce qu’il aimait avec elle, Jazz. Quand il était avec elle, il retrouvait cette facilité et cette insouciance qu’il recherchait en toute chose. Malgré tout, son cœur se remit à battre la chamade alors qu’il atteignait le pied de l’immeuble, sachant très bien que son Roméo habitait dans un de ces appartements depuis qu’ils s’étaient séparés. Il ignora le cri d’agonie de son palpitant, en pénétrant dans le bâtiment. « T’es sérieuse, l’ascenseur est en panne ? » S’il avait été dans ses bons jours, il aurait même proposé de porter Léonie comme une princesse jusqu’à son étage, juste pour la blague. Toutefois, il était déjà crevé de ses nuits d’insomnie et de sa balade de quelques heures, et il avait presque envie de lui dire qu’il allait camper en bas des marches. Mais quel gentleman aurait-il été s’il décidait de rebrousser chemin maintenant ? Alors il commença à monter les escaliers, respirant avec difficultés à chaque fois qu’il devait lever les genoux, laissant à un moment la jeune femme passer devant lui parce que clairement il n’avait pas l’endurance d’antan, et qu’il fumait beaucoup trop. Des cigarettes et des joints qui se ressentirent très fortement lorsqu’il se mit à cracher ses poumons devant, enfin, la porte d’entrée. « Fuck. Heureusement que j’ai tout le kit de survie dans mon sac. » Le kit de survie de Jazz était spécial, le kit de survie de Jazz n’était clairement pas celui de tout le monde. Et pourtant, il était essentiel à sa bonne existence quotidienne. Après une telle journée, après de telles semaines, il avait hâte que Léonie ouvre la porte, qu’il puisse s’écrouler sur son canapé et qu’il puisse enfin piocher dans sa trousse de secours improvisée. Alors qu’à la base il avait juste prévu de la raccompagner chez elle, mais après une telle escalade, il avait peut-être mérité une petite récompense sous forme d’une bière, non ?

Invité
Invité


gypsy heart (léonie) Empty Re: gypsy heart (léonie)

Message par Léonie Dim 30 Juil - 0:24

léonie, elle a des journées entières à remplir, souvent vides de sens et vides tout court. le problème avec le temps, outre le fait qu'il file entre les doigts, c'est qu'inemployé il laisse au cerveau tout le loisir de s'épancher sur lui-même. de réfléchir, de penser, de se laisser envahir par la mélancolie et tout le spectre des sentiments humains qui sont si jolis dépeints dans les livres mais douloureux dans la réalité. sans saveur. et inutiles. ça ne sert à rien de laisser la frustration rouiller ses os, la rage bouillir ses veines et l'angoisse nouer ses tripes ou écraser ses épaules. à rien du tout. alors léo, elle s'occupe comme elle peut, lorsqu'elle ne gagne pas de l'argent dans l'intimité de sa chambre dans l'espoir de collecter de quoi rembourser au plus vite ... tout en sachant que c'est peine perdue. même si un jour elle venait à amasser cette somme, elle sait bien que ça ne changerait sans doute pas grand chose à son triste sort, qu'elle est damnée quoi qu'il en soit. mais elle essaye. elle se raccroche à cet infime espoir pour continuer à mettre un pied devant l'autre, pour éviter de finir complètement délavée par les ennuis, disparue avant l'heure. du coup, y a une organisation un peu singulière, dans l'appart. léo, elle se propose souvent, pour tout. c'est toujours elle qui régale, qui se coltine la plonge ou l'aspirateur, nettoie les chiottes ou se tape les lessives de tout le monde, pour s'occuper. pour empêcher son esprit alerte de dériver et de la mener droit au naufrage. aujourd'hui, elle est de corvée courses. la môme a pioché dans le pot commun de quoi remplir le frigo et elle déambule dans les rayons à la recherche d'inspiration, alice au pays des conserves. panier vide et moue lunaire, il lui faut quelques secondes pour retrouver contact avec la terre ferme et entendre la voix qui s'adresse à elle devant les vins. ses prunelles papillonnent jusqu'à lui et naturellement, léo jette un oeil rapide derrière elle. doit y avoir méprise, il ne s'adresse pas à elle. parce qu'il est beau. vraiment beau. trop pour elle. le genre de beauté clinquante et désinvolte, fossette apparente et larges épaules qu'on ne trouve que dans les magazines ou les films pour ado. mais non, il répète sa demande et léonie qui n'y connaît rien, hausse piteusement les épaules en se sentant gourde comme rarement. ou comme souvent en réalité.
sauf que dans une bizarrerie qu'elle n'explique pas, il a pas l'air d'en faire cas. parce que ça fait quelques heures déjà que léonie a abandonné ses courses pour un troquet attenant et qu'il ambitionne de lui faire découvrir tous les bourgogne de la carte. et après quelques verres, elle ne pense plus à rien. ni à marseille, ni aux courses. elle l'écoute, ce bobo au nom de gosse de riches qui aime s'entendre parler. il a de l'esprit et le compliment facile, un sourire canaille et un amour-propre qu'elle devine incroyable. au fil des heures, l'image se désagrège : il ne lui plaît pas vraiment. il n'est pas comme elle aimerait qu'il soit, comme ces hommes pour qui elle tombe en un battement de cils. il est trop sûr de lui, trop fanfaron. mais léonie préfère la mauvaise compagnie à la solitude et des baisers froids sur son épiderme plutôt que le silence et le néant. alors elle reste, elle reste et elle imagine un autre derrière ses traits à la perfection criante. un autre, plus brun, plus distant, plus doux. plus inaccessible, surtout. l'illusion ne prend pas mais ça suffira, le moment venu. alors elle sourit léonie, esquisse les gestes et les mots qu'il attend d'elle, poupée docile. jusqu'à jazz. jazz qui est ... là ? elle se demande depuis combien de temps, s'il a suivi son manège et elle espère que non. mais il est là et y a ses yeux si clairs qui se font acier lorsqu'il s'adresse à sa charmante compagnie pour le ... congédier ? elle pige pas léo, elle pige rien et se fend d'un faible mais il m'embête pas ! comme maigre tentative inutile. elle a l'impression d'être une môme privée de sortie par un père trop protecteur et sent un rouge coquelicot mordre ses joues pâles. elle est gênée léonie mais l'autre l'est encore plus et se carapate sans demander son reste. sans même un dernier regard, ou un au revoir. connard. un mot laid qui vibre à l'intérieur, résonne contre ses os mais ne franchira jamais la barrière de ses lèvres tandis que jazz se moque gentiment. c'est toi le malotru, je passais un bon moment avant que tu ne le chasses. qu'elle souligne en ancrant son visage brouillé sur ses traits à lui, tirés. fatigués. il a mauvaise mine, jazz. ça n'enlève rien à son élégance naturelle ou au charisme qui le nimbe, toujours, mais il a l'air triste et léo, elle n'aime pas voir les gens tristes. alors quand il propose de la raccompagner, elle abdique la môme. même si elle aurait aimé lui rappeler qu'elle en avait pas besoin, que c'était pas une gamine et que personne ne risquait de l'enlever (ce qui, au demeurant, n'était pas tout à fait vrai). mais elle ne dit rien, parce qu'elle pressent que des deux, il a encore moins envie de se retrouver seul qu'elle. d'accord, merci.
elle sent la faille léo, elle danse autour, s'approche et flirte avec le vide mais jazz ne laisse rien paraître, il a la parfaite parade, les bons mots pour répondre aux siens et se donner l'air d'aller bien. y a juste sa façon de piler devant son immeuble qui le trahit un peu. c'est pas grand chose, une étincelle qui s'éteint dans ses yeux lagon, un geste un peu plus brusque que les autres. léo, elle sait. elle sait que roméo habite là, elle le croise parfois dans les escaliers et lui adresse un demi-sourire friable, incapable de le détester ou de ne pas du tout lui en vouloir. la pulpe de ses doigts vient frôler la paume de jazz, pour mieux la serrer entre ses phalanges. sans un mot. y a pas besoin de mots lorsque les âmes s'effleurent et déjà, la tension est balayée, dissoute dans la voûte céleste grâce aux ascenseurs vétustes et jamais fonctionnels. il est toujours en panne. j'peux compter sur les doigts d'une main les fois où j'ai pu l'emprunter. mais t'inquiètes, c'est seulement huit étages ... le raille-t-elle en laissant un regard rieur le jauger en courant sur sa silhouette de fumeur. et quels huit étages ... y a pas pire que ces escaliers, dans toute la ville. doubles volées interminables pour combler des appartements très hauts sous plafond, assez pour abriter les fameuses machines à tisser qui ont fait la renommée des canuts. dis-toi qu'avant, ils montaient les bras chargés de soie et redescendaient avec des tapisseries plus lourdes que moi. léo, elle s'est renseignée sur l'histoire du quartier, la révolte des canuts et sa répression sanglante parce que l'anecdote résonne en elle. lutte des classes, conditions déplorables, la fille d'ouvriers a la misère dans la peau. elle grimpe les marches sans effort la môme, aidée de ses jambes roseaux interminables, pour ouvrir la porte sur un appartement désert. jazz colonise déjà le canapé, évoque son kit de survie et ça la fait marrer, la gosse. j'espère qu'il est complet parce que le frigo est vide. j'étais justement en train de faire les courses lorsque je suis tombée sur ton élève. note léo, en rangeant le sac vide dans le placard de l'entrée. elle retire ses baskets, défait sa queue de cheval hirsute et remplit un verre d'eau fraîche qu'elle porte jusqu'à son ami. elle lui tend dans un sourire tendre, prévenant, et vient s'asseoir en tailleur sur la table basse pour lui faire face et détailler la carte aux trésors de son visage cerné. tu sais, t'étais pas obligé de faire ça. il me plaisait même pas vraiment, c'était juste ... agréable tu vois. léo, elle a du mal à mettre des mots sur le marasme à l'intérieur. c'était agréable de se sentir courtisée, même par un type unidimensionnel dont elle voyait venir les coups à l'avance. c'était agréable de le voir essayer, lui qui était si beau, comme s'il fallait tout donner pour la ramener. alors qu'en réalité, léo désirait probablement la même chose que lui. elle ne le désirait pas lui, c'est tout, mais ça n'avait pas d'importance. ça ... va ? t'as pas l'air dans ton assiette, j'aime pas ça. léo, elle a la voix douce, coton, qui vibre d'inquiétude et le regard guérisseur qui coule comme une caresse sur sa peau. délicatement, elle relève sa silhouette gracieuse pour se glisser à ses côtés, sur le canapé, infirmière des plaies du coeur qui aimerait recoudre ses déchirures. ses phalanges s'invitent sur son bras, avec le poids-plume d'un colibri pour mieux l'inviter à la regarder, à se confier. à la laisser l'aider, lui qui a tant fait pour elle. léo, elle voudrait seulement réussir à en faire de même, à sa maigre échelle. tu sais que tu peux me parler, hein ? la gamine à la voix chantante, elle est muette comme une tombe, elle qui se confie si peu ne déconne pas avec le poids des mots.
Léonie

Léonie


gypsy heart (léonie) Empty Re: gypsy heart (léonie)

Message par Invité Mar 1 Aoû - 20:46

Jazz, il avait son cœur qui rata un battement en voyant Léonie dans ce bar. Pas parce qu’il avait de quelconques sentiments pour la jeune femme, si ce n’était une profonde affection sincère envers elle, mais parce qu’il se disait – peut-être d’une manière légèrement hypocrite puisqu’il s’y trouvait aussi – qu’elle n’appartenait pas au monde des bars. Qu’elle méritait mieux. Bien mieux que ce sacré connard qu’elle avait en face de lui, et qui apparemment était entrain de sortir son grand numéro. Alors, Jazz, il ne se prenait pas pour un chevalier servant, il savait qu’il était plus le fou du roi qu’un prince charmant, toutefois il se plaisait à croire qu’il était un gentleman qui se pliait volontiers à la cause des plus malchanceux, alors il n’hésita pas une seule seconde à envoyer chier comme le goujat qu’il était. Il ne jugeait absolument pas Léonie. Non, Jazz il n’était pas du tout le genre de mec qui jugeait les autres. Après tout, chacun faisait ce qu’il voulait de son cul, il était qui pour se mêler des oignons des autres ? Puis, il savait que lui-même n’était absolument pas en reste, dans les conneries et les choses qu’il n’était peut-être pas censé faire. Non, si Jazz il agissait ainsi, c’était parce qu’il était peut-être un peu trop protecteur avec les personnes qui avaient une place spéciale dans son cœur. Jazz, il était épris de liberté, et pourtant il pouvait être quelque peu étouffant.
Il haussa un sourcil à la remarque de Léonie, un léger sourire moqueur affiché au coin de ses lèvres. Jazz, il se moquait gentiment, Jazz, il la taquinait, mais jamais il ne se permettrait de juger. D’un geste faussement théâtral, il apporta ses mains au niveau de son cœur, ouvrant la bouche comme s’il était choqué et blessé. « Malotru, tu me blesses. Dis-le si tu veux que je le fasse revenir et que je m’en aille. » Comme si son amour propre pouvait être mutilé pour si peu. Jazz, il savait très bien qu’il valait mieux que ce sale petit con qui lui servait d’élève. Il n’avait pas nécessairement un égo surdimensionné, mais il se voulait quand même réaliste, et parfois quelque peu optimiste, et s’il avait douté sur le fait qu’il était autant dans le cœur de Léonie qu’elle était dans le sien, il n’aurait jamais osé jarter comme un mal propre un de ses prétendants. « C’est marrant, t’avais pas l’air de t’amuser autant que cela. » Parce que Jazz, il ne serait jamais permis de virer une personne qui pouvait avoir les faveurs de Léonie, que cette personne convienne au scientifique. Léonie était loin d’être sa fille, et il n’avait pas son mot à dire. Cependant, il se voyait en Léonie. Il voyait en la jeune femme le petit garçon des rues qu’il avait été auparavant. La grande différence était qu’il avait réussi à se construire tout seul, et Léonie semblait peut-être galérer un peu plus que lui. Alors oui, il se disait que si les rôles avaient été inversés, il aurait sûrement aimé qu’une grande personne veille sur lui sans poser de jugement quelconque. Comme les parents de Roméo l’avaient fait, et ce dernier aussi par la suite. Comme Léa faisait aussi. Jazz, il se pensait petit con – ce qui était très faux, et presque vrai d’une certaine manière, parce qu’il pouvait être con, mais jamais intentionnellement puisqu’en réalité il n’était qu’amour –, mais se disait que c’était bien les merveilleuses personnes qui avaient heureusement croisé son chemin qui l’avaient rendu aussi bon. Jazz, il ne cessait de se rabaisser, parce qu’au final il avait une âme infiniment bonne, même s’il pouvait penser le contraire.

Jazz, il était dans un sale état depuis un mois. Mais il essayait de ne pas y penser, il refusait d’y penser, parce que s’il s’arrêtait pour y penser cela faisait un peu trop mal, et c’était plus facile d’avancer en ignorant la souffrance, comme si elle n’existait pas vraiment alors qu’elle lui étreignait sans cesse le cœur. Il faisait comme si tout allait bien, et s’il arrivait peut-être à se tromper lui-même, la misère de son âme pouvait se lire sur son visage, et tout son corps, et était alors visible pour tous. Mais Jazz, il continuait à prétendre, et cachait tout ce qu’il pouvait sous son humour, pas franchement forcément excellent. « Huit. Étages. J’en connais un qui habite au premier, ça sera peut-être moins fatigant d’aller squatter chez lui. » Jazz, il parlait de Roméo comme si de rien n’était, alors que son cœur se serrait à chaque fois que ses pensées s’égaraient vers lui. Il savait très bien que Léonie était au courant de leur histoire, de son histoire, et, au fond de lui, il savait qu’il ne pouvait pas la tromper aussi facilement, mais il continuait à prétendre, jouer un personnage qu’il n’était pas forcément. Il sourit, en entendant la petite anecdote de Léonie. Il n’était peut-être pas la personne la plus cultivée de manière académique, mais Jazz il s’imprégnait des nombreuses histoires qu’il entendait autour de lui, c’était une partie de son intelligence, alors il adorait écouter les petits détails que les autres pouvaient lui apporter. « Tu sais que t’es pas bien lourde, Léo. Et j’suis sûre que tu es bien plus jolie que ces anciennes tapisseries. » Jazz, il plaisanterait presque, alors qu’il s’essoufflait un peu plus à chaque montée de genoux pour gravir la marche suivante. Mais Jazz, il s’efforçait d’être charmant en toute circonstance – même si ce n’était parfois pas tout à fait vrai –, surtout avec les personnes qu’il aimait un peu trop.

Sans même jeter un coup d’œil autour de lui pour voir si les colocataires de Léonie pouvaient être actuellement chez eux, il ne se fit pas prier pour s’effondrer sur le canapé. Il se dit que c’était sa balade de presque de bonnes heures qui l’avait autant épuisé. En réalité, il savait – mais fermait encore les yeux sur ce détail – qu’il fumait trop, et que cela avait réduit considérablement sa respiration, et son endurance, déjà affaiblie à cause de son âge qui ne le rajeunissait pas. Il croyait qu’il était sur le point de crever, mais Jazz il s’en fichait pas mal, puisqu’il avait réussi à faire rire Léonie, entendre son joli rire cristallin. Alors, il pouvait bien dépérir maintenant, que cela ne le dérangerait. Cela ferait juste sale, au milieu du salon. « Et bien voilà, suffit qu’un joli minois se présente à toi pour qu’on te détourne de ta mission si importante. » Bien sûr qu’il plaisantait, une nouvelle fois. Il était le premier à avoir le cœur qui fondait sous le beau regard d’une belle demoiselle. Jazz, il était un peu trop sensible à la beauté pure, alors c’était probablement pour cela qu’on le prenait parfois pour un don juan alors qu’il n’était qu’un cœur d’artichaut, et n’avait aucune défense face à un beau sourire. « J’ai surtout des trucs à grignoter, et… à boire. » Il sortit les ingrédients mystères de son kit de survie qui n’était en réalité pas vraiment un, ou plutôt un kit d’un bon apéro bien réussi, les posant sur la table basse à côté de Léonie. Des pistaches, des chips, des petites saucisses, et bien sûr de quoi alcooliser qui voulait.
Jazz la regarda, d’un regard aussi doux que les yeux de la jeune femme posés sur son visage, alors qu’elle semblait essayer de mémoriser le moindre de ses rides, accentués par la fatigue marquante. Ce fut à son tour de lever la main, caresser doucement sa joue avant de remettre une de ses belles mèches de cheveux brunes derrière son oreille. « J’sais, Léo. Mais tu mérites mieux, tellement mieux. J’sais que j’ai pas mon mot à dire, mais j’voudrais que tu réussisses à te décrocher une de ces étoiles si brillantes. » Il voulait qu’elle réussisse à s’envoler, et non pas qu’elle chute vers les abysses. Jazz savait très bien à quel point c’était plaisant d’être désiré, comme tout être humain, il aimait savoir qu’il pouvait plaire, toucher une autre personne. Mais il avait appris que trop souvent c’était un piège. Alors oui, c’était plus une mince à dire qu’à faire, puisque si son cerveau lui disait très clairement qu’il ne devait pas se laisser encore emporter dans de telles tornades sentimentales, ses émotions lui susurraient à l’oreille de se laisser aller, et bien entendu il craquait toujours. « Puis lui, c’est vraiment un p’tit con. Si j’pouvais, je lui donnerais des lignes à copier. » Ou il le taperait sur les doigts à l’aide d’une règle. Parce que, ouais, Jazz pouvait très bien être un de ses professeurs à l’ancienne.

Puis soudainement, il eut l’impression que les rôles étaient inversés. Que c’était elle qui prenait soin de lui, à présent. Et il ne savait pas s’il appréciait vraiment la situation. Certes, c’était agréable de se sentir aimé – comme pour Léonie – en toutes circonstances, mais Jazz, il était encore un gamin. Il était Peter Pan qui préférait fuir sur son île imaginaire, plutôt que d’affronter en face ses problèmes, et devenir réellement un adulte. Il soupira, malgré lui. « Ça va, c’est juste que j’ai du mal à dormir en ce moment. » Il essayait de mentir, d’un doux mensonge pas complètement faux non plus. Une part de vérité, pour pouvoir éviter le sujet. Ses profondes cernes étaient une réelle preuve de ses peu d’heures de sommeil, si elles n’étaient complètement inexistantes selon les nuits. Mais Jazz, ce n’était pas seulement de sommeil dont il manquait. Il mangeait plus correctement – lui qui avait l’habitude de se concocter de bons petits plats, amoureux de la bonne cuisine qu’il était –, s’il mangeait tout court. Et il buvait bien plus, fumait encore plus, sans compter qu’il avait repris ses mauvaises habitudes qu’étaient les joints, qu’il avait réussi à perdre il y avait quelques années. Jazz, il gardait le sourire, mais peut-être qu’il n’allait pas si bien que cela. Il se laissa manipuler doucement, ne résistant pas lorsqu’elle vint poser sa douce main sur son bien trop maigre bras, poids perdu durant ses dernières semaines, tournant la tête vers la jolie gamine. Il lui sourit, ne sachant pas trop quoi dire. « J’sais pas, mais y a pas grand chose à raconter, en fait. » En fait si, il y avait pas mal de choses à raconter. Le genre de choses dont un psychanalyste à deux balles se ferait un plaisir à décortiquer. Mais Jazz, peut-être qu’il n’était pas encore trop prêt à s’ouvrir, à ouvrir les yeux sur certains aspects de sa vie. C’était dur, et cela faisait mal.
Alors, pour éviter la conversation, il se leva et sortit deux verres, et quelques ustensiles. « Ça te dit je fais des mojitos ? Puisque j’ai achevé plus tôt que prévu ta petite soirée. » Sans attendre sa réponse, parce qu’il savait que de toute manière elle allait être partante, il commença sa préparation. Ils n’avaient peut-être pas grand chose à manger, concrètement, mais au moins ils avaient à boire. C’était déjà cela de pris. « Et toi, tu n’as toujours pas trouvé ton prince charmant ? » Le ton de la conversation, pour changer de sujet, et qu’il puisse éviter de dire qu’il se sentait seul sans Roméo, qu’il était complètement perdu avec Léa depuis qu’il avait été mis à la porte par son ancien meilleur ami et amant.

Invité
Invité


gypsy heart (léonie) Empty Re: gypsy heart (léonie)

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


- Sujets similaires